Les excavations de la place Saint Michel lors de la crue de 1910
Les excavations de la place Saint Michel lors de la crue de 1910 : quand la chaussée saturée d’eau s’écoule !
Endroit clef de rencontre en bas du quartier latin, en face de l’île de la Cité et à proximité de nombreux restaurants et bars touristiques, la place Saint Michel est très appréciée par les parisiens. Nombre viennent admirer la grande fontaine, où le saint terrasse le dragon.
Toutefois, en janvier 1910, l’ambiance était totalement différente. Très humide dirons nous !
L’inondation qui démarre par la gare Saint Michel
Comme aujourd’hui, la gare Saint Michel était en 1910, un arrêt de la ligne de chemin de fer suivant la Seine. Et comme aujourd’hui, dés que le niveau du fleuve augmente, cette ligne se retrouve en première ligne et doit être fermée dés que les 4 mètres de crue sont atteints.
Aussi, pas beaucoup de surprise que la crue de 1910, qui dépassa les 9 mètres prit totalement de cours ce lieu et la gare Saint Michel.
Dés le 21 janvier, la gare est inondée. Dans son édition du 22 janvier, le Figaro écrit :
« A la gare Saint Michel, où nous nous rendons, l’eau jaillit de partout en mince filets, glisse le long des murs, pénètre sous le bitume des plates formes qu’elle boursoufle et crève. Pour atteindre le bureau de chef de gare, il faut passer sur un plancher de bois, que l’eau commence à recouvrir. »
Le journal poursuit le lendemain :
« A la gare Saint Michel, les rails ont disparu sous les eaux, qui atteignent une hauteur de 40 centimètres. Sous le quai Conti, elles s’élèvent jusqu’à 1 mètre 50. »
De son côté, le Petit Parisien complète :
« A la gare du pont Saint Michel, l’importance des dégâts s’annonce énormes. Des fissures se sont produites dans les murs bordant les voies, de chaque côté, entre les gares du pont Saint Michel et d’Orsay. Par ces fissures qui s’élèvent jusqu’à deux mètres de hauteur, de véritables cascades coulent sans répit sur le ballast. »
Des excavations sur la place
Avec la montée de la crue, les infiltrations souterraines sont de plus en plus nombreuses. Aussi, sur le bord du fleuve, le sol se retrouve totalement pris dans cette ambiance humide. De ce fait, des instabilités arrivent et des excavations se forment à la surface.
Le 27 janvier 1910, le journal Le Matin rapporte :
« Et l’eau monte rue de Bièvre, place Maubert, dans le 5e arrondissement. Il a fallu barrer la rue de Buffon, suivre quai Saint Bernard, la passerelle donnant accès à la Halle aux vins, interdire la circulation dans la rue Danton, entre la rue Serpente et la place Saint Michel, et à l’entrepôt Saint Bernard maçonner les portes où maintenant la vague vient frapper. »
Le journaliste donne vite l’explication de ce trouble :
« Une excavation de deux mètres carrés a défoncé le sol, place Saint Michel «
Protection contre l’eau
Cette eau souterraine se retrouve également dans les égouts dont la pression grossit fortement. Les bouches d’égout deviennent vite un problème. Le Petit Parisien indique le 27 janvier :
« Quai des Grands Augustins, à quelques mètres de la place Saint Michel, les bouches d’égout qui avaient été aveuglées avant-hier soir dégorgent dans les rues et c’est un lac qui se forme devant le 25 et s’étend dans la rue Git le Cœur »
Le lendemain, face à une nouvelle excavation, on rajoute des palissades pour empêcher les passages.
« Sur la place Saint Michel, des ouvriers sont occupés à entourer d’une palissade une excavation qui s’est produite vers neuf heures en face du café qui fait l’angle du quai Saint Michel et du boulevard Saint Michel. »
Ce grand trouble finit par poser des problèmes dans les conduites de gaz, comme le signale le Matin du 29 janvier 1910.
« Les égouts de la rue de la Clef débordent. En très peu de temps, les eaux atteignent une hauteur de 30 centimètres. A 5h25, une excavation se produit sur le trottoir à l’angle du quai et de la place Saint Michel. Une forte odeur de gaz se dégage. »
Sources bibliographiques
- Le Figaro du 22 janvier 1910
- Le Figaro du 23 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 23 janvier 1910
- Le Matin du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 28 janvier 1910
- Le Matin du 29 janvier 1910