Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

La Grange Batelière

La Grange Batelière, la plaine entre Montmartre et Paris, laissée longtemps en marécages pour les maraîchers.

 

Depuis le Moyen Age, la plaine de la Grange Batelière séparait  la colline de Montmartre de l’enceinte de Paris. Soit aujourd’hui entre les boulevards de Rochechouart et Poissonnière !

Ce grand espace servait pour les cultures.

 

La Grange Batelière autour de l’an mil

Placée sous la suzeraineté de l’évêque de Paris, elle était la possession des chanoines de Sainte Opportune. Toutefois, ce chapitre disposait également de tous les terrains allant jusqu’aux Halles actuelles. Aussi, au XIIe siècle, les rois leur demandèrent de vendre une partie de leur immense domaine, aux portes de la ville.

Ainsi, entre 1153 et 1176, ce grand domaine fut vendu en de nombreux lots. Cette situation permit à de nombreux « bourgeois aisés », comme les désigne Edouard Fournier dans son Paris démoli de disposer de son petit enclos. Ces petits lopins de terre à la campagne s’appelaient des courtilles, au pied des maisons de bouteille. Ici, ils avaient leur potager mais aussi quelques pieds de vigne.

 

Un premier nom militaire

Au XIVe siècle, la Grange Batelière s’appelait alors la Grange bataillère. Plusieurs raisons furent avancées pour expliquer cette dénomination. Dans les premiers temps de Paris, cet espace était totalement marécageux. Aussi, il dut être le théâtre de luttes contre les romains puis lors des invasions barbares ensuite. En effet, les normands étaient passés par là, pour attaquer la ville, en descendant de Montmartre.

Par ailleurs, au IXe siècle, des courses de chevaux furent organisées dans cette plaine.

 

Le nom d’une rivière

Progressivement, le nom se transforma. La Grange bataillère devint la Grange Batelière. Cette plaine était connue par ses nombreux cours d’eau, descendant doucement des hauteurs du Pré Saint Gervais. Progressivement, ils se regroupaient pour former une plus grande rivière. Elle se perdait ensuite dans l’égout qui entourant la ville de Paris, se jetant dans la Seine entre le Louvre et les Tuileries au Moyen Age.

 

L’enclos de la Grange où on trouvait  multitude de provisions.

A  un moment sur son parcours, le ruisseau rencontrait un tertre. Sur celui-ci, un château avait été construit, protégé par des fossés alimenté par le ruisseau. Ensuite, sur les côtés, un fermier aurait transformé l’espace en un lac, en adoucissant les pentes, laissant une île au centre. A cet endroit, il avait installé sa boutique pour vendre pain, beurre, fromage, poulet, jambon… Cependant, pour y accéder, il était nécessaire de passer dans un bac, conduit par sa fille.

On appela même l’espace la grange au gastelier. En effet, c’était ainsi qu’on désignait les pâtissiers au Moyen Age.

 

La transformation au début du XVIIe siècle et le quartier devient mal famé

En 1634, on ouvrit dans la muraille une nouvelle porte : la porte Richelieu. En effet, on venait alors de tracer la nouvelle rue de Richelieu, provenant du Louvre et du Palais Cardinal. Ainsi, la zone profitait d’un nouvel espace de communication, en plus de la porte Montmartre.

On transforma alors l’égout, le rejetant vers le tracé occupé aujourd’hui par la rue de Provence. L’espace restait encore très marécageux. Aussi, on constatait que de nombreux ivrognes se noyaient ici, après avoir profité des cabarets des portes de la ville.

La zone était aussi le territoire de bandes délinquantes qui avaient leurs quartiers dans les carrières de Montmartre. Personne n’y était à l’abri. On raconte que même le maréchal Turenne s’y fit dérober sa bourse. Il se fit même rançonné, voyant arriver dans son hôtel le lendemain les brigands chercher le reste de la somme.

 

Sources bibliographiques