Les façades de la rue Eugène Flachat
Les façades de la rue Eugène Flachat : une symphonie de couleur et de contraste des différents styles du XIXe siècle
Dans le XVIIe arrondissement, entre le boulevard Berthier et le boulevard Pereire, un petite rue charmante permet de s’éloigner de la porte de Courcelles.
Ce qui est intéressant ici, c’est la diversité de ses façades, construites à la fin du XIXe siècle. On y découvre de nombreux styles à l’oeuvre.
Le style néogothique
Au cours du XIXe siècle, le gothique est mis en avant. Certes le roman de Victor Hugo met en avant avec son romantisme la grandeur de la cathédrale Notre Dame de Paris, mais l’architecte Viollet le Duc avec ses restaurations de nombreuses églises célèbre ce style. Membre influant de l’architecture de son moment, il remet en avant les caractéristiques du néogothique.
L’hôtel de Gaston Aubry
On retrouve dans la rue Eugène Flachat, un petit immeuble dans ce style. Ici, au numéro 8 de la rue, l’architecte Gaston Aubry construisit un petit hôtel particulier en 1881.
Sur cet immeuble de deux étages, on peut admirer de nombreux ornements. Les balcons tout d’abord : Avec la fleur de lys, mais aussi des motifs pouvant orner des églises
Ensuite, mimant des petits chapiteaux supportant des linteaux, des petits angelots sont nombreux sur la façade. On retrouve aussi au dessus des colonnes structurant la fenêtre, un petit ensemble végétal.
Enfin, la maison est surmontée par une petite fenêtre avec son pignon.
A noter qu’en face, au 1 bis de la rue, la porte de l’immeuble reprend ce couronnement typique du néogothique.
Au 30 de la rue, on retrouve de nouveau une porte néogothique.
Le style néo Louis XIII
L’hôtel particulier réalisé par Georges Louis Bayard
Aux 16 et 18 de rue Eugène Flachat, un double immeuble fut construit selon les plans de Georges Louis Bayard. Ce style reprend celui de Louis XIII, avec quelques unes des caractéristiques :
- l’utilisation large de la brique rouge et les jeux de géométrie
- les fenêtres supérieures reposant sur la continuité de la façade et coiffées d’un bel encadrement
- le toit arrivant à partir du 3e étage.
Après le temps du XVIIe siècle n’est pas à l’oeuvre dans les jolies pièces colorées espaçant le haut des fenêtres du premier étage.
A noter au niveau de la porte, les petits dragons gardant les côtés !
Le 26 de la rue Eugène Flachat
On retrouve aussi ce style au 26 de la rue. Ici, le style ressemble encore plus aux maisons de la place des Vosges ou Dauphine.
Les pierres de refend sont nombreuse séparant les deux espaces (à gauche et à droite) de la façade
La polychromie
La villa de Charles Girault
Au 14 de la rue, se dresse une belle et élégante façade, édifiée en 1895. Ici, le vert de la céramique contraste avec le jaune de la brique, dans un ensemble harmonieux.
La céramique surplombe à chaque fois les fenêtres, tout en créant des frises pour séparer les niveaux.
Charles Girault, qui est l’architecte de cette maison, est aussi connu à Paris pour avoir dirigé la construction du Petit Palais lors de l’Exposition universelle de 1900. On lui demande de coordonner celle du Grand Palais. Il réalisa aussi le tombeau de Pasteur.
La maison Dumas par Paul Sédille
Cette magnifique maison en polychromie dispose de deux façades : l’une donne sur la rue Eugène Flachat, l’autre sur le boulevard Berthier. Installée au 32 de la rue Eugène Flachat en 1892, elle est l’oeuvre de Paul Sédille, architecte du Printemps.
Les céramiques de Jules Loebnitz lui donnent cette couleur magnifique.
Le rationalisme constructif
L’hôtel particulier construit par Georges Louis Bayard
Dans son oeuvre sur l’architecture, Viollet le Duc revient sur une approche : le rationalisme structurel. En effet, au cours du XVIIIe siècle, les Lumières posent le principe du rationalisme aussi dans l’architecture, en basant tout sur la science et en rejetant l’imitation des traditions. Dans cet esprit Viollet le Duc au XIXe siècle pose comme principe la solidité et l’utilité de l’édifice, tout en ayant une sort d’indifférence à la forme finale.
Ainsi, au 24 de la rue Eugène Flachat, l’architecte Georges Louis Bayard reprit, en 1882, ces principes en dessinant une façade en pierre blanche. Ici la forme sont droites, donnant un côté austère, tout en proposant une frise sous une corniche ou entourant la fenêtre du premier étage.
A noter au 9 de la rue Eugène Bayard, un autre immeuble signé par Georges Louis Bayard. La pierre blanche est aussi retenue. Ici, il est manifeste que l’édifice a été réhaussé par la suite, avec cette rupture de style au dessus du 1er étage.
L’hôtel particulier par Jean Brisson
A l’angle entre le boulevard Berthier et la rue Eugène Flachat, Jean Brison réalisa un magnifique hôtel particulier en 1891. La brique et la pierre alternent ici.
On retrouve en outre un allégorie de la peinture, reproduisant le paysage des alentours. Nous voici replonger dans l’ambiance des peintres du boulevard Berthier.