Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Lettre

Lettre #38 – Mars 2021 : Le règne chahuté des bateaux-lavoirs

Le règne chahuté des bateaux-lavoirs

Les berges de Seine sont si belles dès que le beau temps est là ! A en profiter, bien sûr, avec vigilance pendant cette période de pandémie.

Toutefois, à regarder le calme dans l’eau, les grands espaces entre les embarcations sur les quais, il est bien difficile de s’imaginer le foisonnement qu’il y avait là, encore à la fin du XIXe siècle.
Les lessiveuses et blanchisseuses y venaient en nombre, pour utiliser les installations des bateaux-lavoirs.

Cette activité n’y était pas si ancienne – il avait fallu attendre l’urbanisation de l’île Saint Louis pour qu’on y place le premier bateau-lavoir. Mais les affaires prirent et les parisiennes y trouvèrent vite une forte utilité.

L’usage régulier par les clientes n’est pas signe toutefois d’affaires tranquilles. Nous y reviendrons !

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bateau lavoir au port Royal par Eugène Atget en 1911

La vie très animée dans les bateaux-lavoirs

On y faisait sa lessive ! On préparait son linge dans les bateaux-lavoirs, mais pas seulement…

On y venait rencontrer du monde, on y dansait, on y prenait un encas profitant des nombreux passages des marchands. Certaines complétaient les achats qu’elles n’avaient pas eu le temps de réaliser au marché.

C’était un véritable lieu de vie sociale. Ici se croisaient à la fois les blanchisseuses professionnelles que des parisiennes s’occupant de leur propre linge.

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bal au bateau-lavoir extrait du Monde illustré du 30 décembre 1899

Un business qui impliquait une forte organisation

Les bateaux-lavoirs voyaient défiler du monde. Il était donc essentiel de bien organiser les espaces à l’intérieur des ces bateaux bien exigus. Ainsi, on séparait les endroits suivant le stade de la lessive.

Ils étaient confiés à des gérants qui y vivaient en permanence. Ainsi, ils pouvaient veiller au bon fonctionnement, tout comme bien encaisser les clientes au moment où elles prenaient de la lessive.
Individuellement ces sommes étaient très modestes car les bateaux-lavoirs n’attiraient que les parisiens les plus démunis.

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Lavandières au bateau lavoir extrait du Monde illustré du 30 décembre 1899

Mais une activité faisant face à une forte adversité. Vraiment pas de tout repos de tenir son propre bateau-lavoir !

Des nombreux accidents

Tout d’abord, être à demeure sur les berges de la Seine n’est pas sans épreuve. En effet, le fleuve reste très capricieux, avec ses nombreuses crues. Certains hivers, il gelait même, occasionnant lors des débâcles de dures difficultés pour les bateliers.

Ensuite, l’activité fluviale était très intense. Paris était un véritable port de commerce, engloutissant des marchandises venues de toutes part. Comme on peut l’imaginer cela n’était pas sans risques pour les bateaux-lavoirs. Certains gérants se retrouvaient régulièrement à devoir mener des opérations de secours.

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le bateau lavoir le progrès coulé quai Bourbon

Les luttes avec l’administration

Force est de constater que les bateaux-lavoirs devaient composer avec la dure dent contre eux de la part de l’administration.

On leur reprochait nombre de maux.
Mais les accusations les plus tenaces étaient qu’ils constituaient des obstacles au bon passage des bateaux de commerce. Ensuite, pour certains, ils favorisaient la pollution de la Seine du fait de l’usage de la lessive…

En tout état de cause, les bateaux-lavoirs savaient émouvoir la presse quand cela était nécessaire, et notamment les journalistes ayant une fibre romantique

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Bateau lavoir extrait du dessin de Jean Baptiste Lallemand du Louvre
essoreuse au bateau-lavoir extrait du Monde illustré du 30 décembre 1899

Puis arriva la disparition !

Après avoir régné pendant 400 ans sur les berges de la Seine parisienne, les bateaux-lavoirs tirent leur révérence définitive au milieu du XXe siècle.

Ils avaient bien tenus face à l’adversité, mais la disparition des classes les plus populaires dans le centre ville et la diffusion des machines à laver étaient des obstacles trop importants.

La fin d’une époque !

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