Célébrations d’anniversaire de la République à la Statue de la République
Célébrations d’anniversaire de la République à la Statue de la République : lieu populaire et passage obligé pour les discours et les organisations sociales
La Statue de la République est un monument à part dans notre ville. Refuge aujourd’hui lors de temps difficiles, elle fut aussi un passage obligé lors de manifestations sociales. De ce fait, elle trouva une place particulière lors des célébrations d’anniversaires de la République, notamment dans le tournant entre le XIXe et le XXe siècle.
En 1892, Paris fête le centenaire de la République. Comme nous allons le constater, il s’agit non seulement d’un moment officiel pour les gouvernants ainsi que les organisations sociales, mais elle trouva une place de choix dans les attentions de la population.
La place de la République, lieu de manifestations d’organisations sociales et républicaines
Alors que le Gouvernement avait réservé sa cérémonie officielle au Panthéon, nombre d’organisations s’étaient déplacées, elles, sur la place de la République. La Nation, dans son édition du 23 septembre 1892 revient sur cette participation en force.
« De nombreux groupes et comités sont allés, dans la matinée, sur la place de la République, déposer des couronnes aux pieds de la statue.
Le premier groupe, qui est arrivé à dix heures, est le Cercle républicain des Ternes et de la plaine Monceau ».
A dix heures et demie, c’est la Famille des Proscrits de 1851 – 1858, deux cents membres environs, qui se sont donnés rendez-vous dans un café, rue de Bondy.
Aussitôt après, le comité socialiste révisionniste du douzième arrondissement, précédé des drapeaux de la Jeunesse patriotique et des Patriotes travailleurs du treizième arrondissement, défile devant la statue.
Enfin, à onze heures et demie arrive le groupe le plus nombreux. La Libre-Pensée du onzième arrondissement et le Comité central républicain socialiste du même arrondissement s’étaient donné rendez-vous sur la place du Trône, au nombre de 500 environ, précédés de la musique, la Moissonneuse, des trompettes, les Enfants de Ménilmontant et la société de gymnastique, le drapeau ; ils descendent le faubourg Saint Antoine jusqu’à la place de la Bastille dont ils font le tour, s’engagent sur le boulevard Voltaire jusqu’à la statue de Ledru Rollin. De là, le groupe se rend à la statue de la République, mais non sans passer devant la statue du sergent Bobillot, où le cortège défile en chantant la Marseillaise.
Arrivé sur la place de la République, les manifestants se groupent devant la statue. »
La Statue de la République, symbole devant lequel on dépose une couronne de fleurs et on lance des discours.
En effet, Lors de sa venue, le Cercle Républicain des Ternes et de la Plaine Monceau déposa au pied de la statue de Marianne, une « immense couronne en chêne naturel avec cette immense inscription : ‘A ceux qui ont contribué à la fondation de la République, à la gloire et à la défense de la patrie Française’ ». On posait aussi des palmes et d’autres couronnes de fleurs.
Mais on cause également devant la statue. Ainsi, le secrétaire de la Famille des Proscrits de 1851 – 1858, fait un rapide historique de cette organisation, devant 200 de ses membres. Une fois ses mots achevés, l’ensemble se met ensuite à entonner la Marseillaise et le Chant du Départ.
Le passage du groupe de la Libre Pensée et Comité central républicain socialiste du onzième arrondissement est également long. L’occasion est donnée pour « célébrer la victoire de Valmy et la proclamation de la République. »
La Nation rapporte : « Le citoyen Leroy parle au nom de la Libre-Pensée du onzième arrondissement, le citoyen Thiébaud pour le comité central républicain socialiste.
Enfin, M. Longuet, conseiller municipal de l’arrondissement, propose en attendant MM. Lockroy, député et Petitjean, conseiller municipal, qui sont au Panthéon, de faire une quête en faveur des grévistes de Carmaux, qui produit 21 francs.
Enfin, arrivent MM. Lockroy et Petitjean, qui prennent également la parole. »
La statue de la République, une figure également présente dans le cortège du centenaire
A l’occasion du centenaire de la République, c’est un grand cortège qui s’élance de la Concorde pour rejoindre la Bastille, en passant par la Madeleine, l’Opéra, les Grands boulevards, la place de la République.
La foule était venue en force pour admirer les gigantesques chars qui avançaient sur les boulevards. Leurs noms étaient grandiloquents : char du XVIIIe siècle (char des précurseurs de la Révolution), Char de la Marseillaise, Char du Chant du Départ, Char du Triomphe de la République…
Leur taille était impressionnante, et chacun nécessitait par moins d’une quinzaine de chevaux pour avancer sur le parcours. Génies, statues, figures les décoraient, avec à chaque fois une multitude de participants en costume pour chanter Marseillaises et chants républicains.
Sur le char de la Marseillaise, une statue de la République était en bonne place. Mais, comme vous allez le comprendre, elle n’était pas la figure pacifique avec son rameau d’olivier de la place de la République. La Croix rapporte le 23 septembre 1892 : « Une statue de la République brandissant un glaive et vociférant la Marseillaise, domine tout le char, tandis qu’au premier plan, une gloire couronne la statue de Rouget de l’Isle. »
La Statue de la République lors du cinquantenaire de la Troisième République
En 1920, Paris célèbre le cinquantenaire de la Troisième République. Toutefois, la ferveur et la grande fête qui avaient été vues en 1892 n’est plus véritablement là. Les autorités avaient réduit la voilure des manifestations.
Cependant, à l’appel de l’Union de la Jeunesse Républicaine de France, la statue de la République n’échappa pas à la célébration, ainsi que nous le détaille l’Ere nouvelle du 21 août 1920.
« Le 5 septembre, à 11 heures du matin, devant la statue de la République, des orateurs rappelleront l’œuvre de la République laïque, démocratique et sociale, après avoir déposée une palme devant la statue.
Le manifeste des Jeunesses se termine par ce vibrant appel :
« Républicains, venez en foule à ces manifestations, où par votre présence, vous témoignerez fermement l’intention de rester fidèle à un régime d’égalité sociale et de laïcité absolue. »
Sources bibliographiques :
- La Nation du 23 septembre 1892
- La Croix du 23 septembre 1892
- L’Ere nouvelle du 21 août 1920
- Illustration : le Char de la Marseillaise, illustration de la Croix du 23 septembre 1892 – Crédit BNF Retronews