La Madeleine lors de la crue de 1910
La Madeleine lors de la crue de 1910 : le sol s’effondre de-ci de-là du fait des infiltrations en sous-sol…
Retour en janvier 1910 ! La Seine monte sans donner des signes qu’elle va s’arrêter. Les quartiers des Champs Elysées et de la Concorde sont très menacés. Leur salubrité ne tient qu’à une digue supplémentaire construite au-dessus des parapets.
Le quartier de la Madeleine est lui aussi bien éprouvé par les événements de cette semaine tragique.
Les impacts de l’inondation du Nord Sud
Le Nord Sud ! Ce métro correspondant à la ligne 8 actuelle était alors en travaux. Cependant, une très grande partie se retrouva très vite sous les eaux lors de la crue de 1910. En effet, le 21 janvier, sous la pression des égouts, un mur des escaliers permettant d’accéder à la future station Assemblée nationale explosa. Alors, les eaux s’engouffrèrent sans retenue dans le tunnel. Rapidement, une large zone fut touchée.
Le 22 janvier, le Petit Journal détaille la situation suivante :
« Ce qui va se produire, ce qui sera même accomplit dans quelques heures, c’est l’envahissement complet de la ligne du Nord Sud depuis le boulevard du Montparnasse jusqu’à la Madeleine.
En effet, toute cette partie est située en dessous du niveau de la Seine. L’eau atteindra jusqu’à la voûte et tout sera submergé. Mais il n’y a aucun danger à prévoir… à moins d’imprévu. »
Arrêt de la circulation des tramways
A cette époque, Paris était parcouru par de nombreux tramways, profitant de la traction électrique. Seulement, du fait de la montée des eaux et des très grandes infiltrations dans le sous-sol, cette énergie dû être retirée à certains endroits, comme l’indique le Petit Parisien le 23 janvier :
« Sur les lignes des Invalides à Versailles, la traction à vapeur a dû être substituée à la traction électrique, l’eau ayant envahi la voie et occasionnant des courts-circuits extrêmement dangereux. Pour les mêmes raisons, les tramways de Paris et du département de la Seine, partant de la Madeleine ont dû interrompre leur service. La circulation des tramways de l’est parisien, suspendue la veille par suite de l’inondation de l’usine d’Ivry a été reprise, hier matin sur tout le réseau, mais a dû être interrompue de nouveau à 10 heures 10. »
Puis c’est le tour de la circulation automobile
Du fait de la montée de la Seine, la pression continuait à être de plus en plus forte sur les parois du tunnel du Nord Sud. On dut prendre des mesures rapidement en surface. Le 27 janvier, le Petit Parisien annonce la nouvelle :
« Ajoutons, en terminant, qu’à onze heures du soir, la moitié de la chaussée du boulevard de la Madeleine a dû être interdite, sur la hauteur du chantier du Nord Sud, ouvert en face du n°35. »
L’instabilité du sol
La Seine continuait à monter, toujours et toujours. Dans le quartier de la Madeleine, le sol était toujours plus fragile. Ainsi, le 29 janvier, le Matin rapporte :
« a Seine paraissait choisi pour les ruiner les promenades préférées des parisiens, les perspectives les plus célèbres du monde. Elle déchaussait les pavés rue Royale, défonçait la place de la Madeleine. »
Un peu plus loin dans le journal, on pouvait lire :
« Place de la Madeleine, une vespasienne s’effondre »
Le lendemain, les nouvelles ne sont guère rassurantes sur ce plan. Le Matin écrit le 30 janvier.
« L’eau menaçant le commissariat de la Madeleine, le local vient d’être évacué et les bureaux transférés dans les dépendances d’un hôtel, 35, rue du Faubourg Saint Honoré, mis gracieusement à la disposition du commissaire par son propriétaire, M. Pereire. »
L’électricité est coupée
Poursuivant ce tableau bien noir, le Petit Parisien du 29 janvier rapporte lui que l’électricité était bien difficile à maintenir ces temps-là !
« Au secteur de Clichy qui alimente d’électricité les 8e, 9e, 17e et 18e arrondissements, on nous a fait la déclaration suivante :
Nous nous sommes vus forcés de couper le courant, dans les quartiers de la Chaussée d’Antin, et de la Madeleine, par suite de l’inondation des sous-sols.
Le contact de l’eau avec les fils aurait pu causer les plus graves perturbations, des courts – circuits, par exemple, qui auraient pu avoir les plus graves conséquences. »
Sources bibliographiques :
- Le Petit Journal du 22 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 23 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Matin du 29 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 29 janvier 1910
- Le Matin du 30 janvier 1910
- Image : Après les dégâts, visite d’un chantier rue Royale par la commission du conseil municipal – Crédit BHVP