Dom Michel Félibien et dom Guy Alexis Lobineau
Dom Michel Félibien et dom Guy Alexis Lobineau réalisèrent une grande histoire de Paris en commande du prévôt
Avec leur Histoire de la Ville de Paris publiée en 1722, Félibien et Lobineau marque l’historiographie parisienne. Cette oeuvre monumentale pose une approche de l’histoire de la ville, sur laquelle nous reviendrons dans un autre article.
Avec une approche partagé avec le blog de Paris Libris, revenons ici sur ces deux personnages !
Dom Michel Félibien (1665 – 1719), originaire de Chartres, l’initiateur qui ne vit pas la fin
Fils d’André Félibien, Michel Félibien consacra sa vie en tant que moine bénédictin, vivant dans la Congrégation de Saint Maur.
Natif de Chartres, il était entré dans les ordres dans l’Abbaye de Lire en Normandie à 18 ans. Il rejoignit ensuite Saint Denis pour continuer ses études. Pendant son séjour dans les lieux, il passa beaucoup de temps à constituer une histoire des lieux. Ainsi, son histoire de l’Abbaye royale de Saint Denis fut imprimée en 1706.
C’est sur la base de ces travaux, plusieurs années avant leur impression, que le prévôt de Paris et ses échevins vinrent le trouver pour lui commander une histoire de la ville de Paris. Sur autorisation du révérend père de Saint Denis, dom Michel Félibien put rejoindre l’Abbaye de Saint Germain des prés.
Bien que d’une santé fragile, il se lança avec beaucoup d’ardeur dans ses recherches. Il put en effet proposé un premier prospectif, autorisé par Louis XIV en 1713. Il mourut en 1719, à l’âge de 54 ans, sans avoir réussi à finir son histoire de Paris
Dom Guy Alexis Lobineau (1667 – 1727) finalise l’ouvrage
Né à Rennes, Guy Alexis Lobineau fut également un moine de la Congrégation de Saint Maur. Ce moine bénédictin venait d’une famille d’hommes de loi et dont de nombreux procureurs au Parlement de Bretagne.
A l’âge de 16 ans, il entre dans les ordres et se consacre aux études, dans le cadre de sa vie monastique.
En 1687, il rejoignit l’équipe chargée de la rédaction de l’Histoire de la Bretagne. Ces travaux, financés par les Etats de Bretagne le mobilisèrent jusqu’à la publication du document en 1707. Ces deux volumes, représentant au total 2 000 pages évoquèrent l’histoire de la Bretagne de 458 à l’union avec la Couronne de France en 1532.
A la mort de dom Michel Félibien, Lobineau reprend le flambeau dans la rédaction de l’Histoire de Paris. En effet, Félibien s’était arrêté à l’année 1661 pour finir au début des années 1720, moment de la publication de l’ensemble. Il en profita pour compléter l’ensemble tout en rajoutant un nombre important de pièces justificative.
Deux moines de la Congrégation de Saint Maur
En 1618, la Congrégation de Saint Maur reprend la direction des monastères bénédictins en France. Installée à Saint Germain des prés, elle s’inscrit dans le patronage de Saint Maur, disciple de Saint Benoit. On désigna rapidement ses membres de mauristes.
A noter toutefois que même si la plupart des moines bénédictins la rejoignirent, l’Abbaye de Cluny, centre historique des bénédictins maintenu son indépendance.
La congrégation de Saint Maur fut caractérisée par une très grande érudition de ses membres. Dans ce contexte, de nombreuses recherches en histoire furent réalisées par les mauristes, suivant la direction du supérieur général Dom Tarisse en 1632.
Deux historiens chevronnés
Comme on peut le constater, l’Histoire de Paris de Félibien et Lobineau fut l’oeuvre de véritables historiens.
Félibien tout d’abord, était né dans une famille d’historiens. Son père, André Félibien s’était intéressé à l’histoire des arts, profitant de son long voyage à Rome, en tant que secrétaire d’ambassadeur. On lui doit ainsi une origine de la peinture notamment. De retour à Paris, il écrivit sur le château de Versailles.
Ensuite, le frère de Félibien, Jean François Félibien fut aussi historien. Il s’intéressa lui à l’architecture.
Enfin, comme nous avons pu le lire, Félibien avait réalisé une grande histoire de l’Abbaye de Saint Denis avant d’être approché pour rédiger l’Histoire de Paris.
Lobineau, lui aussi, était un historien chevronné à la fin des années 1710 lorsqu’il reprend les travaux de Félibien. Il avait à son actif l’Histoire de la Bretagne. Il connaissait alors les difficultés d’un tel travail ainsi que les risques dans les réactions. En effet, il avait du affronter des détracteurs par rapport à la manière dont il avait traité le positionnement de la Bretagne avant son rattachement à la Couronne de France. Ensuite, la puissante famille des Rohan lui reprocha la manière dont il avait évoqué ses origines.