Inconvénients des appartements des années 1910
Inconvénients des appartements des années 1910 : pensés pour recevoir du monde, mais pas soigner les malades.
Dans le journal Gil Blas au début des années 1910, un architecte alimentait une rubrique sur le « home français », appelée également chronique immobilière.
Nous revenons ici sur un de ces chroniques, intéressantes pour nous, pour comprendre la vie quotidienne d’alors.
En juillet 1910, il revient sur les difficultés entraînées par les plans des appartements pour soigner correctement leurs occupants malades.
Quand se préoccuper de la maladie ?
Dans son introduction de sa chronique du 7 juillet 1910, Léon Doinet fait le parallèle entre l’appréciation de la santé humaine et celle des appartements. En effet, citant quelques médecins, il indique que « la question de la maladie doit se poser en pleine santé ». ll poursuit en expliquant que « en visitant un appartement, il est d’une prudence élémentaire de le considérer au point de vue non seulement normale, mais bel et bien désorganisée ».
Pour développer son image, Doinet cite alors le docteur Belgrand, syndic des médecins du XVIIe arrondissement.
« Lorsqu’un médecin arrive, dans une famille, qu’est-ce qu’il trouve ? Il trouve un malade et un appartement.
Or, il faut donner une consultation sur l’un et sur l’autre. Et il faut soigner le malade, le soigner dans son appartement, donc juger son appartement, s’adapter à lui ou le corriger dans la mesure du possible. »
Des appartements tournés sur les pièces de réception !
Cependant, pour Doinet les maisons neuves qui se construisent au début des années 1910 sont toutes orientées sur les pièces de réception. « On a une entrée vaste et coquette : on se réjouit d’avoir un grand salon ; on ne peut se passer d’un tout petit. »
Lorsqu’il interrogeait les concierges pour décrire ces appartements, les réponses : « Il y une entrée, une salle à manger, tant de salons…. Ah ! puis il y a aussi les chambres… ». Sans dire le nombre, car cela ne compte pas… En outre, l’époque reléguait ces pièces près de la cour, soit loin de l’entrée. On construisait des couloirs pour y accéder et en quelque sorte les éloigner des pièces de réception.
« En 1910 : il faut paraitre. » L’importance est de pouvoir recevoir les amis dans la partie donnant sur la rue.
Difficultés d’aménager les chambres des malades
Cependant, comme on l’imagine, le médecin vient voir le malade dans la pièce où il se trouve alors. Dans la chambre, cet espace relégué loin !
Et puis, sur son chemin, il doit arriver à se faufiler parmi les domestiques avançant dans le couloir…
Et comment faire pour apporter de l’eau chaude dans la pièce ?
Ensuite, ces pièces sont souvent bien éclairées. En effet, les architectes prévoyaient toujours d’y mettre une grande fenêtre. Cependant, cela avait une autre conséquence inattendue : des petites portes. L’explication est assez simple : avec des grandes fenêtres, les espaces des murs sont réduits. Or c’est là qu’on positionne les meubles. Aussi, pour permettre un bel ameublement, les mêmes architectes prévoyaient des portes plus petites sur le couloir. En outre, aucune porte pour circuler entre les chambres également. Pas facile pour apporter le nécessaire pour soigner un malade dans ces circonstances. Mais également, pas facile d’installer un courant d’air dans cette même pièce (le couloir n’est pas assez large).
Autre difficulté : comment veiller le malade au cours de la nuit ? Dans les maisons plus anciennes, on s’installait dans une pièce voisine. Toutefois, avec ces plans modernes, il était nécessaire de s’installer au pied du lit du malade (et ainsi se gêner mutuellement).