Danse macabre des Innocents
La danse macabre des Innocents, fresque du 15e siècle, était peinte sur les murs du cimetière des innocents. En mémoire de Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, assassiné en plein Paris.
Un évènement déclencheur : l’assassinat de Louis d’Orléans, frère de Charles VI le fou, rue Vieille du Temple en 1407 par Jean sans peur, duc de Bourgogne
L’abbé Dufour décrit la danse macabre comme un monument expiatoire de ce meurtre qui a déclenché la guerre civile entre Armagnac et Bourguignons.
Sa réalisation, évènement typiquement parisien et tracé dans le Journal d’un Bourgeois de Paris, fut effectuée en 1424
Peinte sur le charnier des lingères coté rue de la Ferronnerie, elle faisait partie d’une des nombreuses peintures murales réalisées sur le cimetière des innocents, au niveau des arcades des charniers. Il faut dire que dans le Paris médiéval, cimetières, églises et palais du Paris étaient couvert de peintures. On dénombrait entre 20 et 30 peintres dans le Paris au cours des XIVe et XVe siècle, vivant en majorité près de Saint Germain l’Auxerrois, Saint Jacques de la boucherie, Saint Nicolas des champs et dans les rues Saint Honoré et Saint Denis .
Commande du duc de Berry, oncle de Louis d’Orléans, elle fut l’ouvre combinée d’un peintre Jean d’Orléans et d’un poète Jean de Gerson. C’est à ce dernier que l’on doit l’idée générale, l’expiation.
Curé de Saint Jean en Grève lors de l’assassinat du frère de Charles VI et bien que proche des Bourguignons, Gerson fut profondément choqué par cet évènement et le dénonça. Il mobilisa le duc de Berry pour la réalisation de cette oeuvre.
La danse macabre des innocents met en scène la mort avec des personnages, deux par deux, religieux et laïcs :
- Le pape et l’empereur,
- le cardinal et le roi,
- le patriarche et le connétable,
- l’archevêque et le chevalier,
- l’évêque et l’écuyer,
- l’abbé et le bailly,
- le maître et le bourgeois,
- le chanoine et le marchand,
- le chartreux et le sergent,
- le moine et l’usurier,
- le médecin et l’amoureux,
- l’avocat et le ménestrel,
- le curé et le laboureur,
- le cordelier et l’enfant,
- le clerc et l’ermite.
Le prologue de l’acteur introduisait la représentation de ces personnages s’étalant sur quinze arcades intermédiaires. Un épilogue ‘un roi mort’ la concluait.
En dessous de chacune des peintures des strophes étaient représentées et se finissaient par une sentence. Certaines devinrent des proverbes encore connus de nos jours :
- « Qui trop embrasse mal étreint »
- « Petite pluie embrasse grand vent »
- « A toute peine est due salaire »
Ce thème de la danse macabre fut ensuite repris à de nombreuses occasions.
Il est à noter qu’une fresque représentant la mort devant des princes de France avait également été peinte à l’époque dans la chapelle d’Orléans du Couvent des Célestins où Louis d’Orléans fut enseveli.
En savoir plus sur le cimetière des innocents
Il reste 6 représentations de danses macabres existantes en France : Retrouvez ci-après celle de la Ferté Loupière, dans l’Yonne en Bourgogne, réalisée à la fin du XVe siècle :
Sources bibliographiques :
- Dufour Valentin, Recherches sur la dance macabre peinte en 1425 au cimetière des Innocents . Paris 1875
- Dufour Valentin, Etude sur le cimetière et le charnier des innocents. Paris 1874