La Maison Lebigre
La Maison Lebigre : vendeur à distance de produits en caoutchouc et de manteaux qui tenaient dans une poche !
Voici l’histoire d’un vendeur de chaussures… en caoutchouc. Cela peut sembler insignifiant mais pourtant, cela raconte une époque : celle du commerce de la rue Saint Honoré au milieu du XIXe siècle, à grand renfort de publicités.
Une publicité pour un vendeur de caoutchouc
C’est ainsi qu’en 1851, le 10 avril, parait une annonce dans le Constitutionnel, publiant une première annonce pour ce magasin du 279 de la rue Saint Honoré.
« Cambans imperméables de toutes formes, en double et simple tissu caoutchouté. Spécialité de manteau de soie et mousseline caoutchoutés, pouvant se mettre dans la poche, pour hommes et pour femmes (envoi d’échantillons et de tarifs dans une lettre). Grand choix de chaussures et de toutes autres articles de caoutchouc, tels que coussins, tabliers… Toiles cirées, taffetas gommé. »
Ainsi, ce M. Lebigre proposait à ses clients une grande gamme de produit… en qualité de marchands de nouveautés en caoutchouc. Regardez la largeur des produits, allant de la chaussure aux cambans. Tout pour se protéger de la pluie, voire même de la boue. Pas si inutile dans Paris tout de même.
Mais il y avait une différence de taille avec d’autres magasins de nouveautés : les prix n’étaient pas annoncés dans la réclame. Il fallait les demander pour les connaître, tout en donnant la possibilité d’acheter à distance… bien avant l’âge de l’Internet.
On retrouva alors à de nombreuses reprises cette annonce.
Des manteaux se mettant dans la poche
Le caoutchouc n’était pas la seule spécialité de notre M. Lebigre. En effet, ainsi qu’on pouvait le lire ans le Constitutionnel du 27 septembre 1851, on y trouvait également des « manteaux imperméables se mettant dans la poche. » Pour montrer la puissance de son produit, M. Lebigre n’hésitait pas à proposer d’envoyer des échantillons pour se rendre compte. Rien de mieux que stimuler les ventes : le pratique et la gestion de la distance.
Cette ligne de communication fut par la suite maintenue. « On expédie contre remboursement » lisait-on le 11 août 1852, après avoir découvert la disponibilité de dépôt de chaussures américaines en plus des manteaux de poche.
Les expéditions à travers la France
Paris ne suffisait pas à M. Lebigre. Il voyait grand, très sûr de ses produits et de son approche de vente à distance. On trouvait ainsi ses réclames dans des journaux dans plusieurs régions de la France. Nous citons pour faire simple, l’Echo Rochelais, le journal de Saône et Loire, son alter égo de Seine et Marne.
L’expropriation
Cependant, un autre homme avait des projets de grandeur à la même époque. Lui était empereur et aidé par le baron Haussmann, il lança des travaux dans Paris. C’est ainsi qu’en 1855, il décida la prolongation de la rue de Rivoli. Ce ne fut pas sans conséquence pour notre M. Lebigre. Son magasin se situait dans la zone concernée par les travaux et dut quitter les lieux, ainsi que l’annonçait le Tintamarre du 10 juin 1855.
Sources bibliographiques :
- Le Constitutionnel du 10 avril 1851
- L’Assemblée nationale du 9 juin 1851
- Le Constitutionnel du 27 septembre 1851
- La Gazette de France du 22 décembre 1851
- Le Constitutionnel du 27 juin 1852
- L’Industrie du 11 août 1852
- L’Echo Rochelais du 2 septembre 1853
- Le Courrier de Saône et Loire
- Le Journal de Seine et Marne
- L’Assemblée nationale du 22 décembre 1853
- Le Tintamarre du 10 juin 1855