Les foires
Les foires parisiennes, des moments de fêtes et de joie qui revenaient régulièrement dans l’année
Quelle différence entre un marché et une foire ?
A la différence d’un marché plus régulier dans la vie courante, la foire était plus ponctuelle et de ce fait plus solennelle. En effet, les foires attiraient des marchands qui venaient souvent de loin. Aussi, elles nécessitaient un attrait qui composait largement le coût du voyage. En effet, avec un certain nombre de vendeurs, l’offre devient particulièrement prisée pour attirer de nombreux acheteurs. Cet attrait était augmenté par des régimes fiscaux particuliers : les franchises. En effet, partout en France, le commerce était régit par de nombreuses taxes. Aussi, les marchands étaient attirés par ces foires dans lesquelles la franchise était garantie pour certains lieux et certains temps. Ce privilège était donné par le roi, qui pouvait l’amender, voire le supprimer à sa guise.
Les foires étaient souvent associées à des fêtes de saints ou de dédicaces d’église.
Les marchands de foires, appelés les forains, étaient soit établis dans une ville, soit était ambulant. Le commerce était contrôlé par des inspecteurs, qui se rendaient sur les lieux, avant l’ouverture.
Durant le Moyen Age et jusqu’au XVIIIe siècle, Paris comptait quatre foires
Ces quatre foires avaient toutefois une importance inégale. En effet, deux se distinguaient :
La foire Saint Laurent | La foire Saint Germain |
Fondée au XIIIe siècle, elle avait lieu au Nord de Paris, entre faubourg Saint Denis et Saint Martin, sur le territoire de Saint Lazare
Jusqu’au XVIIe siècle, elle se tenait sur les champs et les bords de route pendant 8 jours en août. Un enclos fut aménagé avec des halles en bois au milieu du XVIIe siècle |
Fondée à la fin du XIVe siècle, elle se tenait à proximité de Saint Germain des prés qui la possédait.
Cette foire avait lieu début février, caractérisée par 8 jours de franchises. Les marchands parisiens prenaient ensuite le relais et tenaient leurs étalages jusqu’à la veille des Rameaux. |
Ces deux foires étaient marquées par le privilège de la franchise des marchandises tant durant leurs transports que l’étalage. Ainsi, les forains étaient protéger des saisies, mais devaient tout de même se soumettre aux contrôles des corporations parisiennes.
Deux autres foires se tenaient également dans Paris
La foire du Temple | La foire aux Jambons |
Appartement au grand prieur de France, la foire du Temple se déroulait dans la cour du monastère. Elle avait lieu le jour de la Saint Simon et de Saint Jude, correspondant à la dédicace de l’église du prieur.
Au XVIIe siècle, c’était surtout des fourreurs, camelotiers et des merciers qui venaient alimenter les étalages. Elle était aussi appelée la foire aux nèfles, car elle était l’occasion de faire venir les provinciaux nouvellement arrivés pour qu’ils demandent des nèfles. En effet, les marchands gardaient des torchons couverts de suie dans leurs loges et barbouillaient ces nouveaux venus. La foule se mettait à les pourchasser en les huant : « Aux nèfles ! Aux nèfles ! ». |
Cette foire se tenait tous les ans, le mardi de la Semaine Sainte sur le parvis de Notre Dame.
Elle fut ensuite décalée sur les grands boulevards puis au milieu du XIXe siècle, sur le boulevard Richard Lenoir. |
Au nord de Paris, se tenait en juin, la foire du Landit, à Saint Denis. Il s’agissait peut être en fait de la foire originelle, fondée par Charles le Chauve, sur le modèle de celle voulue par Charlemagne à Aix la Chapelle.
Au XVIIIe siècle, se développèrent deux autres foires
- La foire Saint Clair à proximité du Palais Royal
- La foire Saint Ovide, place Vendôme et qui profita du déclin alors de la foire Saint Laurent
Le théâtre de foire, quand des spectacles atteignent un niveau formidable
Comme on peut se douter, la foule venue en masse dans les foires, attiraient toutes sortes de saltimbanques.
Avec le temps, et particulièrement entre le Grand Siècle et la Révolution, deux foires virent se développer des spectacles grandioses. Parisiens, aux foires Saint Laurent et Saint Germain, vous veniez applaudir les marionnettistes et les danseurs de cordes. C’est aussi là naquit l’Opéra comique, s’appuyant sur la vie populaire.
Ainsi, les foires furent un moment essentiel de l’histoire du théâtre parisien.
En savoir plus sur le théâtre de foire
Les foires parisiennes, des lointaines descendantes des foires de Champagne, sans renouveler l’éclat commercial
Entre les invasions du IXe siècle et la guerre de 100 ans, l’activité commerciale française avait pour cœur la Champagne. En effet, à cet endroit, sous la protection des comtes de Champagne, marchands itinérants de Flandres et d’Italie se retrouvaient pour échanger leurs produits (draps pour les uns, épices pour les autres).
Ces foires reposaient sur les principes de franchise, qui furent repris par la suite à Paris. Elles se succédaient dans les différentes villes du comté : Reims, Troyes, Provins, tant et si bien que toute l’année était occupée par ces manifestations.
Le calendrier des foires d’île de France au XVIIIe siècle
Mois | Lieu |
Janvier | Chelles : 30 janvier |
Février | Gonesse : 3 février
Lagny : 3 février Palaiseau : 3 février Foire Saint Germain à Paris : 3 février |
Mars | Crépy en Valois : foire aux chevaux et aux bestiaux
Compiègne : jeudi de la mi Carême Ferté Alais |
Avril | Chaume en Brie : foire aux œufs
Longjumeau : foire aux œufs Monnans Foire aux jambons, mardi de la Semaine Sainte sur le parvis de Notre Dame (appartient à l’archevêque de Paris et au chapitre de Paris). |
Mai | Versailles : 1er mai
Louvres : 1er mai Magny en Vexin : 1er mai Senlis : 2 mai Torcy : 3 mai Yerres : 3 mai Soissons : 6 mai : foires aux bestiaux Braine : 6 mai ; foire aux bestiaux Saint Cloud : 7 mai Compans la ville : foire aux bestiaux et denrées ; 21 mai Fontainebleau |
Juin | Meudon : 1er juin : foire royale
Arnouville : foire aux bestiaux, vins en gros et marchandises (trois jours) Saint Denis : lundi après le 11 juin : foire du Landit pendant 8 jours Dormelle : 19 juin Longjumeau : 25 juin Rosay en Brie : 25 juin Senlis : 25 juin Chaume en Brie : mardi avec la Saint Pierre (29 juin) |
Juillet | Mesnil : 5 et 6 juillet
Chevreuse : 22 juillet |
Août | Donnemarie : 6 août
Arpagon Gersy : 24 août Foire Saint Ovide à Paris : 15 août Vauhallant : 24 août Foire Saint Laurent à Paris : 25 août Versailles : 25 août Yerres : 31 août : foire aux bestiaux |
Septembre | Mesnil : 2 septembre
Bezons : premier dimanche après la saint Fiacre (30 août) Saint Cloud : 8 mai Montezy : 8 et 9 septembre : foire aux bestiaux Brie Comte Robert : 14 septembre Sucy en Brie : 14 septembre : foire aux bestiaux Montfermeil : 19 septembre Dourdan : lundi suivant le 3e dimanche de septembre Plandi en Brie : 21 septembre Luzarche : 27 septembre Charenton : 29 septembre Crécy en Brie : 29 septembre Magny en Vexin : 29 septembre |
Octobre | Mennecy : 9 octobre : foire aux chevaux et bestiaux
Saint Denis : 9 et 10 octobre : foire aux bestiaux Coulommiers : 10 octobre ; foire aux bestiaux sur 8 jours Chaume en Brie : 19 octobre pour la foire de Saint Savinien Senlis : lundi suivant le 18 octobre Brie Comte Robert : 28 octobre Châteaufort, près de Versailles : 28 octobre Luzarche : 28 octobre Foire de Saint Simon et Saint Jude au Temple : 28 octobre ; foire des manchons, des fourrures, camelots, merceries (appartient au Grand Prieur de France) Fontenay : 30 octobre |
Novembre | Roissy : 2 novembre
Crépy en Valois : foire aux chevaux et aux bestiaux : 3 novembre Arnouville : foire de la Saint Martin Chevreuse : 11 novembre Pontoise : 11 novembre Savigny : 11 novembre Soissons : lundi qui suit le 11 novembre Compans la ville : foire aux bestiaux et denrées ; 21 novembre Fontainebleau : 25 novembre Louvres : 25 novembre Palaiseau : 25 novembre Brie Comte Robert : 30 novembre Lagny : 30 novembre |
Décembre | Bièvre : 6 décembre
Torcy : 9 décembre Braine : 14 décembre Longjumeau : 21 décembre |
Ainsi, on peut constater que même si elles s’étalaient toute l’année, les foires avaient principalement lieu sur deux périodes : mai – juin et août à fin novembre.
Plusieurs jours revenaient régulièrement pour l’organisation de ces manifestations :
- 3 février
- 25 juin
- 29 septembre
- 28 octobre : Saint Simon et Saint Jude
- 11 novembre : Saint Martin
Les foires aux bestiaux :
Ces foires étaient le lieu de vente des animaux engraissés. Les principaux clients étaient les bouchers qui venaient s’y approvisionner.
En Ile de France, ces foires se tenaient principalement autour de deux périodes : mai – juin, puis de fin août à début octobre.
Outre les foires aux bestiaux, il y avait :
- Les foires aux chevaux
- Les foires de cochon.
Il s’en tenait une à Sussy en Brie le 14 septembre à l’occasion de la Sainte Croix, ainsi qu’à Champigny les jours de la Pentecôte et de la Toussaint.
Sources bibliographiques :
- Foires et marchés du royaume, ouvrage contenant 1° un état des foires les plus fameuses de la France et des pays étrangers 2° une indication par ordre alphabétique de toutes les foires et marchés francs
- Heulhard, Arthur. La foire Saint Laurent, son histoire, ses spectacles. 1878
- Journal de la semaine du 24 janvier 1886