L’inondation de l’usine d’air comprimé en janvier 1910
L’inondation de l’usine d’air comprimé en janvier 1910 bloqua les horloges de Paris à la même heure : 10h53 !
Depuis 1890, une usine située sur le bord de la Seine, au 3, quai de la Gare produisait de l’air comprimé. Ce système, conçu par Victor Popp, fonctionnait grâce à une machine à vapeur, utilisant l’eau de la Seine. Cette proximité avec le fleuve lui était donc très utile pour proposer une énergie dans différents endroits de Paris.
Cependant, lors de la crue de 1910, elle devint rapidement un problème, l’empêchant de fonctionner. Cela eut pour conséquences de bloquer les horloges publiques de Paris… mais pas uniquement !
Revue de presse de l’époque !
Arrêt des horloges et des ascenseurs
Dans son édition du 23 janvier 1910, le Petit Parisien revient sur un incident intervenu juste avant :
« Toutes les horloges pneumatiques de la capitale – horloges publiques ou privées – ont vu leurs aiguilles s’immobiliser dans la soirée de vendredi entre 10 h 48 et 10 h 53. De même les ascenseurs et monte charges mus par l’air comprimé ne fonctionnaient plus. »
Aussi, le journaliste explique rapidement la situation : « L’usine productrice, situé 1, quai de la Gare, ayant été brusquement envahie par les eaux, il avait fallu, bon gré mal gré, interrompre le service. »
Une inondation impossible à éviter
Depuis le 18 janvier 1910, la Seine montait vite… très vite, alimentée par les fortes pluies. Aussi, elle déborda vite !
Un ingénieur de la compagnie qui exploitait l’usine donna au Petit Parisien quelques explications : « Pouvions nous prévoir une telle catastrophe ? » nous déclarait l’un d’eaux, hier matin. L’usine étant surélevée, nous espérions échapper à l’inondation, mais sous la pression formidable des eaux, un tampon se trouve soulevé et, malgré le zèle dont il fit preuve en l’occasion, le personnel ne put parer au désastre. Trois pompes ont été aussitôt mise en service et l’on espère pouvoir, en vingt-quatre heures, épuiser la nappe d’eau sous laquelle sont noyés les injecteurs, machines auxiliaires des compresseurs, dont le fonctionnement normal ne peut être assuré. »
Un service client totalement dépassé :
Imaginez que votre ascenseur ne fonctionne plus ! La situation présenta vite des désagréments pour de nombreux parisiens, qui comme on veut bien le croire, se précipitèrent auprès de la Compagnie Parisienne de l’Air Comprimé ».
Détails par le Petit Parisien du 23 janvier :
« Rue Etienne Marcel, 54, au siège de la compagnie, le personnel était, hier matin, sur les dents : depuis l’ouverture des bureaux, il y avait foule. Les intéressés venaient s’enquérir de la durée approximative de l’interruption de service. »
« Sous le vestibule, la compagnie a fait opposer un avis ainsi conçu : « par suite de la crue de la Seine, l’usine de production de l’air comprimé est arrêtée momentanément. » L’imprécision de ce texte suscite de vives récriminations, mais les ingénieurs avouent ne pas être maîtres de la situation. »
« Dans combien de temps, le mal sera-t-il réparé ? »
« C’est trop demandé : toute affirmation serait osée. Toutefois, nous espérons que dans la matinée de lundi, les services pourront fonctionner, d’une manière satisfaisante. Mais jusque-là….
Et le geste vague de notre interlocuteur parait lourd d’inquiétude. »
De nombreuses activités inattendues bloquées par cette inondation
Aussi, comme nous l’avons indiqué, l’air comprimé produit par cette usine servait donc à faire fonctionner des horloges et des ascenseurs. Mais ce n’était pas tout !
Toutefois, comme l’écrit le Journal du 23 janvier, « mais là ne se borne pas le dommage, car cette usine alimente aussi une quantité de moteurs servant à la petite industrie, et partout les machines ont dû stopper. »
Le Journal des Débats Politiques et Littéraires du même jour complète : « A onze heures du soir, le service des pneumatiques reliant le Sénat à la Chambre des Députés et au Journal Officiel, pour la transmission des débats parlementaires, a été interrompu brusquement. »
Cette crue se faisait de plus en plus menaçante et très contraignantes pour les parisiens !
Sources bibliographiques :
- Petit Parisien du 23 janvier 1910
- Journal du 23 janvier 1910
- Journal des Débats Politiques et Littéraires du 23 janvier 1910