Les confréries
Les métiers de Paris étaient très souvent organisés en confréries, espaces clef de rencontre et de solidarité entre maîtres.
Domiciliées dans des chapelles d’églises parisiennes, les confréries étaient des communautés de métiers où les membres s’entraidaient et organisaient de nombreuses activités communes.
Elles avaient deux objectifs officiels, selon Etienne Martin Saint Léon :
- ” Union de ses membres dans un même sentiment de piété pour prier Dieu et lui demander le bien moral et matériel des vivants et le bonheur éternel des morts”
- ‘l’établissement d’institutions charitables destinées à secourir les vieillards, les malades et les infirmes de la corporation.”
Elles disposaient de règles précises et étaient liés à un saint patron du métier. Officiellement, les confréries n’étaient réservées aux seuls membres des métiers.
Destinées aux relations entre les membres, les confréries devaient être distinguées de la corporation dans laquelle les règles organisant le métier et la profession étaient déterminées et contrôlées.
Elles apparaissent dés le Moyen Age et furent supprimées à la Révolution. Il semble en effet que les marchands de l’eau de Paris s’organisèrent les premiers en confrérie dans l’église Sainte Marie Madeleine, suivi de près par les drapiers dans la chapelle Saint Pierre de Sainte Marie l’Egyptienne en 1188.
Un espace de charité organisée suivant les métiers
Les œuvre de charité s’exerçaient de plusieurs façons :
Certains jours de l’année, les membres faisaient des jours particuliers dans l’année des aumônes en argent ou en nature.
Les dimanches et jours de fête, les orfèvres avaient coutume de ne laisser qu’un seul atelier ouvert. Les recettes du jour sont alors données pour organiser un diner pour les pauvres à l’Hôtel Dieu. Les dons peuvent être attribuées aux prisonniers du Châtelet et autres pauvres.
Dans d’autres cas, les actions de charité sont organisées pour aider les membres de la confrérie : la taxe à l’entrée de l’apprentissage des boucliers de fer est attribuée aux enfants pauvres du métier. Aussi, les prud’hommes doivent former des fils de maîtres tombés dans la pauvreté. On retrouve ces traits chez les tailleurs, cuisiniers qui attribuent une partie des amendes à ces œuvres.
Il arrivait aussi qu’une partie des ventes soit donnée pour acheter du blé.
Enfin, au XIVe siècle, les fourreurs de vair avaient organisé leurs propres indemnités journalières : 3 sous en cas de maladie et en cas d’incapacité de travail, 3 sous la semaine qui suivait. Cette assurance ne couvrait toutefois pas les blessures. Si un confrère ne s’acquittait pas de sa cotisation (10 sous et 6 denier lors de l’adhésion et 1 denier par semaine) plus de six semaines, il était déchu de ses droits.
Une évolution progressive s’éloignant de la charité ensuite
Les confréries prirent parti dans le conflit du début du XIVe siècle et se regroupèrent en fédération. Aussi, elles furent interdites en 1306. Toutefois, elles réapparurent progressivement pour retrouver leur place.
Plus tard, on leur reprocha de se limiter à des regroupements de confrères et de lieux de fêtes, s’éloignant de plus en plus de leur vocation d’origine.
Toutefois, elles se maintinrent jusqu’à la Révolution.
Un exemple de confrérie : les maîtres et marchands fruitiers, orangers, beurriers, fromagers et coquetiers
Cette confrérie dédiée à Notre dame de bonne délivrance, Saint Christophe et Saint Léonard, fut érigée dans une chapelle de l’église Saint Eustache.
En 1305, le pape Clément XI leur accorda des pardons et indulgences, reconnaissant ainsi les œuvres de “piété, charité et miséricorde” organisés par les membres de la confrérie. Les membres devaient en effet respectés des temps de prières :
- 1er dimanche de mai dédiée à Notre Dame de bonne délivrance pour la lutte contre l’hérésie, la conversion des hérétiques, et pour la paix entre les princes chrétiens,
- le 25 juillet pour la Saint Christophe
- le dimanche suivant la fête de la nativité de la Vierge le 8 septembre,
- le 6 novembre pour la Saint Léonard,
A chacune de ces occasions, mais aussi lors de messes dites dans leur chapelle, les confrères devaient faire œuvre de piété et de charité en logeant les pauvres, visitant les malades, faisant la paix avec leurs ennemis.
Régulièrement, la confrérie organisait des processions dans la ville en suivant le Saint Sacrement. Si un membre ne pouvait y participer, il devait réciter à genou les prières à l’intention des malades et confrères défunts.
Les membres de la confrérie devaient participer à la sépulture d’un des leurs.
Sources bibliographiques :
- Martin Saint-Léon, Étienne .Histoire des corporations de métiers depuis leurs origines jusqu’à leur suppression en 1791. Paris 1922
- Confrérie des maistres et marchands fruitiers, orangers, beurriers, fromagiers, et coquetiers, de la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris . Erigée en leur chapelle en l’église paroissiale de Saint Eustache, en l’an mil trois cent cinq
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