Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le chemin des ânes

Le chemin des ânes : une pierre avec une inscription si étrange que les académiciens ne purent comprendre …

 

Avec cet article, nous voici dans une véritable recherche archéologique menée pour comprendre l’histoire de Montmartre. Alors, comme nous le verrons, ce but fut atteint, mais le burlesque s’y rajouta.

 

La découverte d’une vieille pierre

Nous sommes en 1779. Poussé par la volonté de mieux comprendre les lieux, on faisait alors des recherches, se voulant archéologiques, en haut de Montmartre, tout près de la fontaine du But.

On y trouva une vieille pierre marquée par l’inscription suivante : I C ILEC HEM INDE SANES

Que pouvait-elle signifier ?

En vue de la comprendre et en espérant trouver une histoire fascinante à raconter – un but qui ne fut finalement pas manqué -, on fit appel aux académiciens des inscriptions et des belles lettres.

 

Tentatives de recherche d’explications

Ainsi que l’écrit le Monde illustré du 6 juin 1891, ces « Messieurs de l’Académie des inscriptions et belles lettres » se lancèrent dans des travaux très approfondis, avec moult commissions.

Toutes ces tentatives n’aboutirent pas. On pensa que l’inscription était écrite dans une langue ancienne. Mais les « savants du monde primitif » ne purent apporter des solutions

Finalement, on avait l’impression, de devoir déchiffrer des anciennes descriptions, avec la même difficulté que la compréhension des hiéroglyphes égyptiens ou l’écriture cunéiforme de Mésopotamie. On recherchait en quelque sorte, quoi avant l’heure, le Champollion de Montmartre.

 

Chute de cette histoire

Alors que les hommes savants cherchaient une explication, ainsi que le rapporte le Monde illustré du 6 juin 1891, « Un meunier de Montmartre, apprenant le cas, se présenta pour l’éclaircir »

On le laissa faire.

« Il étudia quelques instants l’inscription lapidaire, rassembla tout simplement les caractères et en forma les mots suivants : C’est ici le chemin des ânes. Cette pierre servait d’indication aux gens qui allaient, avec des ânes, chercher la farine aux moulins de la butte !
L’Académie se mordit les lèvres, Paris se roula de rire, et Montmartre demeura vexé. »

Le Petit Parisien du 31 mai 1885 propose une légère variante, quoique bien proche : « Enfin, un naturel de l’endroit, fatigué de voir tous les jours ces gens en lunettes, en extase devant sa pierre, finit par leur dire en haussant les bras.

– Mais, vous ne voyez donc pas ? Il y a : Ici le chemin des ânes ; C’est par là qu’ils allaient boire à la Fontaine-du-But ! »

 

Le vilain surnom des Montmartrois

Le Petit Parisien du 31 mai 1885 nous donne l’occasion d’approfondir sur cette thématique ânes

 

« À propos d’ânes, je dois avouer que les jaloux ont donné un vilain surnom aux Montmartrois. Ils les ont appelés les ânes de Montmartre !

Pourquoi ? Sans doute parce qu’autrefois on faisait sur la butte des parties à ânes comme on en fait encore sur les coteaux de Montmorency. Des animaux, le nom a passé aux habitants. Pas si bêtes que cela pourtant les Montmartrois. Une vieille anecdote le prouve : Un jour du temps que Montmartre était ville, un personnage important étant venu faire une visite au calvaire le maire de Montmartre le harangua. La harangue était longue et fatigante au gré d’un jeune seigneur qui crut l’interrompre en disant insolemment au maire : 

– Combien valent les ânes, par ici ! Quand ils sont gros et gras comme vous, mon sieur, de 20 à 30 écus, répliqua tranquillement le Montmartrois… Et il reprit sa harangue comme si rien ne s’était »

 

Sources bibliographiques :