Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les ceinturiers

Les ceinturiers, des spécialistes du cuir qui se disputèrent pour le choix du métal des boucles: fer ou étain.

 

Pour fabriquer des ceintures au Moyen Age, plusieurs métiers entraient en action :

  • les courroyers – ceinturiers
  • les boucliers,
  • les merciers.

Ces trois communautés se côtoyaient aux Halles  et vivaient à proximité.

 

Une profession qui se constitue au Moyen Age

Le Livre des Métiers d’Etienne Boileau donna des statuts aux courroyers ceinturiers en précisant le type de ceintures : ceintures de cuir, cousues en soie, ornées de clous et de plaques de métal. Les femmes des maîtres se chargeaient des coutures. 

En 1292, Paris comptait 81 maîtres, dont 3 étaient jurés et contrôlaient la communauté. 

 

En 1371, les statuts sont ajustés avec les modifications suivantes : 

  • 6 années d’apprentissage
  • droit de maîtrise de 3 sols pour la confrérie, le chef d’oeuvre et le consentement des jurés.

Les ceinturiers se devaient d’apporter un grand soin aux coutures en soie ou en laine, qu’ils réalisaient entièrement. En outre, il devait retenir les meilleurs cuirs et d’une seule pièce. Les clous devaient être de bon métal : en effet, interdiction de clous d’étain, de plomb, d’épeautre, d’arrète de poisson ou de bois. Enfin, les ceinturiers ne travaillaient jamais avec des moules à boucles et à fermoirs, qu’ils délaissaient pour une autre petite communauté : les ceinturiers – mouleurs de menus ouvrages d’étain. 

Trois jurés et un grand garde dirigeait la corporation.

 

En 1467, les ceinturiers furent placés dans la même bannière que les boursiers et mégissiers

 

Les réclamations des baudriers au XVe siècle

Dans la deuxième moitié, du XVe siècle, une dispute entre les ceinturiers et les baudriers occupa les tribunaux.

En effet, des ouvriers du cuir s’étaient installés comme successeurs des tassetiers, petit métier en voie de disparition alors. Ces baudriers fabriquaient des grandes ceintures en basane ou en cordouan, les deux qualités de cuirs existant à Paris. Ils utilisaient des pièces équivalentes, qu’ils pouvaient échanger avec les ceinturiers : les clous, agrafes, chaînette… 

Aussi, le prévôt de Paris, Jacques d’Estouteville, décida en 1486, qu’en raison de la grande proximité entre les ceintures réalisées par les deux communautés que les ceinturiers devaient accueillir en leur sein les baudriers. 

 

La lutte entre les ceinturiers de fer et les ceinturiers d’étain

Au XVIe siècle, les autorités de la ville imposèrent aux boursiers de s’approvisionner auprès des ceinturiers pour leurs objets de bouclerie. 

En 1551, une tentative de séparation de la communauté se produisit. En effet, des ouvrier utilisant l’étain, demandèrent à être érigé en métier juré propre. Toutefois, le prévôt de Paris refusa leur demande, tout en inscrivant véritablement leur spécialité dans les règlements de la corporation.

Cette démarche s’expliqua par le fait qu’une petite communauté, les ceinturiers de fer, avait réussi à s’établir en parallèle. Aussi, les ouvriers se disputaient les contrôles des marchandises entrant dans la ville. Aussi, le Parlement autorisé chacun d’entre eux, à désigner 2 jurés pour réaliser ces visites. 

La dispute se poursuivit ensuite avec la mode des ceintures, enjolivés de velours, de draps d’or et toile d’argent. Seuls les clous différaient : les uns en fer, les autres en étain.

Le Parlement dut une nouvelle fois intervenir en donnant aux ceinturiers de fer des statuts en 1595 et aux ceinturiers d’étain en 1598. 

Pour les premiers, l’apprentissage fut fixé à 3 ans, avec trois jurés. Ils dédièrent leur confrérie à Saint Jean Baptiste. 

 

Le déclin d’une profession à partir du XVIIe siècle

Il semble qu’au cours du XVIIe siècle, les deux communautés fusionnèrent. En effet, un seul métier n’est mentionné pour les unions des offices des jurés  : 1 800 livres à donner.

Le métier continue de décliner au XVIIIe siècle, de sorte qu’on les retrouve en 1776 avec les gantiers et les boursiers.

 

Sources bibliographiques