Les entrées royales
Les entrées royales conduisaient le roi de la porte Saint Denis à Notre Dame. Un moment de fête pour Paris.
Après leur couronnement à Reims et une cérémonie à la basilique de Saint Denis, les rois se présentaient devant la porte Saint Denis pour y faire une entrée dans la liesse populaire.
A certaines occasions, le roi pouvait faire une seconde entrée (comme François 1er à son retour de captivité en avril 1526). En outre, les régents ont pu également avoir le droit à cette cérémonie (le duc de Bedford en 1424, Anne de Beaujeu en août 1483…)
La cérémonie des entrées royales était marquée par deux temps :
- des processions hors de la ville visant à accueillir le roi,
Le prévôt de Paris, ses échevins et les membres des différents corps de métiers sortaient par la porte Saint Martin pour aller à la rencontre du roi devant la porte Saint Denis pour présenter leur hommage. Ils profitaient de l’occasion pour présenter leurs requêtes
Après l’accueil du roi et sa réponse aux requêtes, le pont levis est abaissé et le cortège pouvait entrer dans la ville.
- par une procession du roi dans la ville.
Le cortège remontait la rue Saint Denis pour traverser la seine, passer devant le palais de la cité et rejoindre Notre Dame.
Le parcours était jalonné d’étapes et de cérémonie : porte de Saint Denis, Eglise de la Trinité, Saint Leu et Saint Gilles, Eglise des Saints Innocents, Sainte Opportune, Châtelet, Saint Denis de la chartre. En effet, le cortège était précédé d’un dais porté par les représentants de corporation de la ville. A chacune des étapes, un spectacle avait lieu et un nouveau corps de métier prenait le dais.
Arrivée devant Notre Dame, la cérémonie prenait une caractéristique religieuse : Les clercs sortaient de la cathédrale portant vêtements religieux, croix, candélabres, encensoirs. En effet, le roi devait promettre devant l’évêque de garantir les privilèges de l’église de Paris. Ici encore, une fois la promesse royale réalisée, les portes de Notre Dame s’ouvraient.
Enfin, un représentant de l’Université de Paris prenait la parole pour s’adresser au roi.
L’entrée royale s’achevait avec un banquet au Palais de justice.
Au moyen âge et suivant le contexte, les manifestations de l’accueil du souverain étaient laissées à l’imagination du peuple qui innovait à chaque cérémonie.
Parmi les mises en scène, on peut citer l’allégorie du pouvoir royal (roi sur le trône avec les vertus et les trois états en 1484), des symboles bibliques (Hérode et la massacre des innocents), de l’histoire de France (Charlemagne en 1491) ou l’antiquité (paysage de la cité avec la nouvelle Pandore en 1549).
Progressivement, avec l’époque moderne, elles deviennent des spectacles grandioses dans la scénario est figé à l’avance.
Des exemples d’ entrées royales :
L’ entrée royale de Charles V le 28 mai 1364 :
Charles V se présenta devant la porte Saint Denis, portant l’ensemble des signes royaux (la couronne, le sceptre, le manteau de fleur de lys). Devant lui, les parisiens vêtus de manière uniforme, en vert, s’agenouillèrent devant leur prince et les magistrats du parlement étaient en robe.
L’ entrée royale de Charles VII le 12 novembre 1437
Bien que sacré à Reims en 1429, Charles VII ne put entrer à Paris qu’après la paix d’Arras avec le roi d’Angleterre et le duc de Bourgogne. Paris était alors sous le contrôle des bourguignons et des anglais. Il se présente devant la porte Saint Denis en novembre 1437 en armes et accompagné du dauphin (le futur Louis XI). Le spectacle de la porte des champs représentait des anges, celui de la Trinité, le mystère de la Passion.
Les façades des maisons à la porte des Peintres, devant le Châtelet, la rue Neuve Notre Dame ornaient des tapisseries pour l’occasion.
L’ entrée royale de Louis XI le 30 août 1461
En 1461, Louis XI devint roi de France à la mort de son père Charles VII. Toutefois, il du sécuriser son pouvoir car, en conflit avec son père, il avait du se réfugier auprès du duc de Bourgogne. Ce dernier, présent comme les grands du royaume, était venu en grande compagnie pour montrer à tous son rôle de protecteur auprès du roi de France. En effet, soucieux de sa sécurité, Louis XI avait laissé son protecteur entrer en premier dans la ville et lui avait même offert de résider à l’hôtel Saint Pol. Cette entrée fut marquée par un incident avec l’Université absente lors de la cérémonie devant Notre dame et du refus du roi d’entendre son discours ensuite.
L’ entrée royale de Charles IX le 6 mars 1571
Cette entrée fut placée sous le thème du triomphe antique. Les poètes Ronsard et Dorat, le sculpteur Germain Pilon furent mis à contribution pour exalter les vertus du roi grâce à des devises et décors peints et sculptés. A chaque station, des spectacles mettant en scène des divinités grecques eurent lieu : Junon rue Saint Denis, Castor et Pollux à l’entrée du Pont Notre Dame.
L’ entrée royale de Louis XIII en décembre 1628
Louis XIII entra en triomphe dans Paris après sa victoire à la Rochelle. Ici encore, il s’agissait de glorifier le roi au travers de 12 stations représentant les 12 qualités royales allant de la clémence à l’éternité de la gloire. C’est alors l’ensemble de la ville, qui accueillit son prince sous les vivats, qui fut présentée en tant que le lieu de pouvoir et pas seulement le Louvre. A cette occasion, le parcours différa de celui traditionnel : le cortège partit de la place Royale (future place des Vosges) pour passer rue Saint Antoine et rejoindre l’hôtel de ville. Peu de temps après, il retrouva le roi qu’il conduisit alors à Notre Dame pour entendre le Te Deum avant de le ramener au Louvre.
Les reines aussi avaient droit à leur entrée royale dans Paris
Comme pour le roi, les reines de France eurent le droit à leur entrée royale. Elle pouvait avoir lieu après le sacre à Saint Denis afin que les sujets lui rendent hommage. Si le roi était déjà marié lors de son avènement, l’entrée de la nouvelle reine était toujours légèrement décalée de celle de son époux.
Autant les entrées du roi, le triomphe du pouvoir était marqué, autant la thématique développée pour celle des reines étaient autour de la paix (le mariage avec une princesse étrangère était synonyme de nouvelle alliance) et de maternité (la promesse d’un dauphin à venir apportait la stabilité du pouvoir politique du royaume).
A l’époque moderne, le parcours pouvait être légèrement différent. On peut citer par exemple l’ entrée royale de la reine Marie Thérèse après son mariage avec Louis XIV en 1660. Le couple royal entra dans Paris par la porte Saint Antoine, remonta la rue Saint Antoine pour rejoindre l’île de la cité, la place Dauphine magnifiquement décorée et rejoindre le Louvre.
Sources bibliographiques :
- Journal d’un bourgeois de Paris
- Heers Jacques. Louis XI. Perrin. 2003 p 56 -58
- Prévosteau Jacques, Entrée de Charles IX à Paris.
- Solnon, Jean-François. Catherine de Medicis. Perrin. 2008 p 224-226
- Moncond’huy Dominique, « Galerie et livre d’entrée (à propos de l’entrée de Louis XIII à Paris en 1628) », Dix-septième siècle 3/ 2001 (n° 212), p. 441-455
- Conférence de Canal Académie sur les reines de France par Fanny Cosendey
- Description des embellissements réalisés dans Paris pour l’entrée de Louis XIV et de Marie Thérèse en 1660