Les carrières de gypse du nord parisien
Les carrières de gypse du nord parisien étaient renommées pour la fabrication du plâtre de très bonne qualité
Pour construire la ville, les parisiens n’allèrent pas loin. Ils se rendirent sur les collines du nord de la Seine pour rechercher la pierre à plâtre. Pourquoi se priver ? L’île de France dispose en effet d’une des plus grandes ressources en plâtre du pays. Il était d’ailleurs de très bonne qualité.
Retour sur la géologie du nord parisien
Le nord parisien est célèbre pour ses collines. La première est bien sûr Montmartre, mais il faut compter également sur les Buttes Chaumont, Belleville et Ménilmontant…
Leur particularité et leur trésor : le gypse. Cette roche sédimentaire affleure presque sur ces collines. Aussi, On l’exploitait avec des carrières à ciel ouvert.
Cette pierre s’était formée par l’évaporation progressive de marais salant. Signe d’une étendue d’eau salée , qui progressivement à disparu sans apport d’eau nouvelle ! A Paris, le gypse se serait formé dans l’est de la France au Trias et aurait été apporté dans la zone du bassin parisien par l’érosion d’eaux de surface.
Composée de sulfate de calcium, elle se présentait à Paris en trois couches :
- la haute masse, située la plus sur les hauteurs et aussi la plus épaisse (jusqu’à 21 mètres)
- la seconde masse, sur 12 centimètres de hauteur
- la troisième masse, la plus profonde avec quelques mètres d’épaisseur.
Quel usage du gypse ?
Une fois chauffé et cuit, le gypse devient du plâtre. Une fois récolté, on le chauffait dans des fours à plâtre et ensuite on le vendait en ville.
Il pouvait aussi être exporté dans d’autres régions. En effet, considéré comme de très bonne qualité, il était aussi utilisé pour les sculptures artistiques, mais aussi les décorations d’intérieur. Avec ce plâtre on édifia ainsi les magnifiques plafonds parisiens du XVIIe siècle, avec leurs belles moulures.
L’exploitation des carrières de gypse
Le filon du gypse parisien est connu depuis les premiers temps de la vie parisienne. C’est à Montmartre que l’exploitation démarra.
Sous le contrôle de l’Abbaye de Montmartre, on creusait la montagne à côté des vignes et des moulins.
Ensuite, à partir du XVIIe siècle et surtout au XIXe siècle, les parisiens exploitèrent les carrières des Buttes Chaumont. Cette activité laissa des traces qu’on retrouvent embellies dans le parc des Buttes Chaumont. Un peu plus loin, les carrières d’Amérique furent exploitées au niveau du quartier actuel de la Mouzaïa. A Belleville aussi, on rogna sur la colline à la recherche de la fameuse pierre à plâtre.
Au pied de la butte Bergeyre, la rue des chaufourniers rappelle l’activité des fours à plâtre.
Dans la seconde moitié du XIXe siècles, les carrières fermèrent enfin. La Société plâtrière de Paris dut alors déménager vers les collines du nord est, vers Pantin, et ensuite en remontant la Marne.
L’exploitation de ces carrières ne fut pas sans risque. En effet, pendant longtemps, ces espaces connaissaient des risques d’effondrement. Aussi, la fermeture et le remblai des carrières étaient étroitement surveillées.
Sources bibliographiques
- Article sur la formation et la composition du gypse du blog La rue des lumières, consulté le 18 mars 2018
- Article du Plateau au hasard sur les carrières des Buttes Chaumont, consulté le 7 mars 2018
- Joanne, Adolphe. Les environs de Paris illustrés : itinéraire descriptif et historique. 1856.
- Sellier, Charles. Curiosités du vieux Montmartre : les carrières à plâtre. 1893.