Les marchands forains face à l’hiver terrible de 1879 – 1880
Les marchands forains face à l’hiver terrible de 1879 – 1880, ou comment quémander des jours supplémentaires d’ouverture
A la fin du XIXe siècle, pour les marchands forains, la période des fêtes était indispensable pour leur chiffre d’affaires. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, à une époque imprégnée par l’habitude des marchés de Noël, même dans les régions où ce n’était pas la coutume, les fêtes foraines avaient lieu plus tard. Elles se tenaient véritablement les jours des fêtes, notamment au 1er janvier. Elles se poursuivaient ensuite, à l’occasion des étrennes, comme nous allons nous en rendre compte dans ces lignes.
Cependant, cet hiver-là, il fit tellement froid. La Seine gela pendant presque un mois. La neige s’était accumulée dans les rues. On dénombrait de nombreux incidents et de nombreuses victimes. Comment maintenir les fêtes foraines dans ces conditions ?
Pour les forains, c’était tout de même essentiel.
Le maintien de la fête de Vincennes
Comme nous le lisons dans le Petit Journal du 28 décembre 1879, la fête de Vincennes fut confirmée.
« Un comité de notables habitants de Vincennes, Fontenay, Nogent, etc., a organisé pour dimanche une grande fête de bienfaisance sur le lac des Minimes.
D’une heure à cinq : patinage, fête foraine, etc., avec le concours de musiques militaires et de la fanfare de Fontenay. A partir de sept heures du soir, fête de nuit ; illumination, feux de bengale, embrasement du lac ; à neuf heures, grand feu d’artifice ; Trains de retour pour Paris jusqu’à onze heures 43 du soir. Quelques personnes, hier, croyaient à un dégel sérieux ; nous croyons, hélas ! à un retour de neige et de froid.
La fête du lac de Vincennes n’est pas menacée »
Il faut dire que la situation était tellement compliquée pour les populations les plus pauvres que tout œuvre de bienfaisance était bonne à prendre.
Le sursis des forains des boulevards
Sur les grands boulevards, les forains avaient l’habitude de s’installer à l’occasion des étrennes. Pour eux, la situation fut plus délicate, comme le détaille le Petit Journal du 7 janvier 1880.
« Les marchands forains des boulevards ont eu ou mal cette année, d’abord pour s’installer, en suite pour faire la vente. » Difficile donc de s’installer à côté de ces tombereaux de neige.
Puis, le froid décourageait les clients.
« Les grands froids, puis l’abominable boue du dégel ont éloigné bien des chalands. Beaucoup de ces marchands auront travaillé pour les frais. Et voilà que le bruit s’est répandu parmi eux qu’il ne leur serait pas accordé de sursis cette année. »
Ainsi, pour les forains, l’enjeu était, une fois, installés de gagner quelques jours d’ouverture supplémentaire. La clef de la solution était dans les mains de la Mairie.
« L’administration ne fera pas cela ; elle ne sera pas plus cruelle que le temps ; et elle accordera le sursis qu’elle n’a jamais refusé, même dans les hivers doux, même aux époques heureuses. Ce sursis est, cette année, absolument nécessaire aux marchands. »
On put lire que ce sursis leur fut accordé.
« Les marchands forains du boulevard, n’ayant pu vu l’accumulation des neiges et le froid sibérien que nous avons souffert aux approches de la Noël, s’installer aussitôt que les années précédentes, viennent d’obtenir un sursis.
Ce n’est que dimanche à minuit que seront définitivement closes les boutiques des boulevards. » Le Petit Journal du 9 janvier 1880.
Chaque journée supplémentaire était bonne à prendre, mais les forains se souvinrent de cet hiver terrible
Sources bibliographiques :
- Le Petit Journal du 28 décembre 1879
- Le Petit Journal du 7 janvier 1880
- Le Petit Journal du 9 janvier 1880
- Le Petit Parisien du 9 janvier 1880