Les foires de Champagne
Les foires de Champagne étaient les zones d’échanges entre le Nord et le Sud de l’Europe pendant le Moyen Age
Les foires médiévales françaises existaient sur le modèle des foires de Champagne et de Brie, très active au haut Moyen Age, après la fin des invasions normandes.
Ces foires s’étaient développées sous l’impulsion des comtes de Champagne et de Brie. Se déroulant dans plusieurs villes de ces provinces, elles marquaient le calendrier annuel : Provins au mois de mai, Troyes en juin, Reims en janvier… C’est en tout 17 villes qui organisaient régulièrement des foires à travers la région.
Ces foires avaient toutes un point commun : les franchises et privilèges qui plaisaient tant aux marchands itinérants, venus de France, d’Allemagne, de Flandres, d’Italie.
Des foires au centre du système économique européen
Après les invasions du IXe siècle, le commerce européen était marqué entre deux pôles économiques importants :
- Le Nord de l’Europe, soit les Flandres et le nord de l’Allemagne, au contact des pays scandinaves et
- l’Italie, au contact de la Méditerranée et des pays arabes.
Aussi, pour commercer, des marchands itinérants venus de ces grands pôles se retrouvaient dans des foires et échanger leurs marchandises.
Dans ce système, les foires de Champagne étaient le point de rencontre dans l’Europe occidentale.
Les privilèges et les franchises qui faisaient la renommée de ces foires
Tous les marchands étrangers pouvaient entrer dans la province, grâce au sauf conduit des foires pour y séjourner, repartir, avec leurs marchandises. La condition était simple. Elles devaient y être mises en vente et y rester le temps prévu pour la foire. Ces marchands alors étaient dispensés d’impôts et étaient assurés de ne pas risquer d’être arrêté.
En outre, seuls les gardes des privilèges étaient autorisés à contrôler ces marchandises.
Chaque foire disposait de deux gardes, en complément d’un chancelier garde des sceaux et 2 lieutenants (un pour tenir le siège en l’absence des gardes et un pour suppléer au chancelier). Des notaires passaient les actes et les sergents les exécutaient. Au moi05ns un des gardes devait être présent la veille du début de la foire, jusqu’à sa fin.
Les foires de Champagne démarraient par les trois jours des draps. Pendant toute leur durée, les changeurs devaient tenir leurs loges. Leur activité était symbolisée par les tapis qu’ils posaient dans leurs boutiques. Suivant la nature des marchandises, elles devaient être présentes, soit quelques jours, soit pour l’ensemble de la durée de la manifestation.
Deux sortes de visites étaient organisées :
Visite des gardes conservateurs |
Prud’hommes |
Elle se déroulait au début de la foire, dans les halles, les boutiques où devaient se tenir les marchands.
Elle avait pour enjeu de s’assurer que les marchandises étaient sûres |
Les corps de marchands et des communautés des métiers organisaient également des visites.
Ces visites visaient à mesurer la qualité des marchandises |
Les changeurs apportaient la sécurité des transactions. En effet, comme aucun des marchands ne résidaient en Champagne, il était essentiel d’apporter des contreparties. Aussi, les lettres de changes permettaient d’organiser les créances qui pouvaient être réglées en plusieurs fois, au rythme des différentes foires. Une police surveillait l’activité des changeurs afin de s’assurer de l’étanchéité entre le montant de la créance et l’intérêt.
Le déclin des foires à partir du XIIIe siècle
Les comtés de Champagne et de Brie furent réunis à la Couronne de France en 1284 lors du mariage de Philippe le Bel. Progressivement, les foires perdirent de leur superbe.
En 1349, Philippe de Valois tenta de les relancer. Il réaffirma alors les privilèges et en supprimant les impôts qui s’étaient rajoutés.
Avec ses troubles qui durèrent très longtemps, la Guerre de 100 ans contribua fortement au déclin de ces foires. Les routes étaient encore moins sûres. Cette situation pouvait aussi déporter le passage, soit par la mer, en passant par la Méditerranée, l’Atlantique et la Manche, soit par l’Allemagne.
Toutefois, selon Jacques Le Goff, ce fut surtout le changement de modèle du marchand qui entraîna la fin de ces foires. En effet, progressivement, les marchands itinérants furent remplacés par des marchands sédentaires. Ces derniers qui grâce à un système bancaire se perfectionnant pouvaient organiser des caravanes. Aussi, des points de rencontre n’étaient plus aussi nécessaires puisqu’il devenait possible de relier directement les grandes villes dans les deux pôles économiques européens médiévaux.
Sources bibliographiques :
- Foires et marchés du royaume, ouvrage contenant 1° un état des foires les plus fameuses de la France et des pays étrangers 2° une indication par ordre alphabétique de toutes les foires et marchés francs
- Le Goff, Jacques. Marchands et banquiers du Moyen Age. PUF. Paris 1956