Le marché Saint Jacques la Boucherie
Le marché Saint Jacques la Boucherie, où la classe ouvrière s’approvisionnait en friperie, de 1800 à 1837 …
A la Révolution, afin de renflouer les caisses de l’Etat, désespérément vides depuis de nombreuses années, les biens du clergé sont confisqués. C’est le cas notamment en 1793 de l’église Saint Jacques la Boucherie située en plein cœur du Paris médiéval.
L’église est vendue en 1797 à un particulier, qui put l’utiliser comme carrière de pierre. Une seule condition fut posée : conserver le clocher, alors l’un des bâtiments les plus hauts de la ville.
A la place de l’ancienne église, un marché s’installa rapidement : le marché Saint Jacques la Boucherie
Un marché de friperie
En lieu et place de l’ancienne église, des petites boutiques en bois furent construites. Nombreuses et petites, elles servaient de magasin de friperie.
Ici, des marchands de petites fortunes, revendaient des vieux habits comme cela se pratiquaient depuis longtemps.
Il n’était pas rare que des pauvres gens venaient vendre à ces fripiers des anciens vêtements. Ceux-ci les revendaient ensuite à d’autres ouvriers du quartier.
L’incendie de 1824
Comme le signale le Constitutionnel du 30 avril 1824, un feu s’était déclenché dans une des petites boutiques en bois.
Rapidement, en trois heures, la totalité du marché est détruit. Plus aucune boutique ne subsistait et toute la précieuse marchandise était perdue.
Grâce aux pompiers, les maisons autour furent épargnées. Rappelons qu’alors la rue de Rivoli n’existait pas à ce niveau. Le quartier faisait alors partie des plus denses de la capitale.
En tout état de cause, l’incendie fut une catastrophe pour les familles qui vivaient de la vente de vieux vêtements. Aussi, rapidement, leur situation émut les parisiens et un appel à la générosité fut alors lancé.
On rapporte même que Monsieur, frère de Louis XVIII et futur Charles X, fit tenir une représentation du Cid au théâtre, donnant aux sinistrés le produit du spectacle.
Le second marché
Rapidement, àprès l’incendie, le marché fut reconstruit, selon « un plan régulier, qui offre aux marchands beaucoup de facilités » comme l’écrit le Moniteur universel du 14 octobre 1824. On organisa alors le marché avec trois corps de logis, avec des magasins, un étage et des mansardes.
L’année suivante, le marché est fermé de portes à deux vantaux.
Cette disposition obligeait à entrer dans l’enceinte pour voir les étals. En effet, les fenêtres aux hauteurs des entresols étaient situées au dessus de magasins
La destruction du marché Saint Jacques la Boucherie
En 1836, la ville de Paris rachète la Tour Saint Jacques, ainsi que le marché. Elle décide rapidement de mettre en valeur la tour en dégageant ses alentours.
Aussi, elle fit détruire en 1837 le marché de friperie.
La vocation de vente de vêtements ne s’arrêta pas tout de même. En effet, un magasin de nouveautés fut ouvert en 1854, en face de la Tour Saint Jacques. Egalement, la rue de Rivoli fut, et encore, un terrain de jeu important pour les vendeurs de vêtements et de mode.
Fait divers au marché Saint Jacques
Dans son édition du 14 juillet 1821, le Journal des débats politiques et littéraires du 14 juillet 1821 rapporte un événement qui s’était tenu dans le marché Saint Jacques la Boucherie.
« Hier soir, à huit heures, un homme d’environ vingt cinq ans se présenta chez un fripier, au marché Saint Jacques, pour vendre quatre chemise et un drap ; le marchand soupçonnant que c’était des objets volés, retient sous un prétexte, l’individu chez lui et envoie chercher la garde. Il y avait à peine trois minutes qu’il était au poste du Pont au Change qu’il s’est brulé la cervelle d’un coup de pistolet. Il a été reconnu qu’il avait volé les objets qu’il voulait vendre. »
Sources bibliographiques :
- Journal des débats politiques et littéraires du 14 juillet 1821
- Gazette de France du 25 août 1824
- Le Siècle du 24 juillet 1837