La maison parisienne au XVIIIe siècle
La maison parisienne au XVIIIe siècle, où vivaient à proximité et sans se croiser, des populations très diverses
Pas loin de dix ans avant la Révolution, Louis Sébastien Mercier publie dans son Tableau de Paris une fresque acerbe de la capitale française. Le texte est suffisamment sulfureux pour qu’il prenne soin de le publier en dehors des frontières du royaume. Parmi les nombreux chapîtres, il en consacre certains aux modalités de logements à Paris. On peut s’y rendre compte qu’il s’agissait déjà d’une difficulté pour beaucoup.
Une construction intense dans toute la ville
Financés par des banquiers, des corps de logis étaient construits dans toute la ville. Ainsi, des quartiers nouveaux sortaient de terre. Pour ce faire, on avait choisi un style architectural plus ornemental. A la fin du XVIIIe siècle, Paris s’aggrandit fortement. De nouveaux habitants arrivent de partout, voulant profiter du travail et des activités que la ville propose. La capitale foisonne de partout.
Les maisons parisiennes de ce temps avaient déjà 6 étages. Elles étaient alors construites en pierre calcaire, trouvées à proximité.
Un aménagement intérieur destiné à oublier l’insalubrité de la rue
Après avoir été construite, la maison est aménagée. Ainsi, le menuisier, le tapissier, le peintre, le doreur, le sculpteur et l’ébéniste remplacent les maçons. On s’occupe alors des antichambres, des escaliers dérobés et des commodités. En effet, à Paris, la magnificence d’une maison se fait à l’intérieur, dans un espace loin de la rue insalubre.
Des maisons où se côtoyaient différentes populations
Les 6 étages des habitations étaient entièrement habités. En effet, à Paris, au XVIIIe siècle, les greniers étaient habités également. Tout l’espace devait être utilisé. On y disait que c’était le logis du poète, du peintre. Il s’agissait aussi des logements des domestiques.
En montant ces gens modestes, voire démunis, passaient à proximité des étages plus riches.
On se chauffait au bois, apporté en ville grâce au flottage. Chacun des habitants de la maison avait sa propre cheminée : femme de chambre, précepteur, maître d’hôtel… Cette situation faisait que l’air de Paris était déjà très pollués, avec des fumées couvrant le ciel en tout lieu.
Toutefois, dans la plupart des cas, les parisiens vivaient dans l’anonymat le plus complet.
L’entresol, une sorte de cave entre le rez-de-chaussée et le premier étage
Souvent le rez-de-chaussée était occupé par des boutiques. Au-dessus était situé l’entresol. Ce niveau était souvent voûté et d’une faible hauteur de plafond.
Il servait d’une part de séparation avec le premier étage, niveau noble de l’habitat et offrait un logement peu agréable.
Les chambres garnies, des logements insalubres.
Dans ces maisons, des appartements étaient loués à des étrangers. Ainsi, à prix d’or, ils trouvaient des espaces pour vivre dans les entresols, sous une mansarde. D’autres se partagent la même chambre : les chambres garnies. Les lits étaient sales, les fenêtres n’étaient pas étanches. Souvent des animaux nuisibles pullulaient dans ces espaces. Toutefois, ces chambres garnies faisaient l’objet d’un véritable commerce pour les marchands de sommeil. Bien sûr, suivant l’emplacement, le prix était différent. Ainsi, la proximité du Palais royal coûtait 6 fois plus que celle du Luxembourg.
Ainsi, au XVIIIe siècle, jusqu’à 100 000 étrangers trouvèrent logement dans ces chambres garnies.
Les prostituées vivaient également dans ces chambres garnies, payant le double des autres femmes. Bien que leur louer était interdit, elles trouvaient hôtes parmi les perruquiers et marchands de vin notamment.