La crue de 1740
La crue de 1740, inondation mesurée, au quotidien, par un savant hydrologue, ravagea, alors la ville entière
Une crue suivie de très près par un hydrologue de renom, Philippe Buache
Dés le début, cette crue frappa l’esprit des parisiens. Aussi, l’Académie des sciences mandata un hydrologue, Philippe Buache, pour la surveiller et mesurer son avancée.
Aussi, à l’aide d’assistants, il parcourut la ville pour mesurer jour après jour la hauteur de l’eau à plusieurs endroits de la ville. Avec ces mesures, il proposa une carte des parties inondées.
Outre les zones où le fleuve avait débordé, il rajouta les endroits touchés par les inondations souterraines, ainsi que les parties noyées par les engorgements des égouts.
Dans ses mesures, Philippe Buache releva que la hauteur d’eau n’était pas homogène tout au long du parcours du fleuve à Paris. En effet, l’eau a tendance à se rapprocher davantage de la rive droite, car le terrain qu’elle parcourt rive gauche est légèrement plus élevé. Ensuite, les tensions ne sont pas exactement les mêmes en période de crue qu’en période normale.
Une ville totalement sous les eaux, tant par le débordement de la Seine que les inondations souterraines
Le maximum de la crue fut atteint le 25 décembre 1740
La rive gauche inondée
Tout d’abord, la rivière de la Bièvre avait débordée sur tout son parcours : Salpétrière, près du Jardin des Plantes, l’abbaye Saint Victor, les fossés Saint Bernard… L’eau entre dans Paris par la porte Saint Bernard, entre dans Saint Nicolas de Chardonnet et rejoints la Seine par la place Maubert.
Comme on peut se douter le quartier de Saint André des arts étaient sous l’eau, tout comme l‘Institut de France, ainsi que la rue de Seine. Saint Germain des prés était touché en raison des infiltrations. L’eau se déversait dans les rues de l’Université, saint Dominique. Le Palais Bourbon constituait “un petit îlot”.
Toujours, sur la rive gauche, l’eau envahi la plaine de Grenelle.
tout comme la rive droite
Côté rive droite, la ville était inondée : cela partait des entrepôts de vin de Bercy, remontait la rue du Faubourg Saint Antoine, la rue de la Roquette. L’égout situé au niveau du boulevard des Filles du Calvaire y apportait de l’eau, jusqu’à la porte du Temple (actuellement la place de la République). L’Arsenal, les Célestins, la place de Grève, la Concorde tout était noyé. Tout comme les jardins des Champs Elysées et le Cours la Reine, ainsi que le Roule, dont Saint Philippe était en quelque sorte près d’un lac.
La zone touchée par l’inondation souterraine était encore plus grande, touchant un nombre inimaginable de caves.
Une ville paralysée par la crue de 1740 avec l’interdiction de circuler sur les ponts et qui craint alors la famine.
L’avocat Barbier témoigne, au pic de la crue, le 25 décembre 1740 :” La police a fait déménagé, il y a deux jours, tous les marchands et locataires qui sont sur les ponts Saint Michel, au Change, Notre Dame et pont Marie. L’eau est si rapide et si haute qu’on craint fort qu’elle ne les jette à bas”. Aussi, tout transport sur les ponts est interdit. Les habitants de l’île Saint Louis doivent attendre que le niveau baisse..
Des passeurs étaient payés avec 40 sols par jour… et interdiction de prendre plus d’un liard par personne.
Bien évidemment les vivres déclinaient mais on apporta de l’extérieur du blé pour les stocker dans les couvents et les hôpitaux. Toutefois, la situation était suffisamment préoccupante pour que les boulangers fussent interdits de faire le gâteau des rois.
Sources bibliographiques
- Pawlowski. Auguste. Les crues de la Seine (Vie – XXe siècle) : causes, mécanisme, histoire, danger, la lutte contre le fléau. Paris 1910
- Buache. Philippe. Plan du cours de la Seine dans la traversée de Paris relatif aux observations faites . Paris. 1741