Le magasin de nouveautés du Pygmalion
Le magasin de nouveautés du Pygmalion : une enseigne de 1793, qui passa toutes les turpitudes du XIXe siècle.
Voici d’un magasin de nouveautés qui traversa longtemps les décennies et les transformations commerce textile.
Né lors de la Révolution en 1793, il s’installa au début de la rue Saint Denis et fut touché de plein fouet par les transformations du centre de Paris au milieu du XIXe siècle, sous le Second Empire. C’est cette époque que nous allons évoquer ensemble, en nous appuyons sur des journaux d’alors.
Le magasin continua ensuite à exister jusqu’aux années 1950, où il dût fermer, laissant son bel emplacement sur la rue de Rivoli entre les rues Saint Denis .
L’expropriation lors du prolongement de la rue de Rivoli
Le magasin Pygmalion commença les années 1850 bien mal. En effet, en 1851, il manqua de brûler. Des flammes avaient pris dans le sous-sol mais les pompiers arrivèrent suffisamment vite. Il leur fallut quand même six pour maîtriser l’incendie.
Quelques mois plus tard, se lancent les préparations pour le prolongement de la rue de Rivoli. Napoléon III souhaite poursuivre l’œuvre de son oncle en faisant passer la rue jusqu’à la rue Saint Antoine. Seulement, voilà, le magasin Pygmalion se trouve en plein dans le nouveau tracé et est concerné par les démolitions, à l’angle entre les rues Saint Denis et des écrivains.
Dans ce contexte, le propriétaire des lieux accepte de modifier son terrain, en laissant de la surface pour faciliter l’alignement de la rue Saint Denis, et gagner sur la nouvelle rue de Rivoli. Ensuite, il s’engage à reconstruire tout de suite.
Les négociations furent toutefois bien dures pour les destructions des maisons, mais l’opération se fit.
Une grande grève touche le magasin
Au cours du Second Empire, le Pygmalion se développa, profitant de la mode des magasins de nouveautés.
Comme d’autres, il fut très touché par les grèves de 1869. Cette année-là des commis dans de nombreux magasins de la capitale cessèrent le travail. C’était le cas au Coin de rue, au Printemps, aux Trois quartiers, aux Villes de France, au magasin du Louvre et au Pygmalion.
A noter que certains magasins étaient épargnés car les patrons avaient réussi à négocier. De leur côté, les chefs de rayons restaient à l’extérieur du conflit.
Au Pygmalion, la grève se conclua par une grande annonce dans la presse : « le propriétaire des grands magasins de Pygmalion préviennent les dames et les jeunes gens employés de commerce qu’ils ont en ce moment 150 emplois vacants dans leur maison, et que munis de bons renseignements, l’on peut s’y présenter toute la journée au 102, rue de Rivoli »
Par la suite, les responsables du magasin voulurent rassurer leurs clients à la suite de cet épisode de grève. A cette occasion, dans leur publicité, ils publièrent leur nouveau règlement, annonçant qu’un jour de repos serait accordé par semaine. Tout en rajoutant que le personnel avait été « en grande partie recomposé ». Pour finir, ils indiquèrent que face aux plaintes des clients, ils renoncèrent de fermer les dimanches et jours fériés.
Le Pygmalion, pris dans les troubles de la Commune de Paris
En mai 1871, après plusieurs temps de guerre civile, Paris est à feu et à sang. La rue de Rivoli se trouva totalement prise au piège avec des bâtiments incendiés dés la place du Palais royal. Dans ce contexte, le magasin de nouveautés du Pygmalion fut lui aussi touché par les flammes.
Il fallut tout le courage des pompiers pour arriver à maîtriser l’incendie. Le contexte était très tendu. Tous les alentours contenaient des alcools et des produits chimiques.
Mais une fois encore, pour relancer les affaires, le Pygmalion recourut à la publicité pour annoncer son retour sur le devant de la scène des bonnes affaires. A la suite du désastre, on en profita pour l’agrandir considérablement.
Occasions également pour insister sur ses nombreuses adresses entre les rues de Rivoli et Saint Denis, ainsi que le boulevard de Sébastopol. Frappant de constater par la suite que les affaires reprirent vite… ce que le magasin fit largement savoir.
L’approche publicitaire
Dans les années 1870, le Pygmalion intensifia sa publicité. Son accroche était simple : « Promesses faites – promesses tenues. ». On pouvait y voir « les plus riches et les plus jolies nouveautés en tous genres. ». « Après avoir fait bien de mieux faire encore. »
Il insistait également sur son ancienneté et sa « loyauté commerciale. ». C’était aussi l’occasion, comme ses concurrents proches d’insister sur sa grande taille. On pouvait y accéder par « trois grandes entrées ».
Par ailleurs, le magasin publiait largement dans les journaux en province. Ainsi, il réalisait de nombreuses expéditions dans toute la France, n’hésitant pas à proposer en correspondance des offres spéciales.
Sources bibliographiques :
- Le Moniteur universel du 10 avril 1851
- Le Constitutionnel du 2 novembre 1852
- Le Journal des Débats politiques et littéraires du 22 mars 1853
- Le Journal des Débats politiques et littéraires du 5 mai 1853
- La France du 18 octobre 1869
- Le Constitutionnel du 19 octobre 1869
- La Gazette de France du 29 octobre 1869
- Le Mémorial de la Loire et de la Haute Loire du 28 mai 1871
- L’Industriel de Saint Germain en Laye du 3 juin 1871
- La France du 15 novembre 1871
- Le Bien public du 30 avril 1872
- Le Bien public du 5 mai 1872
- Le Moniteur universel du 19 mai 1872
- Le Journal Officiel de la République Française du 28 septembre 1872
- Le Rappel du 29 septembre 1872
- Le Constitutionnel du 1er octobre 1872
- Le Journal des villes et des campagnes du 7 octobre 1872
- Le Courrier de Saône et Loire du 17 octobre 1872
- La Gazette de France du 4 novembre 1872
- Le Courrier de Saône e Loire du 11 novembre 1872
- L’Univers du 13 avril 1873
- La Presse du 27 septembre 1873
- Le Journal officiel de la République Française du 1er octobre 1873