La grotte de Trianon
La grotte de Trianon : petit havre de verdure pour se surprendre, se cacher et disposer d’un peu d’intimité !
A Trianon, Marie Antoinette s’était aménagé son propre royaume. Alors que madame de Maintenon, la dernière favorite de Louis XIV qu’il avait fini par épouser, régnait dans ses appartements, Marie Antoinette avait obtenu tout un domaine.
Bien sûr, elle était souveraine, mais disposer ainsi de son espace propre, fermé au tout venant, n’était pas usuel pour une reine de France, assignée à l’étiquette. Il faut dire qu’à cette période, de nombreux princes se faisaient aménager eux-aussi leur domaine privé. Aussi, pour la reine, cela paraissait normal de pouvoir s’isoler aussi et cultiver sa personnalité propre.
La description de la grotte du Trianon de Marie Antoinette
Très vite après avoir obtenu le petit Trianon, Marie Antoinette demande la confection d’un rocher. Aussi, à l’intérieur de celui-ci, elle ordonne la construction d’une véritable grotte, un espace pour pouvoir se réfugier, s’isoler.
Accéder à la grotte, en venant du belvédère ou de l’orangerie était bien sûr une surprise. Mais c’est une caractéristique du jardin anglais.
Elle se trouve en réalité dans un ravin qui sépare la roche en deux parties. Là se cache une source tombant en cascade sur des cailloux et dont les eaux vont se perdre dans le lac.
« Cette grotte, dit le comte d’Hézecques, était si obscure que les yeux, d’abord éblouis avaient besoin d’un certain temps pour découvrir les objets… »
Comme elle est parcourue par le filet d’eau, la mousse recouvre les parois. Une sorte de lit, également recouvert de mousse et de bryophytes, était là pour se reposer au besoin. Mais attention, il s’agit de végétaux d’imitation !
De là, comme des fenêtres, des ouvertures permettent de voir la prairie, mais aussi le chemin et d’aucun qui s’approchait.
Les entrées de la grotte
Deux portes contrôlent l’entrée. Une est en barreau et se situe à proximité de l’escalier. Une seconde est en treillage.
Ainsi, la première entrée était basse, tout près de la petite cascade. Elle permettait d’être discret et de voir venir des passants. Si besoin, l’escalier d’une dizaine de marches, permettait de se dérober, sans être vu.
Ainsi, la grotte de Trianon était un endroit idéal pour se cacher un peu, s’évader et se perdre. On peut imaginer que pour une reine toujours surveillée et épiée, ces moments étaient précieux. Ils alimentaient en revanche les rumeurs.
La construction de la grotte
Marie Antoinette était exigeante. Marie Antoinette était difficile !
On dut lui proposer jusqu’à sept modèles pour cette grotte. Elle cherchait probablement son effet, en ayant à l’esprit des modèles. Elle avait vu des grottes chez Mesdames, dans leur domaine de Bellevue. Il y en avait une également dans le jardin de madame de Balbi, à Versailles.
Même si elle dépensait sans compter, elle était limitée par la largeur de ses projets, entre les aménagements de son jardin et de ses appartements à l’intérieur du château. En tout état de cause, la grotte de Trianon est plus petite que les deux modèles que nous venons de citer.
Sur le rocher, surpassant la grotte, on avait pensé installer une ruine. Proposée par M. de Caraman, un des modèles de Marie Antoinette pour l’aménagement de son domaine, elle resta en l’état de projet.
La fuite de la grotte
Alors que Marie Antoinette se trouve à proximité de la grotte, ce 5 octobre 1789, un page vint la surprendre. Porteur d’une mauvaise nouvelle, il presse la reine de retourner au château de Versailles.
Devant les grilles du palais, une foule se présente. Armée, elle demande que le roi revienne à Paris. Marie Antoinette ne le sait pas encore, mais elle vient de vivre ses tous derniers instants à Trianon. La Révolution est là !
Sources bibliographiques :
- Nolhac, Pierre de. Le Trianon de Marie-Antoinette. 1914.
- Desjardins, Gustave. Le Petit-Trianon, histoire et description. 1885.