Les lapidaires
Les lapidaires, tailleurs de pierres précieuses, d’abord de cristal pour travailler ensuite les pierres fines
Deux métiers pour travailler le cristal de roche au XIIIe siècle
Au XIIIe siècle, deux métiers se partageaient la taille des pierres fines :
- les cristalliers
- les pierriers de pierres naturelles
Cette activité, très délicate et reconnue au Moyen Age leur donnait les plaçait en haut de l’échelles des métiers de l’époque et les dispensait du guet.
Ils travaillaient du cristal de roche naturel pour des bijoux mais aussi pour des vases, des coupes, des flacons.
Jaloux de leur activité, les cristalliers tenaient à se distinguer des pierriers de verre. En effet, ils s’interdisaient de travailler des pierres autres que celles précieuses, à la différence des derniers qui fondaient du verre et le peignaient. Bien évidemment, on retrouve dans les statuts données par Etienne Boileau dans le Livre des Métiers des interdictions pour les cristalliers de peindre les pierres précieuses.
Toutefois, comme on peut se douter, deux corporations – les cristalliers et les pierres de pierres naturelles- positionnées sur un même créneau ne pouvaient que se chercher querelle.
Aussi, le prévôt de Paris, Jean de Milon en 1331, donna des nouveaux statuts après avoir s’être fait accompagnés par des représentants des orfèvres (dont une quinzaine était alors spécialisée dans les pierres précieuses). :
- Aux cristalliers la taille des pierres fines
- aux pierriers la possibilité de réaliser des verrines qu’ils pouvaient teindre en couleur “sang de dragon” (par opposition la couleur de rose des pierres précieuses).
Cette situation se traduisit en 1340 par la publication de statuts pour les pierriers à qui il fut interdit de faire des facettes à leurs pierres, de les joindre entre elles, ni mettre un fond de couleur pour les teinter. Cette profession disparu progressivement dans les siècles qui suivirent.
Nouvelle époque, nouvelle mode au XVIe siècle : les cristalliers deviennent les lapidaires pour travailler les pierres fines
En 1584, les cristalliers changent de nom : ils deviennent les lapidaires. On donne alors une nouvelle version des statuts, qui rappellent sensiblement ceux précédent. Toutefois, on tient alors à rappeler les privilèges d’une profession dont la production doit évoluer avec le temps : Le cristal est passé de mode et on recherche désormais les pierres fines.
La profession est organisée alors de la manière suivante :
- 4 jurés pour suivre les affaires et contrôler les pierres qui arrivaient à Paris.
- 7 ans d’apprentissage et deux ans de compagnonnage
- chaque maître ne pouvait avoir plus de deux roues et trois moulins
- Chacun recevait un lot des pierres qui entraient dans Paris
La confrérie était placée sous le patronage de Saint Louis dans l’église des Mathurins.
Les XVIIe et XVIIIe siècles marqués par des luttes entre les orfèvres, les lapidaires et les métiers
En effet, ces métiers se battaient pour la liberté ou le contrôle du commerce des pierres précieuses à Paris.
Ainsi au début de 1614, en mars, les lapidaires obtinrent l’interdiction de faire venir à Paris des pierres taillées, sauf en temps de foire. Le contrôle de leurs jurés des pierres brutes fut alors confirmé. Toutefois, en décembre, ces restrictions furent supprimés.
Les lapidaires tentèrent de faire nommer leurs jurés, gardes en 1740. Sans succès.
Cette situation fit pendant cette période la cause de nombreuses difficultés pour les lapidaires et aboutit en 1781 à la fusion de la corporation avec celle des orfèvres.