Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de fêtes

L’intrigue du bal de l’Opéra

L’intrigue du bal de l’Opéra ou s’amuser, caché sous son masque, en cherchant, éventuellement, le beau prince de ses rêves

 

Démasquer l’autre et se laisser inviter

« Je te connais beau masque ». L’objectif de tout participant est d’essayer de démasquer quelqu’un. Aussi, chacun essayait ensuite d’expliquer qu’il n’avait pas été reconnu. Sauf… si la jolie fille voulait se faire offrir le souper par beau galant.

Certaines femmes profitaient de ce jeu pour le prolonger. En effet, rien de tentant que le masque que se faire offrir verres et diners par des jeunes hommes peu prévoyants.

Elles pouvaient obtenir coupé, soupers, carafes, bouquet…

 

Auguste Vitu raconte :

« M. Arthur, masqué et enfariné, se promène et cherche fortune. Passent deux femmes dont le petit museau rose est soigneusement masqué. L’une d’elles fait un cri en apercevant Arthur.

— C’est lui! murmure-t-elle

Arthur prend un air aimable.

— Tu me connais? dit-il en Rapprochant.

— Oui, tu t’appelles Arthur, tu demeures rue Laffitte.

— C’est vrai ; et qui es-tu toi?

— Indiscret !

Arthur, tout affriolé, supplie l’inconnue de rompre un peu la sévérité de son incognito.

— Oh ! j’aurais bien des choses à te dire ! Mais je ne suis pas seule ! dit-elle tout bas, en montrant sa compagne. Et je ne puis parler devant une amie.

– —Quitte-la.

C’est impossible ! Elle se douterait de quelque chose !

— Il faudrait la renvoyer adroitement.

. — Eh! oui, reprend l’inconnue après un instant de réflexion, prie-la d’aller au buffet nous acheter des bonbons.

Arthur remet à l’amie cinq francs ou un louis, selon sa fortune ; l’amie s’éloigne et ne revient jamais. Quant à l’inconnue, elle se débarrasse d’Arthur comme elle peut, et va partager avec sa compagne, ou plutôt sa complice, le produit de cette petite expédition. »

 

Intrigues et aventures hors mariages

D’autres femmes mariées venaient aussi au bal. N’étant pas intéressées par les princes russes, elles venaient pour intriguer et s’amuser.

Pour intriguer, on approchait quelqu’un qu’on pensait connaître. On dévoilait sa pensée tout en maniant allusions et plaisanteries. La porte était ouverte à tous jeux de séduction, dans lequel les dames se laissaient aller avec beaucoup de liberté.

Cela ne les empêchait pas de chercher des aventures, profitant du masque et de son anonymat. Rozier raconte qu’à l’abri de leurs masques, elles se laissent aller à des confidences auprès d’hommes qu’elles avaient choisis. Progressivement l’intimité s’installait et ne partait pas une fois le masque ôté

 

  1. L’homme est un goujon qu’il faut pécher le plus spirituellement possible.
  2. Quand le pécheur est joli, il peut se passer d’hameçon.
  3. Il est bien entendu que ce pêcheur est une pécheresse.
  4. Elle ne se repent jamais, si ce n’est de n’avoir point péché.

 

La croyance des princes russes

Un temps, la police faisait courir la rumeur que le bal attirait des princes russes et barons allemands venus chercher à se marier.

Ce bruit fit venir nombre de parisiennes. On voyait ainsi venir les samedis ces jeunes filles essayant de trouver leur prince russe. Cette situation faisait que l’attention se portait alors plus vers les hommes ayant du ventre. En effet, ces dames pensaient alors que ces hommes étaient plus susceptibles d’être noble que les beaux jeunes hommes.

Pour ne prêter à aucune rumeur, ces femmes venaient toujours accompagnées par une tante et une parente. Lorsque la famille n’était pas disponible, elles n’hésitaient pas à faire intervenir leur domestique, qu’elles faisaient passer pour une tante.

 

Sources bibliographiques :