La butte Saint Roch en 1600
La butte Saint Roch en 1600 : encore en dehors de la ville, mais touchée par ses activités comme ses troubles
Au XVIe siècle, les faubourgs commençaient à arriver sur la butte Saint Roch. Là, on avait d’abord installée deux petites chapelles, grâce à la générosité de marchands de porc. Puis en 1582, une première église Roch fut édifiée.
Cet espace, hors de la ville était donc rattrapé par Paris. Edouard Fournier dans son Paris démoli revient sur cette histoire.
Les cabarets de la Butte Saint Roch et Ravaillac
Tout d’abord, le lieu au début du XVIIe siècle était celui des cabarets. Ici, les taxes n’étaient pas les mêmes et les parisiens appréciaient y aller, en sortant de la ville.
Parmi ces cabarets, un a marqué plus particulièrement les mémoires : les Trois Pigeons. Il se situait juste en face de l’ancienne église Saint Roch. Fournier rapporte que c’est là que Ravaillac vint trouver un logement en 1610. A ce moment là, Paris était rempli de personnes venues d’ailleurs pour les festivités du sacre de la reine et de son entrée royale. Il avait cherché en vain un hôtel autour de la porte Saint Jacques puis Saint Honoré. Finalement, il s’installa là, sur la butte Saint Roch. Il y partit le 14 mai pour rejoindre la rue de la Ferronnerie.
Ce qu’il s’y passa resta dans l’histoire : il tua Henri IV.
Des petits frondeurs à la Fronde
Au cours du XVIIe siècle, des petits garçons jouaient en bande au bas de la Butte Saint Roch. Là, ils s’exerçaient avec leurs frondes. Comme on peut l’imaginer, les policiers venaient souvent les poursuivre. Un autre jeu s’installait. En effet, comme le rapporte Fournier, dés qu’un archer ou un sergent arrivait sur les lieux, toutes les bandes se volatilisaient, « comme des volées d’hirondelles ». Bien dés qu’il avait tourné le dos, tout le monde réapparaissait.
A cette époque, Mazarin rencontrait des difficultés avec le Parlement de Paris. Il fallait en effet qu’un prince soit présent dans les assemblées pour que les critiques ne soient pas exprimées trop fortement. Aussi, un jour que le duc d’Orléans était présent au Parlement, un des membres s’aperçut de ce jeu : il l’appela la Fronde, en pensant aux jeunes frondeurs de la Butte Saint Roch. Il dit alors : « On se tait à présent ; mais quand il sera parti, on frondera de plus belle ». Rapidement, cette remarque circula en ville.
Le marché aux chevaux et la place ducale
A partir de 1605, on installa le marché aux chevaux sur un terrain occupé aujourd’hui par les rues d’Antin, Louis le Grand et des petits champs. En effet, avec les travaux réalisés pour construire la Place des Vosges, on dut alors trouvé une nouvelle place pour ce marché.
Aussi, après avoir été hébergé dans une partie du jardin de l’ancien Hôtel des Tournelles, le marché aux chevaux se tint entre 1605 et 1687, là, au pied de la Butte Saint Roch.
L’endroit était alors désert. En outre, cet espace clos était considéré comme très pratique pour tenir des duels. Ici le duc de Nemours perdit la vie dans le duel l’opposant au duc de Beaufort, à la suite d’une rixe dans un cabaret du jardin des Tuileries.
A noter que l’emplacement du marché aux chevaux donna des idées à Richelieu. En effet, le ministre souhaitait se faire réaliser une belle place, en prolongement de son palais. A l’image des places royales, elle devait s’appeler place ducale . Toutefois, ce projet ne survécut pas à la mort de son instigateur. Le cardinal espérait également y loger les membres de l’Académie.
Décidemment, après avoir été chassé pour réaliser la place royale, devenue la place des Vosges, il faillit laisser sa place pour la place ducale…