Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de tour

La fabrique de plomb de chasse de Clichy

La fabrique de plomb de chasse de Clichy : du haut d’une tour, on précipitait des billes de plomb fondues …

 

Dans la première moitié du XIXe siècle, on fabriquait les plombs de chasse à l’aide de la gravitation. L’industrialisation de Paris et de sa banlieue était en marche. Après les manufactures du siècle précédent, des industriels se lancent dans des projets entrepreneuriaux toujours plus grands.

La fabrique de plomb de chasse s’inscrivait dans cette logique.

 

Une manière de fabriquer du plomb de chasse en développement au tout début du XIXe siècle

Venue d’Angleterre, une nouvelle méthode pour fabriquer des plombs de chasse arriva en région parisienne sous l’Empire. Il s’agissait de faire tomber du plomb fondu après l’avoir fait passer au travers d’un crible sur une grande hauteur.

Ainsi, en arrivant au sol, le plomb s’était durci, conservant la forme voulue au regard du calibre recherché, tout en conservant sa densité.

Cette approche était considérée comme plus intéressante pour que le recours à l’eau pour refroidir les billes de plomb.

Dans cet esprit, on utilisa la Tour Saint Jacques pour faire cette fabrication. Toutefois, située en plein cœur de Paris, elle avait l’inconvénient d’être le lieu parfait pour déclencher plusieurs incendies. Ce qui ne manqua pas d’arriver plusieurs fois.

 

Un projet qui voit le jour à Clichy

Aussi, au début des années 1820, un industriel se lance dans l’aventure, en se faisant construire une tour « en charpente extrêmement élevée », comme nous le lisons dans le Constitutionnel du 2 octobre 1823.

Clichy est dans une banlieue plus éloignée du centre de Paris. C’est un village qui grossit certes, mais qui conserve son ambiance campagnarde. Rappelons qu’à l’époque, Paris se limite aux limites du mur des fermiers généraux (soit les parcours des lignes actuelles 2 et 6 du métro) !

De ce fait, le lieu est moins dense, ce d’autant que l’adresse choisie, 43 rue de Neuilly, présente plusieurs avantages. Située non loin de la Seine, elle pouvait être alimentée en combustible et un peu à l’extérieur de Clichy, on risquait moins les ravages d’un incendie.

 

Une manufacture qui disparait vite

Tout de même ce mode de fabrication n’est pas aisé. La manufacture doit fermer en 1830, comme nous le lisons dans le Journal des Débats Politiques et Littéraires du 6 septembre 1830.

 

« Etude de Me Devaureix, avoué, à Paris, rue Neuve Saint Roch, n° 45. Adjudication préparatoire sur licitation , le samedi 9 octobre 1830, à l’audience des criées du tribunal civil de la Seine, en deux lots, 1° de la Belle et vaste Manufacture de plomb laminé, de tuyaux en plomb étirés et de plomb de chasse de Clichy la Garenne, ayant pour principal moteur une machine à vapeur de la force de 20 chevaux et composée d’une grande maison d’habitation, ornée de glaces , d’une cour, d’un jardin et d’un grand terrain à la suite ou sont les bâtiments d’exploitation, ensemble de la plus grande partie «les machines de l’usine ». Le tout situé audit Clichy-la-Garenne près Paris, rue de Neuilly, n° 43, estimé par expert 209,900 francs ; 2° d’une pièce de terre, dite le pré Jandot, située derrière ladite manufacture et bordant le chemin de halage de la Seine, d’une contenance d’environ 3 hectares 08 arcs 47 centiares, estimée 25,850 francs

S’adresser pour voir les lieux à Clichy : au gardien et concierge de l’établissement : et pour les conditions de la vente et autres renseignements, à Paris, 1° chez Me Devaureix , rue Neuve Saint Roch, n°45, avoué poursuivant, dépositaire des rapports d’expert et titres de propriété, avec lequel on pourra traiter de la propriété des brevets d’invention et e perfectionnement, d’après lesquels avait été établi le laminoir, 2° et chez M. Noury, rue de Cléry, n° 8, avoué des liquidateurs co-poursuivant la vente. »

 

Sources bibliographiques :