Le Jardin de bague du petit Trianon
Le Jardin de bague du petit Trianon : Marie Antoinette s’amuse sur un ancêtre de manège décoré à la chinoise.
Comme chacun sait, le domaine du Petit Trianon fut celui de Marie Antoinette. Ce cadeau à la reine est un des premiers actes de roi de Louis XVI au moment de son avènement.
Là, Marie Antoinette avait enfin sa résidence à la campagne tant rêvée. Rien n’était trop beau pour Trianon. On ne compta pas à la dépense.
Parmi les premières réalisations, aujourd’hui disparue, figure le jardin de bague que nous allons vous décrire maintenant.
Qu’est ce qu’un jeu de bague ?
Héritages des tournois médiévaux, le jeu de bague consistait à retirer, avec une lance ou un bâton, un anneau placé sur une cible.
Assis, sur un mécanisme tournant, les participants visaient à récupérer l’anneau.
Au XVIIIe siècle, ce jeu amusait tant les hommes que les dames. Toutefois, comme nous le verrons plus tard, les montures n’étaient pas les mêmes suivant le sexe. Pour ces messieurs, des modèles de chevaux étaient appropriés. Pour ces dames, elles étaient assises, tout en cherchant, elles aussi, à attraper les bagues.
A cette époque, les chevaux avaient été remplacés par des mécanismes. C’étaient des objets de bois, actionnés par du personnel de service.
Le siècle suivant, au XIXe siècle, on se mit à jouer uniquement au jeu de bague lors de foires ou sur des promenades publiques. Le concept évolua progressivement vers nos manèges, réservés, de nos jours, qu’aux enfants. En tout état de cause, si des adultes y montent, ce n’est jamais pour chercher à attraper le pompon ou la bague.
La mode chinoise
Au XVIIIe siècle, la France est présente dans de nombreux endroits du monde. Comme l’Angleterre alors et l’Espagne plus tôt, elle fait venir des produits toujours plus exotiques. De ce fait, les produits rares ne sont plus l’apanage uniquement du roi, mais sont accessibles aussi pour les princes, les nobles et les bourgeois les plus fortunés.
Dans cet engouement, la Chine a une place particulière. Celle qui avait poussé les explorateurs du XVIIe siècle à naviguer sur toutes les mers du globe, conservait sa superbe dans l’imaginaire des français et de la Cour. On peut citer par exemple la fête donnée à Marly, en avril 1775, totalement sur le thème de la Chine.
En outre, dans son jardin, qui deviendra plus tard le Parc Monceau, le duc de Chartres avait fait édifier son propre jeu de bague. Pour accentuer son effet, il l’avait fait décorer de motifs et de signes chinois.
Un des tous premiers aménagements de Trianon par Marie Antoinette
A l’automne 1775, on lance les travaux d’aménagement du jardin de Trianon. Dans un premier temps, on s’affaire à la plantation de bosquets mais aussi d’agrandir la rivière. A cette date, le côté nord du petit Trianon est toujours occupé par les serres de Louis XV.
Avant de s’attaquer à ces dernières, Marie Antoinette demande qu’on installe, tout près de son château un jeu de bague. A cette époque, la souveraine ne venait passer que des journées à Trianon. Elle n’y dormait pas. Ce lieu était celui de ses amusements, de ses fêtes et n’était l’endroit intime qu’il deviendra ensuite.
Aussi, on envoya un dessinateur dans le jardin du duc de Chartres pour prendre les mesures de son jeu de bague. Un premier modèle relief rapidement réalisé sur une échelle de 5 centimètres pour 1 mètre. Il est soumis à la reine au commencement de 1776, qui donne son accord. Les travaux sont conduits ensuite sans délai.
Description du jeu de bague du petit Trianon
Grâce aux écrits des sculpteurs, mécaniciens, menuisiers et des peintres doreurs étant intervenus sur le chantier royal, nous disposons d’une description précise.
Ainsi, le jeu de bague, en forme de parasol, était constitué d’un mat, surmonté d’une immense toile. Autour de lui, une plate-forme tournait. Le mat était soutenu par un groupe de trois chinois, dont les corps et les mains recouvraient les ferrures maintenant l’ensemble. Tout en haut, au-dessus du parasol, on avait placé une girouette ornée de deux dragons dorés.
Sur la plate-forme, des objets étaient installés. Quatre dragons avec des cornes de cuivres alternaient avec des paons, dont la croupe offrait un siège. Ainsi, les hommes chevauchaient les dragons (ou chimères), alors que les femmes se réservaient les sièges que des chinois à demi couchés tenaient de côté à bras tendu.
Dès que du personnel du domaine mettaient en mouvement le dispositif, on entendait sonner des clochettes sur des chapeaux chinois.
Rien n’était trop beau pour l’ensemble et on vit venir des chênes des Vosges et de Hollande pour réaliser les sculptures autour de la plate-forme.
Le projet avorté de Richard Mique
Le Trianon de Marie Antoinette est indissociable de Richard Mique. En 1775, ce dernier est déjà l’architecture du roi et de la reine. Aussi, il se lance dans la réalisation d’un projet pour le jeu de bague.
Dans son dessin, on voit une tourelle à deux étages autour de laquelle le plancher se déplace. Trois sculpture représentant des personnages chinois doivent portent les sièges. Au-dessus du toit, un quatrième chinois devait tenir un parasol.
En tout état de cause, ce projet ne fut pas retenu.
Puis, la reine se lassa du jeu de bague et on remplaça le mécanisme pour un jeu de balle, également appelé jeu chinois.
Sources bibliographiques :
- Nolhac, Pierre de. Le Trianon de Marie-Antoinette. 1914.
- Desjardins, Gustave. Le Petit-Trianon, histoire et description. 1885.