La gare des Invalides inondée par la crue de 1910
La gare des Invalides inondée par la crue de 1910 : l’eau venue des tunnels menace la structure de l’édifice.
Développée pour faire venir les visiteurs lors des Expositions universelles, la gare des Invalides étaient au début du XXe siècle, le terminus des trains venant de l’ouest parisien. Pour y accéder, les rames longeaient la Seine, dans le tracé emprunté entre Grenelle et les Invalides encore emprunté aujourd’hui par le RER C.
Cette ligne, très proche de la Seine, est de fait en première ligne dés lors que le fleuve entre en crue. Aussi, par surprenant de lire que cette ligne se retrouva totalement noyée lors de la crue de 1910. Cependant, cette année-là, l’inondation eut des impacts impressionnants. Elle noya littéralement la gare des Invalides.
Récit, sur la base de la presse de l’époque !
Premiers impacts dés les premiers jours de la crue de 1910
Comme nous l’évoquons ci-dessus, la ligne de chemin de fer fut d’abord touchée par l’inondation de la Seine. En effet, du fait des infiltrations, l’eau pénétrait dans le tunnel et sur les voies.
Avec cette venue, il ne fut alors plus possible de recourir à des trains électriques. On privilégia un temps la traction à vapeur, non sans quelques perturbations.
Dans ses colonnes du 23 janvier, le Petit Parisien titre : « A la Gare des Invalides, le service est suspendu »
Le journaliste poursuit : « Dans la soirée, les eaux ont continué à envahir les voies de la ligne de Paris Invalides à Versailles, près de la gare du pont de Grenelle.
Les trains express de grande ligne (Granville, Rennes, Angers) auront leur point de départ et d’arrivée reportés à la gare de Paris Saint Lazare.
Les trains omnibus de grande banlieue (Rambouillet, Chartres, Dreux, Verneuil) sont reportés, au départ et à l’arrivée, à la gare de Paris-Montparnasse. »
On réussit à rétablir la situation, pour un temps.
Arrivée de l’eau dans la gare
Cependant, en progressant, l’eau alimentée par de nombreuses infiltrations dans le tunnel, remonta les voies. Jusqu’à arriver dans la gare !
Le 24 janvier 1910, le journal La Lanterne décrit la situation :
« A neuf heures du soir, le départ et l’arrivée des trains en gare des Invalides ont dû être suspendus par suite de l’envahissement de la voie par les eaux »
Le lendemain, le Radical écrit à son tour
« La gare des Invalides n’est pas encore complètement envahie, mais les infiltrations deviennent de plus en plus fortes. Les voies 11 et 12 contre le quai, sont submergées dans la gare même, malgré les pompes qui ne cessent de fonctionner. Toutes les autres voies commencent à disparaître. Dans les ateliers de réparation sous le tunnel des Invalides, il y a 1 mètre d’eau ; précipitamment, les ouvriers bouchent les soupiraux qui laissent passer d’énormes paquets d’eau.
La crue perturbe totalement l’activité de la gare.
La gare des Invalides noyée à partir du 26 janvier 1910
Mais la Seine continue son ascension. Et les ravages s’étendent.
Le 27 janvier, le Petit Parisien rapporte :
« A la gare des Invalides, la situation a empiré dans des proportions telles qu’une catastrophe est à craindre. La nappe liquide, qui recouvrait les voies et tout le matériel abandonné en station, a envahi l’accès dans le grand hall vitré. Pour éviter un soulèvement du sol, des trous ont été pratiqués, de dix mètres en dix mètres dans le dallage du parquet. Par soubresauts légers, l’eau monte. Sa surface verdâtre, croupie, que l’on aperçoit à travers les portes fenêtres hermétiquement closes de la salle d’attente, porte avec elle un amas de choses disparates, disloquées, informes.
Cependant, le fléau ne se contente pas d’inonder la gare :
« La rue de Constantine a dû être barrée, l’eau ayant envahi la chaussée.
De l’autre côté des Invalides, la petite rue Surcouf n’est plus qu’un lac étroit et profond qui se prolonge jusqu’à la rue Saint Dominique. Encore vingt centimètres à peine et la Seine, franchissant le mur qui protège le quai d’Orsay, pénétrera dans les magasins du dépôt général des tabacs dont les caves, depuis huit jours sont impraticables. »
Craintes sur un éventuel effondrement de la gare
L’eau arrive, toujours et toujours. Les journalistes commentent la situation heure par heure.
« A minuit, ici, le désastre est effrayant. A travers les grilles des soupiraux, l’eau sort en bouillonnant, noie la chaussée de la rue de Constantine, bientôt devenue rivière à son tour. Le sol est crevé de fissures, de lézardes et de trous.
De loin en loin, la chaussée, sous la pression du lac souterrain qu’elle recouvre, se gonfle de boursouflures qui menacent de s’ouvrir et d’engloutir les audacieux qui oseraient s’aventurer dans la rue.
La rue de Constantine a été barrée et interdite à la circulation. Personne ne passe.
L’inquiétude est grande. Si solidement construite que soit la gare, on craint qu’elle ne puisse résister. Le flot sans cesse renaissant et toujours plus impétueux mine peu à peu les fondations. Si la chaussée de la rue de Constantine vient à s’effondrer, c’en est fait de l’édifice. »
En outre, le bâtiment du ministère des affaires étrangères à proximité apporte aussi son long d’inquiétude. Il faut l’évacuer, étant devenu un véritable ilot entouré par la Seine en crue.
Que va-t-il se passer si la Seine monte encore ?
Sources bibliographiques :
- Le Petit Parisien du 23 janvier 1910
- La Lanterne du 24 janvier 1910
- Le Radical du 25 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910