Les fontaines de Montmartre
Les fontaines de Montmartre : quand de l’eau affleure, pure, délicate et sainte, sur les flancs de la butte !
De la même manière que les autres collines du nord parisien (Belleville, Ménilmontant), la butte Montmartre permettait de récupérer de l’eau de pluie et d’alimenter la ville en aval. Les ruisseaux qui ressortaient de la butte s’en allait grossir la grande Batelière, qui passait jusqu’à la proximité de Paris.
Les sources où jaillissaient des flancs de Montmartre s’appelaient des fontaines. L’histoire, ainsi que le rappelle Charles Sellier, se souvient des fontaines de Saint Denis, du Buc, de la Bonne et de la Fontenelle.
Par ces fontaines, de l’eau coulait de Montmartre pour rejoindre la plaine Monceau à l’ouest, le village de Clignancourt au nord et Château Rouge à l’est.
Petit retour de géologie
Les collines du nord parisiens sont toutes constituées de la même manière. Tout d’abord, sous la terre, les premières couches sont totalement perméables, favorisant l’infiltration de l’eau de pluie. Puis, arrivée un peu plus profondément, l’eau rencontre une couche imperméable, l’obligeant à poursuivre de manière un peu plus horizontale, la menant à ressortir. C’est ainsi qu’elle arrive à nos fontaines.
Du côté de Belleville, cette configuration permit aux romains d’installer un ingénieux système pour récupérer cette eau propre et pure, afin de l’emporter ensuite en ville. Découvrez vous aussi cette histoire des regards de Belleville et de son aqueduc.
Les principales fontaines de Montmartre
Principales fournisseuses d’eau à proximité et en hauteur, les fontaines de Montmartre étaient particulièrement protégées. La fontaine de la Bonne alimentait le village, tandis que la fontaine de la fontenelle fournissait les habitants du côté de Château Rouge.
La fontaine du Buc remplissait d’eau un abreuvoir et un lavoir, avant qu’elle ne poursuivre son chemin vers Clignancourt. La fontaine de Saint Denis avait elle un rôle à part, particulièrement sainte.
Des fontaines aux grandes vertus
La tradition indiquait qu’après son supplice, Saint Denis se serait arrêté à la fontaine portant son nom pour laver sa tête et repartir ensuite vers le nord.
Quoiqu’il en soit, la fontaine de Saint Denis fut une étape obligée pour les pèlerins souhaitant rejoindre le haut de la colline.
Les eaux des fontaines étaient considérées comme particulièrement pures. Aussi, on les utilisa pour soigner et éviter les contacts avec les eaux sales de la Seine.
La fin des fontaines de Montmartre
Comme vous le savez peut être, la colline de Montmartre fut exploitée pour ses ressources de son sous-sol. On y prélevait du gypse afin de produire du plâtre. Les carrières de Montmartre eurent une activité très intense aux XVIIIe et au XIXe siècle. Cela ne fut pas sans conséquences. On y enregistra même des tremblements de terre.
En tout état de cause, l’eau qui affleurait via les fontaines, n’arrivait plus les atteindre, se perdant dans la profondeur de la colline. Aussi, progressivement nos sources se tarirent. Ce ne sont plus que des lointains souvenirs.
Sources bibliographiques :
- Sellier, Charles. Curiosités du vieux Montmartre : les fontaines, Montmartre-vignoble / Charles Sellier. 1893.
- Image ; Fontaine à Montmartre. 13 octobre 1852 par Jean Marie Amelin – crédit BHVP