Jean Joseph Vadé et le genre poissard
Jean Joseph Vadé, surnommé le Corneille des Halles, lança le genre poissard et fut souvent repris à Carnaval.
Auteur important du XVIIIe siècle, Jean Joseph Vadé est le précurseur du genre Poissard. Les aristocrates de l’ancien régime se mirent à raffoler de ses écrits… tant et si bien qu’ils participèrent très activement aux jours gras du carnaval parisien. Retour sur cet épisode !
Pour évoquer Jean Joseph Vadé, nous nous inspirons ici d’une bibliographie rapide réalisée en préambule d’un recueil de ses œuvres réalisé en 1796.
A quoi correspondait le genre poissard ?
Tout d’abord, attention ! Ce genre n’est pas à confondre avec le burlesque. Il s’agissait de poésie mettant en avant la vie populaire parisienne au milieu du XVIIIe siècle. Au travers de ses écrits, il ambitionnait de faire vivre l’ambiance d’une guinguette, de gens qui dansaient, s’amusaient, buvaient…
En effet, la poissarde était une marchande de rue, particulièrement de poisson à Paris. D’un caractère très fort, elle était au cœur de l’imaginaire du carnaval.
Un picard arrivé tôt à Paris et pas très porté par les études dans sa jeunesse
Fils d’un cabaretier, Jean Joseph Vadé naquit à Ham, en Picardie en 1720. A l’âge de 5 ans, il arriva à Paris et grandit dans son petit commerce. Peu porté par les études, il profita de sa jeunesse pour faire la fête. Ne connaissant que très peu de mots de latin, il perfectionna toutefois son français en lisant de nombreux livres.
A vingt ans, il quitta Paris pour être contrôleur à Soissons puis à Laon. Ce n’est qu’en 1743 qu’il retourna à Paris après être passé par Rouen. A ce moment-là, il publia ses écrits et poèmes qui le rendirent célèbre.
Après avoir tenté de convaincre sans grand succès la Comédie Française, il se tourna ensuite vers le théâtre de foire. C’est là, à Saint Laurent et Saint Germain qu’il connut le succès.
Âge simplement de 37 ans, il mourut en 1757. Sa réputation était alors telle qu’il fut appelé le Corneille des Halles.
La pipe cassée, le grand chef d’oeuvre de Jean Joseph Vadé
Nous évoquons ici une des plus grandes références du catéchisme poissard. Les masques du Carnaval répétaient très régulièrement ce poème. Jean Joseph Vadé distingua ici bien le jeu des acteurs et actrices, en indiquant d’insister sur les accents poissards.
Dans le premier chant, Vadé nous présente d’abord ses protagonistes : Jean Louis, Jérôme et la Tulipe. Ils se trouvaient chez la veuve Rabavin, repère de nombreux forts du port aux blés, se désaltérant et se retrouvant après leur travail. Pendant qu’ils chantaient et buvaient, la femme de l’un d’entre eux entra dans la taverne. Furieuse, elle fait un scandale, si bien que tous se taisent. Son mari, Jean Louis essaie de la calmer en lui proposant “une goutte”. L’effet obtenu fut tout le contraire. Un coup de poing le frappa à la moustache. Une seconde femme se mêlât ensuite… et la situation dégénéra.
Le second chant nous emmène à la Courtille. Les protagonistes du cabaret de la veuve Rabavin s’y sont retrouvés, dans une guinguette. C’est grande ripaille et gueuleton. Tous profitent d’un magnifique poulet. Une fois encore, la fête se poursuit en bataille généralisée. Cependant, les esprits se calment dés que le violon retentit. Alors, tous se mettent en ronde pour danser le galop.
Le troisième chant revint lui sur la labeur de ces parisiens. Ainsi, Jean Louis, Jérôme et la Tulipe nageaient pour manœuvrer le bois flotté. Leurs femmes les aidaient dans la recherche de la subsistance. Un jour, elles se trouvèrent sur le pont Saint Michel pour acheter le juste nécessaire. De retour à la maisons, elles se disputèrent…
Dans le quatrième et dernier chant, nos parisiens sont à la noce. Là, ils mangent et boivent de nouveau. Ils dansent. C’est à cette occasion, dans une nouvelle dispute que la pipe de la Tulipe fut cassée.
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