L’héroïsme du père Lathuile en 1814
L’héroïsme du père Lathuile en 1814 : A 18 ans, la légende démarre lors de la bataille de la place de Clichy.
Mars 1814 ! L’armée française est totalement en déroute. Une coalition composée par les Prussiens et les Russes est aux portes de Paris. Deux fronts sont ouverts : du côté de Pantin et de la barrière de Clichy.
C’est au niveau de ce dernier que la bataille est la plus virulente. Paris se défend, grâce aux soldats dirigés par Moncey.
La bataille de la place de Clichy
En octobre 1813, Napoléon est battu à Leipzig. Fragilisée par la campagne de Russie, la Grande Armée fait face à une très large de coalition européenne. Elle se retrait vers la France et ses appuis. Seulement, les armées de la coalition la poursuivent. Elles entrent sur le territoire au sud de l’Alsace, par la Lorraine et par le Nord. Ces trois fronts limitent les capacités françaises de résister. Les ennemis n’ont qu’un seul objectif : marcher sur Paris.
Les états-majors choisissent d’affronter les soldats de la garde nationale défendant la ville, à l’extérieur des barrières, sans chercher à entrer dans Paris tout de suite. Ils veulent bloquer l’approvisionnement et pousser à une reddition.
Dans ce contexte, la bataille la plus importante a lieu, le 30 mars 1814 devant la barrière de Clichy, au niveau de la place de Clichy actuelle. Les combats sont intenses mais la défaite est inéluctable. Dans la journée, les clef de Paris sont remises au Tsar. Le lendemain, Napoléon abdique à Fontainebleau.
L’intervention du père Lathuile
Juste à l’extérieur de Paris, sur l’actuelle avenue de Clichy, la famille des Lathuile avait une guinguette. Le célèbre père Lathuile a alors 18 ans. Son père tient l’établissement à cette date.
Tous deux sont de fervents patriotes. Alors même que les Prussiens s’approchaient, le jeune Jean-Marie Lathuile prend un cheval. Sur son chemin, il s’attaque à des soldats ennemis et parvient à en tuer un.
Alors même que les Prussiens de Blücher s’approchent, Lathuile verse trente barriques de vin dans la rue. Impossible qu’ils mettent sur la main sur sa précieuse marchandise.
Ainsi, dans sa nécrologie du père Lathuille, le Figaro du 27 novembre 1864 écrit : « Il courait au danger, au dire des Batignollais ses contemporains, avec l’audace et l’énergie qui avaient fait naguère les Ney et les Murât, et si, — l’ennemi repoussé, — la guerre avait pu se rallumer avec quelque avantage, il serait peut-être devenu à son tour, en quelques coups de sabre, le général Lathuille. Mais Paris avait capitulé. Jean-Marie ne devait que donner plus d’éclat au nom du simple marchand de vins de la Grande Rue et s’appeler lui-même le père Lathuille jusqu’à sa mort. »
On raconte aussi qu’avant même que les Prussiens et les Russes n’étaient arrivés, il avait ouvert largement son établissement, notamment pour les gardes nationaux : « C’est l’invasion. On se bat à la barrière de Clichy, et la garde nationale défend héroïquement la position des Batignolles contre les 15.000 hommes de Blucher. Le père Lathuile lui ouvre les portes de son établissement, de ses caves, de ses réserves : « Mangez ! buvez tout ! Au moins, les Russes ne l’auront pas ! » » lit-on dans Gil Blas du 26 janvier 1906
Comme tout le quartier, l’établissement est largement la cible de boulets de canon des troupes coalisées. Il faut dire que ses fourneaux servir des barricades. On y lançait des tirs, on se défendait vivement. Les soldats de Moncey, notamment issus des bancs de l’Ecole Polytechnique, s’y battaient héroiquement.
Seulement, la bataille était perdue d’avance. L’aventure Napoléonienne prenait fin… enfin, il restait encore 100 jours en 1815.
Sources bibliographiques :
- Le Figaro du 27 novembre 1854
- Gil Blas du 26 janvier 1906
- La Justice du 27 janvier 1906
- Illustration : Bataille de Paris, le 30 mars 1814 Vue du chemin de Clichy estampe de Langlume – crédit BNF Galllica