Découverte de la France en ruines en 4908
Découverte de la France en ruines en 4908 : Le roman d’anticipation d’A Franklin évoque un grand cataclysme !
Transportons-nous bien loin dans le futur ! En 4908 ! Avec les ruines de Paris en 4908, Alfred Franklin signe dans la seconde partie du XIXe siècle, un magnifique roman d’anticipation. Il nous emporte dans une époque où Paris est alors en ruine, où la civilisation n’est plus en Europe mais en Nouvelle Calédonie.
« En vue de Paris, le 3 février 4908 »
A cette date, un explorateur envoyé devant Paris écrit une lettre « à son excellence, le ministre de la Marine et des Colonies à Nouméa (Calédonie) ».
Il rapporte alors le premier état de la réussite de sa mission et se met en rapport avec son mandant.
« Monsieur le ministre,
La flottille d’exploration dont votre excellence a bien voulu me donner le commandement a accompli sa première tâche.
Si, comme le veut la tradition, Nouméa dont son origine à une colonie parisienne, j’ai retrouvé le berceau de nos ancêtres. J’ai retrouvé la plus belle, la plus riche, la plus célèbre, la plus somptueuse ville du monde, car c’est en vue des ruines de Paris que j’écris cette dépêche. Elle sera remise à votre excellence par le lieutenant de vaisseau Invénies, qui a eu la gloire de poser le pied, le premier sur la terre que nous cherchions. »
L’arrivée par une tempête
« Le 10 mai, les vents ayant subitement tourné du sud sud-est au sud sud-ouest, la mer devint très grosse. Le baromètre descendit au-dessous de quatre-vingts millimètres, et une furieuse tempête dispersa les bâtiments de l’escadre. Mes craintes étaient d’autant plus grandes que les parages dans lesquels je naviguais sont inconnus, et que ma frégate dérivait avec une vitesse de vingt-cinq nœuds à l’heure. Bientôt, l’eau pénétra jusque sous les soutes, défonça les claires voies de la machine et menaça d’éteindre les feux.
A midi, étant par 34°37’46’’ de latitude nord et de 42°24’40’’ de longitude est, le vent s’abattit tout à coup, et des courants rapides me portèrent vers l’est, où nous apercevions terre. Deux de mes navires, le Repertrix et l’Eruo, purent alors me rallier, et nous avançâmes avec d’extrêmes précautions ; la sonde accusait six brasses seulement, et nous étions entourés d’une prodigieuse quantité de rats, qu’il fallut disperser à coup de feu. Enfin, vers six heures, nous jetions l’ancre sur un très bon fond de sable fin, dans un port immense et sûr. Un large fleuve y versait lentement ses eaux, et sur la côte, aussi loin que la vue pouvait s’étendre, un rideau d’arbres touffus nous dérobait l’horizon.
Je donnai l’ordre de réunir la flottille, et me proposait de séjourner pendant quelques temps dans cet endroit. Mon équipage avait besoin de repos, nous manquions depuis quinze jours de viande fraiche, et l’aviso Eureka que je vous envoie, réclamait d’urgentes réparations. »
Les traces d’un ancien cataclysme
« Je l’avoue, nous ne pensions guère à ce moment être aussi prêts du but de nos recherches. Kortambert, en effet, dans les fragments géographiques si savamment restitués par M. Dartieu dit d’une manière positive que Paris est située à environ deux cents kilomètres de la mer. Mais, il faut bien le reconnaître, nos érudits et nos géologues sont loin, même dans leurs hypothèses les plus hardies, d’avoir exagéré l’incroyable violence du cataclysme qui a bouleversé tout le vieux monde, et auquel notre petite île a eu seule le privilège d’échapper.
Vers cinq heures, pendant que l’équipage était à table, notre vue fut attirée du côté de la terre, par des flammes et des tourbillons de fumée, qui s’élevaient à peu de distance de nous, derrière le massif d’arbres. Je fis aussitôt un canot et j’envoyais à la découverte douze hommes commandés par le lieutenant Invénies.
Ils revinrent le soir, à neuf heures dix-huit minutes, apportant des nouvelles qui firent bondir d’espérance tous nos cœurs. »
La découverte d’une peuplade sur les lieux
« A trois ou quatre kilomètres de la côte, nos hommes avaient trouvé une ville d’aspect misérable, et dont les habitants, au nombre de deux mille environ, paraissent en proie à une grande agitation. Les flammes que nous avions aperçues de loin achevaient leur œuvre, et trois ou quatre demeures ne présentaient plus qu’un monceau de décombres. Il était facile de le voir, l’incendie avait précisément choisi les moins étroites et les moins pauvres ; et comme elle ne se trouvaient pas réunies sur le même point, on eût pu croire qu’une volonté criminelle les avait désignées à ses ravages. »
Comme nous le constatons, l’équipage prend d’abord son temps pour se reposer de son éprouvant voyage en mer. Il aura également l’occasion de découvrir les habitants des lieux, s’intéressant à leurs mœurs, mais surtout alléchés par la visite d’une ville en ruine à proximité.
Sources bibliographiques :
- Franklin, Alfred. Les Ruines de Paris en 4908.
- Image : La tempête, estampe par Jean Joseph Baléchou – crédit BNF