L’Hôtel de Vendôme gravé par Israël Silvestre
L’Hôtel de Vendôme gravé par Israël Silvestre : domaine de Marguerite de Luxembourg puis de César de Vendôme.
Voici un hôtel qui nous est totalement disparu ! Mais son nom demeure, repris par une place royale voulue par Louis XIV. En effet, la célèbre place, connue pour ses joailliers partout dans le monde, doit son nom à un hôtel particulier et son domaine qui s’y dressaient dans une grande partie du XVIIe siècle.
L’Hôtel particulier de Marie de Luxembourg
Quelle vie que celle de Maris de Luxembourg ! Fille de Sébastien de Luxembourg et née en 1562, Marie de Luxembourg fut mariée au beau frère d’Henri III, Philippe Emmanuel de Lorraine.
De ce fait, elle fut très engagée dans les combats auprès du dernier roi Valois et participa au financement de nombreuses armées contre la Ligue au cours des guerres de religion.
Cependant, après l’assassinat d’Henri III, elle ne put se résoudre à accepter le règne d’Henri IV, un protestant qu’elle avait combattu.
Il fallut attendre la mort de son mari au combat en 1602 à Nuremberg face aux Turcs pour qu’elle accepte enfin de se réconcilier avec Henri IV. Elle put l’année suivante revenir dans Paris. Là, elle fit construire son hôtel particulier, l’Hôtel de Vendôme, tout en fondant à proximité le couvent des Capucines.
La duchesse dut se résoudre à marier sa fille seule survivante avec César de Vendôme, fils illégitime d’Henri IV en 1609.
Construction de l’Hôtel
Lors de son installation à Paris, Marie de Luxembourg acheta l’Hôtel du Perron qui avait été construit en 1561 par Antoine Gondi, maître d’hôtel d’Henri II.
Elle fit rebâtir en 1603 et 1604, en même temps que le couvent des Capucines qu’elle installa à ses côtés. Pour cela elle fit appel aux maîtres maçons Jean Coin et Jean Gobelin.
Avec deux cours, cet hôtel disposait d’une soixantaine de pièces, prolongé ensuite par des jardins du côté nord. Globalement, il se trouvait sur la rue Saint Honoré entre les rues Cambon et le marché Saint Honoré. En 1620, Clément II Métézeau et probablement Salomon de Brosse, remanie à son tour l’hôtel.
Après la mort de Marie de Marguerite en 1623, l’hôtel fut la propriété de César de Vendôme, batard d’Henri IV et qui avait épousé la fille de l’aristocrate. C’est à cette occasion que l’hôtel prit le nom si connu aujourd’hui.
En 1685, l’ensemble du domaine, ainsi que les bâtiments du couvent des Capucines, est acheté par Louis XIV. A la place le roi Soleil fit édifier la célèbre place, encore existante aujourd’hui, ainsi qu’un nouveau quartier de Paris.
La façade gravée par Israël Silvestre
Grâce à cette gravure d’Israël Silvestre, nous pouvons nous replonger face à ce bâtiment disparu. Quelle richesse de son ornementation !
Comme nous pouvons le voir, cette façade se caractérisait par des deux niveaux, avec sa grande porte centrale.
Pour accentuer l’effet de grande hauteur sous plafond, des doubles colonnes ioniques dessinent l’organisation de l’ensemble. Ainsi, les cinq fenêtres sont entourées par cette construction. Une seule exception : au centre, la grande fenêtre est soulignée, elle, par un système de triple colonne, dont deux à chaque fois sont mis en avant sur la façade.
Au-dessus de cet élément central, on avait gravé l’écusson du propriétaire de l’Hôtel, couronné au-dessus par deux allégories.
La composition du dessin
A la différence d’autres vues d’Israël Silvestre, la façade est représentée au centre de la composition, sans trop de recul.
Cependant, Silvestre positionne le décor sur les côtés. On peut y voir des petits murets, avec des espaces verts derrière. Il s’agit probablement dans un premier du jardin du domaine, avec au-delà les collines dominant Paris.
Ici, encore, Silvestre met en avant sur le premier plan des passants et des visiteurs. Nombre d’entre eux sont en promenade, à la manière des aristocrates du Grand Siècle.