Les boursiers
Les boursiers, ou comment fabriquer, d’abord, des petits sacs à la ceinture, pour se diversifier ensuite… vers les culottes en cuir.
La bourse, petit sac à la ceinture
Au Moyen Age, la bourse était le petit sac que portait à la ceinture les bourgeois. Ils y plaçaient leur monnaie pour sortir. De l’argent mais pas seulement ! On pouvait y mettre aussi des sceaux, des papiers, des livres de messe, des objets de toilette. Bref, un petit sac bien pratique !
Les bourses pouvaient être en cuir, en étoffe, en velours, en moquette, en serge. Elles étaient simple ou ornées de broderies.
Les boursiers au Moyen Age réalisaient bourses et gibecières
Les boursiers se chargeaient de leur fabrication. On les retrouve dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau. Le métier valait en cette fin du XIIIe siècle 16 deniers et était placé sous l’autorité du maître des sueurs ou des cordonniers.
La Taille de Paris de 1292 recense 45 maîtres boursiers.
Les statuts des boursiers sont renouvelés en 1323 par le prévôt de Paris, Jehan Loncle. A cette date, les boursiers sont autorisés à faire des bourses de lièvres et chevrotin, fourrées de mouton (ou dans l’autre sens), mais aussi des gibecières de lièvre ornées de soie. Suivant le client, ils pouvaient rajouter des perles et des pierres. Toutefois, du fait de leur activité, ils se trouvaient dans de nombreux cas en concurrence avec des merciers mais aussi des ouvrières travaillant les broderies à l’aiguille.
Charles VI reconnait, en 1344, la confrérie des faiseurs de bourses. Revendiquant une origine bretonne, elle fut dédiée à Saint Brieuc. Cette association, dont la cotisation annuelle coûtait 12 deniers, se chargeait uniquement de l’organisation de messes, pour les morts ou les vivants.
De nouveaux statuts sont donnés en 1489. On y parle de nouveau de la qualité des bourses : elles pouvaient être en chevrotin, garnies et brodées de soie. Les gibecières faisaient toujours parties de la production des boursiers.
A cette date, il est fait mention de l’interdiction pour un maître de détenir plus d’un ‘ouvroir’, soit une boutique, pour vendre sa production. Deux jours exceptionnels étaient reconnus : la Sainte Geneviève et le jour de l’an.
Les tassetiers, concurrents directs éphémères
En 1344, le prévôt, Guillaume Gormont, donna aux tassetiers leurs propres statuts.
Ces derniers fabriquaient des tassettes, objets en cuir qui ressemblaient beaucoup aux bourses. Pour les faire, ils utilisaient peau de veau, de vache, de chevrotin, de lièvre. Les doublures étaient en cuir différents ou en soie. Les boucles de fer utilisés devaient être de la meilleurs qualité et seuls les boutons de soie ou d’or étaient acceptés.
Toutefois, ce métier ne dura que peu de temps. Aussi, en 1486, des ceinturiers se revendiquant comme leurs successeurs, obtinrent l‘autorisation de réaliser tous leurs objets.
A partir du XVIe siècle, les boursiers élargissement progressivement leur production vers d’autres vêtements
Lors de l’entrée royale d’Henri II en 1549, Paris comptait 30 boursiers.
Les statuts sont une nouvelle fois revus en 1572.
On précise alors notamment le chef d’oeuvre attendu : 5 pièces !
- une bourse ronde à carrés de cuir garnis de pendants
- une bourse de velours brodée d’or et d’argent, avec pendants, crépines et boutons,
- une gibecière maroquin avec fer et ressort doublée de soie,
- une gibecière maroquin à fer cambré,
- un collet de maroquin à usage d’homme bien taillé.
Louis XIV confirma les statuts en 1659, tout en repositionnant bien les frontières avec les gantiers, peaussiers et tailleurs.
L’union des offices des jurés coûta aux boursiers 3 000 livres. Il leur fallu rajouter 6 000 livres pour l’union des offices des inspecteurs en 1745.
A partir du XVIe siècle, les boursiers fabriquèrent également des vêtements en cuir. D’abord le collet. Mais on lui rajouta progressivement les caleçons au XVIIe siècle. Ainsi, on leur rajouta le nom de culottiers.