La foire Saint Laurent
La foire Saint Laurent se déroulait, chaque été, à la joie des parisiens modestes qui venaient faire la fête.
L’activité marchande de Paris était organisée autour des ports sur la Seine, les Halles pour les marchandises venues par la route et ses foires. Deux foires marquèrent l’histoire parisienne : la foire Saint Laurent et celle de Saint Germain.
La foire Saint Laurent se déroulait pendant l’été et attira multitudes de forains pendant le Moyen Age jusqu’à la Révolution
Une initiative des moines de Saint Lazare, rachetée par le roi
Les origines de la foire sur les terres des moines de Saint Lazare remontent au XIIe siècle. En effet le roi de France, Louis VI le gros accorda aux religieux le droit de tenir une foire. Elle se tenait à proximité de leur couvent. Ouvrant le 3 novembre, elle durait 8 jours.
Puis, Louis VII le jeune accorda une semaine de plus en 1137. Il accorda la possibilité ensuite de tenir cette foire sur une durée indéterminée.
En 1181, Philippe Auguste acheta aux moines le droit de la foire, qu’il fit transférer aux Halles. Il la rendit permanente et reconnut pour le couvent une rente perpétuelle de 300 livres. Les gouvernants successifs l’acquittèrent jusqu’au XVIIIe siècle.
Une foire temporaire pendant l’été
Les religieux de Saint Lazare ne restèrent pas en reste. Aussi, ils réorganisèrent un autre événement, le jour de la Saint Laurent, le 10 août. Ils furent alors autorisés de réunir des forains pour une durée s’étendant du lever au coucher du soleil.
Toutefois, cette durée ne fut pas simple à mettre en oeuvre. En effet, les gardes voulaient souvent partir plus tôt en fin d’après midi. En outre, les corporations de Paris ne voyaient pas d’un bon oeil l’initiative. Les lettre patentes de 1344 réglèrent la situation.
La foire se prolongea ensuite sur 8 jours, pour atteindre 2 semaines en 1616.
A la différence de celle de Saint Germain, la foire Saint Laurent se caractérisait par sa destination modeste. Elle était là pour les parisiens. Progressivement les spectacles donnés à l’occasion prirent de plus en plus d’importance, attirant nombreux curieux.
Une foire qui avait lieu dans un espace compris entre les rues du Faubourg Saint Denis, du Faubourg Saint Martin et l’église Saint Laurent.
Au Moyen Age, les marchands se retrouvaient sur un terrain vague, entre les routes de Saint Denis et Saint Martin. Le centre névralgique était autour de Saint Laurent. Avec le temps, ils prirent de plus en plus de place. Aussi, les religieux durent faire respecter la voirie.
En 1663, la foire fut fixée dans un enclos.
En effet, à cette date, après avoir acheté un beau terrain, les moines de Saint Lazare firent construire 8 halles. Ces bâtiments, en chêne, mesuraient 100 mètres carrés au sol et pouvaient accueillir 26 boutiques chacun.
L’enclos fut aménagé. On ouvrit 4 points d’accès :
- rue du Faubourg Saint Denis, en face du couvent Saint Lazare,
- rue du Faubourg Saint Martin, en face du couvent des Recollets,
- deux sur la rue Saint Laurent.
Dix rues organisaient l’intérieur de l’enclos : rue neuve Saint Lazare, Saint Louis, Saint Laurent, Saint François, des trois pavillons, Saint Lazare, Royale, Dauphine, Princesse et de la Lingerie.
Il fallait rajouter deux dépendances :
- le préau des carrosses, où les voitures étaient gardées,
- le préau des spectacles, où de nombreux comédiens se produisaient.
Une foire administrée par les religieux de Saint Lazare
C’était en effet, le prieur qui accordait aux marchands les bons pour occuper leurs places. Ces bons pouvaient être temporaires et n’étaient pas cessibles sans son autorisation. Chaque année, il désignait deux syndics parmi eux qui étaient chargés de prélever le loyer.
Il détenait sur les lieux la moyenne et basse justice. Aussi, il était le seul à pouvoir exercer le droit de prélever des impôts. En effet, même si les corporations parisiennes pouvaient réaliser des contrôles, la foire était franche. Ainsi, les forains pouvaient sans avoir à payer de taxe de passage ou au roi apporter et entreposer leurs marchandises à Saint Laurent.
Avec le temps, le prévôt de Paris s’intéressa de plus en plus à la foire. Aussi, au XVIIe siècle, il se déplaçait sur les lieux, ou se faisait représenté par son lieutenant
Le déclin et la fin d’une foire
En 1762, l’opéra comique fut interdit. Ce genre théâtre était devenu la principale attraction de l’événement. Le public et les marchands désertèrent les lieux, préférant d’autres foires plus récentes : la foire Saint Clair, dans le quartier Saint Victor et la foire Saint Ovide, place Vendôme.
En outre, avec les évolutions d’urbanismes parisiens de la fin du règne de Louis XV, s’instituèrent des fêtes dans chaque quartier. Les grands boulevards prenaient leur essor.
Les religieux de Saint Lazare vendirent leur enclos en 1777, tout en conservant l’espace des préaux pour faire des jardins.
Après l’incendie de la foire Saint Ovide en 1778, les forains rejoignirent une nouvelle fois l’enclos. La manifestation se maintint jusqu’à la Révolution. Les installations furent détruits lors du percement des rues de Chabrol et neuve Marché Saint Laurent en 1826.