Histoires de Paris

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Lettre

Lettre #26 – Avril 2019 : Les visites populaires à la morgue

La lettre d’Histoires-de-Paris.fr

Avril 2019 – numéro 26

Les visites populaires à la morgue


Chose étonnante pour nous, nos devanciers du Paris du XIXe siècle se précipitaient à la morgue lorsqu’un fait divers attirait l’attention des chroniques.

Poussés par la curiosité, ils profitaient de l’ouverture de ce bâtiment lugubre, situé derrière Notre Dame pour voir ce dont tout le monde parlait.

Jusqu’à 100 000 personnes venaient là !

La Morgue en 1909 - agence roll

Description de la foule de visiteurs


Au travers des journaux d’époque, nous pouvons décrire un peu plus ces parisiens qui venaient en foule à la morgue tout au long du XIXe siècle !

Ici venaient des habitants bien ordinaires de Paris.
Le matin : beaucoup d’ouvriers et d’employés. A l’heure du déjeuner, des modistes grignotant leur repas. L’après midi, le grand monde apporté par leurs fiacre


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Vue intérieure de la morgue du Marché neuf en 1845 par Carré

Le spectacle de la morgue


A la morgue, les parisiens venaient voir les grands faits divers. En effet, c’était là qu’on apportait les corps trouvés sans vie. Les infanticides attiraient toujours l’attention tout comme les meurtres sordides.

Ensuite, ils venaient assister aux confrontations entre les inculpés et leurs victimes présumées. Ils regardaient leurs arrivées, en leur criant “A mort”, tout en essayant de voir des pointes de remords lorsque les inculpés étaient face aux corps sans vie.

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façade de la morgue en 1912 par Agence Meurisse

Petite histoire de la morgue


A l’origine, la morgue était une prison du Châtelet. Elle devait son nom au regard très attentif des gardiens sur les prisonniers, de manière à pouvoir les reconnaître s’ils s’enfuyaient 

Morgue du chatelet

La morgue du Châtelet


Dans l’ancienne basse geôle, on apportait dés le Moyen Age les corps trouvés sans vie dans la rue et dans la Seine, avec une motivation : identifier les causes de la mort, notamment les cas de suicide.
La morgue était ouverte sur la rue pour faciliter les identifications.


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La morgue du Marché Neuf, vue du quai St Michel à Paris 1829

La morgue du marché neuf


En 1804, le Châtelet est détruit. La morgue est déménagée sur le quai du Marché neuf, en face du pont Saint Michel. La salle d’exposition au public y est installée avec une vitre

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La morgue quai de l'Archevêché photographie de presse 1913

La morgue de l’Archevêché


En 1864, la morgue est une nouvelle fois déplacée. On la construit derrière Notre Dame pour la cacher davantage. Mais c’est elle qui verra le plus de gens défiler

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Fermeture au public de la morgue et avènement ensuite de l’Institut médico-légal


Autour de 1900, les critiques sont de plus en plus nombreuses autour de ces visites. Des journaux y consacrent des articles dénonçant une curiosité malsaine.

En 1907, le préfet de police décide d’interdire au public l’accès à la morgue. Mais on y laisse la vitre pour d’éventuels besoins d’identification.

En tout état de cause, on lance des travaux pour construire un nouveau lieu : plus propre, plus caché : C’est l’Institut médio-légal qui ouvra en 1923, emportant avec lui ce souvenir et ce nom.

bibliothèque et musée de l'Institut médico-légal le 29 mai 1923 par agence Rol