Les clubs de la Commune de Paris
Les clubs de la Commune de Paris, constitués avec la République, et au cœur des soulèvements à Paris de 1871.
Les réunions publiques autorisées à la fin du Second Empire
Peu de temps avant la défaite de Sedan en 1870 qui marqua la fin du Second Empire et la proclamation de la Troisième République, les autorités publiques autorisèrent les réunions publiques. En effet, en 1868, il fut autorisé de se réunir pour traiter de n’importe quelle question. Il fallait toutefois éviter les sujets politiques et religieux.
Pour se réunir, les bureaux devaient être constitués la veille au soir et permettre la présence de commissaire de police. Aussi, nombre d’assemblées, tout en évitant la politique, en profitèrent pour remettre en cause la société et son fonctionnement. Ainsi, la propriété individuelle, les bourgeois… faisaient partie de ces cibles de certaines de ces réunions.
Cette situation permit à certains clubs de 1848 de réapparaître. Des anciens des clubs du Conservatoire ou du Club des clubs allèrent aux réunions de la Redoute, du Pré-au-clerc, ou aux Folies Belleville.
La liberté revenue des clubs avec la République et des clubs actifs pendant le siège de Paris
Le 4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée. Les réunions publiques sont désormais totalement libres et se transforment en véritables clubs. Fini l’interdiction de parler de politique et de religion. Fini la présence du commissaire de police.
A partir du 17 septembre, Paris est soumise au siège de l’armée prussienne. Dans ce contexte, les théâtres sont fermés. Cette situation nouvelle libère des grandes salles, rapidement occupées par les clubs.
Les clubs prirent alors le nom des salles qu’ils avaient investi : le club des Folies Bergères, le club du Pré-aux-clercs de la rue du Bac, le club de la Reine Blanche, le club de la Porte Saint Martin… On trouva aussi le club du Collège de France, celui de l’Ecole de Médecine…
L’organisation des clubs en 1870
Ces clubs fonctionnaient avec des organisateurs. Toutefois, à chaque assemblée, le public élisait le bureau. Toutefois, dans certains d’entre eux, rapidement, il était élu sur la base de la proposition des organisateurs.
Cette situation permit en effet des situations surprenantes. Ainsi, dans le Club des Folies Bergères, pourtant très révolutionnaire, le bureau devint de plus en plus disparate, en raison de la présence toujours plus nombreuse dans l’assemblée de parisiens modérés. Ils devinrent même majoritaires… faisant fuir les partisans de la Révolution. C’est ainsi que le club des Montagnards installé boulevard de Strasbourg attira ces déçus.
En complément du bureau, des commissaires étaient désignés pour maintenir l’ordre. Certains employés tenaient la caisse : il fallait donner entre 10 et 50 centimes pour participer aux assemblées. Ainsi, on payait la location de la salle et les frais d’éclairage et de nettoyage.
A noter que la question de la gratuité fit débat. Ainsi dans le club Favié à Belleville, un débat fut ouvert sur ce thème. Il fut alors décidé que la participation aux frais serait ouverte sans être obligatoire. Il s’agissait de veiller à ce que tous pouvaient venir.
Des tribunes pour revendiquer et exposer ses idées… qui pouvaient se transformer en tribunal
Comme en 1848, les clubs envoyaient des délégués au Gouvernement. Celui-ci d’ailleurs les recevait souvent. Toutefois, en raison du nombre de clubs, les ministres ne tardèrent pas à nommer des délégués pour les recevoir. Puis, les communications se firent par articles de journaux.
Dans ce contexte, certains clubs n’hésitèrent pas à dénoncer certaines situations… comme des manques à la participation de quelques uns à la garde. Aussi, il arriva que des assemblées fussent transformées en tribunal. Le club de Belleville condamna à mort des « traitres ». Les participants devaient se charger eux même de l’exécution de la sentence. La délation était d’ailleurs dans certains clubs véritablement encouragée.
Dans d’autres occasions, cette activité était occupée par des présentations d’inventeurs de toutes sortes : celui du feu grégeois, ou de la fusée Satan pouvant détruire 60 000 prussiens par heure… Beaucoup rivalisaient d’imagination pour lutter contre l’ennemi.
L’art de la parole
Chaque club avait ses orateurs réguliers. Toutefois, certaines voulaient occasionnellement prendre la parole. La cause n’était pas aisée et le public était difficile. Il n’aimait pas les interrupteurs de séance.
Toutefois, des « professionnels » déambulaient de clubs en clubs pour s’exprimer… Ils savaient flatter le public : « Le monde a les yeux sur vous. Vous faites l’admiration de l’univers, et c’est Belleville qui sauvera l’Europe ». « Le peuple seul jouit du privilège de ne pas se tromper. »
Les clubs au cours de la Commune de Paris
L’insurrection de la Commune de Paris s’appuya fortement dans ces clubs. Les assemblées avaient été échaudées par la lutte contre les prussiens. Elles le seront contre les versaillais.
Dans la seconde partie de l’année 1870, suite à la montée en puissance dans les assemblées de parisiens partisans de Thiers, certains clubs ferment. Cela s’exprima quelque fois par la baisse de l’éclairage ou du chauffage, comme aux Folies Bergères en décembre 1870.
Cette situation aboutit à la radicalisation des clubs restés totalement révolutionnaires. Certains d’entre eux comme l’Elysée Montmartre ou la Reine Blanche étaient d’ailleurs totalement fermés. Ainsi, le club de la rue de Charonne organisait lui des réunions secrètes, afin d’assurer son fonctionnement.
Au début de l’année 1871, les clubs sont interdits par le gouvernement de Thiers. Les salles qui les hébergeaient sont fermées. Qu’à cela ne tienne ! Certains décidèrent de se réunir directement dans les boulevards ou dans les passages couverts.
Revendications, dénonciations furent au cœur des clubs durant le siège. Leur activité judiciaire fut aussi active, avec notamment la condamnation à mort de l’archevêque de Paris en mai 1871. Mais ils furent aussi le lieu d’expression des grandes idées de la Commune pour une démocratie la plus large, l’émancipation des femmes…