Le brouillard de janvier 1910
Le brouillard de janvier 1910, quand Paris est dans la brume et que les baromètres annoncent le beau temps…
Janvier 1910 ! Cette date rappelle bien sûr la grande crue centennale. Depuis de nombreux mois, la France est prise dans une avalanche de pluies. Elles traînent en longueur, comme en témoignent l’automne très pluvieux gorgeant les sols. Elles s’accompagnent également de moments plus violents, avec des orages, des tempêtes…
Aussi, après avoir fêté la nouvelle année, les parisiens supportent plus ou moins les caprices de la météo. Voici que pour les premiers jours de l’année, Paris est recouvert d’une véritable brume.
Que se passe-t-il encore ?
Un temps en contradiction totale avec les baromètres d’alors
Tout d’abord, ce temps est bien bizarre. Voici ce qu’écrit le 6 janvier 1910, le Matin :
« Depuis trois jours, tous les baromètres : baromètres enregistreurs, baromètres à mercure, baromètres anéroïdes, marquent sans aucune défaillance : beau fixe. L’aiguille barométrique reste stationnaire : 775 millimètres de mercure. Le ciel est cependant gris »
Le journaliste continue : « Un brouillard opaque, une brume épaisse a envahi les rues, se glisse dans les maisons, nous enveloppe d’une enveloppe ouatée toute chargée de vapeur d’eau.
Avant-hier, une pluie fine et continue est même tombée pendant la plus grande partie de la journée, obligeant les promeneurs à ouvrir leur parapluie. ».
« Il fait un temps abominable, disent les parisiens, non sans raison, et les baromètres ne savent plus leur métier… »
Grâce au directeur du Bureau central météorologique, nous pouvons en savoir davantage : « Les parisiens ont raison, nous dit le savant directeur du Bureau central météorologique, M. Angot. Il fait décidément mauvais. Mais le baromètre n’a pas tort.
Il s’agit en toute chose de s’entendre. Les baromètres indiquent la hauteur de la pression atmosphérique, et nullement la pluie, le vent ou le beau temps. Toutes les indications imprimées autour des cadrans n’ont aucune valeur scientifique. »
Au moins, nous voyons plus clair dans ce qui relevait d’unevéritable énigme scientifique.
Un temps humide qui se réchauffe les premiers jours de l’année 1910
En effet, pour ce début 1910, les parisiens doivent faire face à une ambiance très humide. Toutefois, il ne fait pas trop froid alors à Paris, comme le rapporte l’Action française du 2 janvier 1910 :
« Dans la région parisienne, la température s’est élevée un peu également par rapport aux jours précédents. Le ciel est resté couvert et brumeux. Comme un brouillard n’a cessé de rendre la journée de l’an chagrine et maussade. Les menaces de pluie avec de très insignifiantes averses n’ont pas discontinué. »
Le journaliste conclu : « Il semblerait que l’année 1910 débute dans l’humidité. » Il ne croyait pas si bien dire !
Poursuite des craintes sur le niveau de la Seine
Avec cette pluie, tout le monde surveille le niveau de la Seine. Ainsi, que l’explique le Soleil du 4 janvier, « les riverains de la Seine étaient assez inquiets de la crue du fleuve ».
Toutefois, suivant les jours, les nouvelles alternent entre inquiétude et apaisement. En effet, le 1er janvier, le Soleil rapporte que la Marne et le Grand Morin débordent. De ce fait, la Seine devrait continuer à monter. Mais, le même journal indique le 4 janvier que la Seine diminue de nouveau.
Des bateaux parisiens qui circulent comme ils peuvent
En ce début du XXe siècle, les parisiens traversaient Paris grâce à un service très développés de bateaux sur la Seine.
Bien sûr, ce service dépendait des conditions de navigation. Dés que la Seine était élevée, difficile de passer sous les ponts.
Dans ce contexte, le Soleil du 1er janvier,indique que « depuis avant-hier, les bateaux parisiens des lignes Auteuil-Charenton, et Auteuil-Hôtel de Ville cessent leur service à partir de sept heures du soir »
Le brouillard perturba aussi cette circulation, comme l’indique le Petit Parisien du 4 janvier : « Par suite du brouillard, les bateaux parisiens ont du cesser leurmarche, hier après midi à cinq heures. »
Quelle drôle d’année ! En tout état de cause, la météo reste très mauvaise.
Sources bibliographiques :
- Le Soleil du 1er janvier 1910
- L’Action française du 2 janvier 1910
- Le Soleil du 4 janvier 1910
- Le Matin du 6 janvier 1910