Les bourreliers
Les bourreliers fabriquaient des harnais. Ils vécurent longtemps, au calme, sous le contrôle des selliers… avant de prendre leur indépendance au XVIe siècle
Les bourreliers, un métier du cuir et du cheval
Aux selliers, la fabrication des selles, aux bourreliers celles des harnais, des licols ! Bref aux premiers, les équipements nobles pour l’équipement des chevaux ! Aux seconds la production moins valorisée.
Métier calme, il fut sous l’influence et la supériorité des selliers. Toutefois, leur fabrication ne connut que très peu de variation dans la mode aux cours des âges et se maintenu sans de difficulté majeure entre le Moyen Age et la Révolution.
Au Moyen Age, les bourreliers, un métier sous influence des selliers
Du fait de leur spécialité, on se doute qu’on retrouve les bourreliers dans les statuts regroupés dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau.
En 1351, une ordonnance rappelant l’ensemble du périmètre du monopôle des bourreliers en fixant leur prix :
- colliers de limon
- colliers de trait
- avaloires,
- fourreaux de trait…
C’est en 1404 que les relations entre les selliers et les bourreliers furent inscrites dans leurs statuts :
- chef d’oeuvre : harnais de limon complet avec collier, sellettes et tous les accessoires,
- prix du métier : 10 sols pour le roi et 6 sols à partager entre la corporation et la confrérie
- confrérie : installée à Saint Eloi, sous le patronage de Notre Dame.
Pour les carrosses des principaux seigneurs, les bourreliers fabriquaient les lanières, traies, courroies.
Le cuir utilisé était choisi avec soin : cordouan à l’extérieur et basane à l’intérieur. Les brides étaient réalisées en cuir de Hongrie ou de boeuf de très bonne qualité.
Les bourreliers prennent leur indépendance à la fin du XVIe siècle
En 1582, les bourreliers disposent de nouveaux statuts, totalement autonome :
- 4 ans d’apprentissage,
- chef d’oeuvre : harnais de limon complet.
A partir de 1657, les jurés sont réduits à deux.
Les bourreliers payèrent cher les taxes des unions des offices :
- 10 000 livres pour l’union des offices des jurés, 8 800 pour celles des trésoriers et 10 000 livres pour celles des contrôleurs des poids et des mesures autour de 1700
- 1 900 livres pour l’union des contrôleurs et des gardes archives et 15 000 livres pour celles des inspecteurs des jurés en 1745.
et affirment leur position forte au milieu du XVIIe siècle
En 1745, les bourreliers souhaitèrent valoriser leur maîtrise dans l’art d’utiliser le cuir de Hongrie, perçu comme un des meilleurs. Aussi, ils tinrent à ce que le titre de hongroyeurs fut davantage mis en avant (bien qu’il soit déjà présent dans les statuts de 1582). La corporation déposa alors à déposer sa marque officielle au Châtelet : collier de trait en forme de lyre et une sellette ornée de gros clous avec des lettres à chaque coin.
On imagina que cette revendication ne laissa pas de marbre les selliers. Toutefois, la profession était alors bien installée avec 4 jurés, 43 anciens jurés, 101 maîtres, 73 jeunes maîtres, 10 veuves d’anciens et 257 maisons de bourreliers.
En 1762, ils firent don au roi de 6 000 livres pour ses expéditions de marine. Faut-il y voir un lien mais en 1763, ils obtinrent du roi l’autorisation de produire la fourniture des toiles et tentures des deuil ou de couleur, privilèges que jalousaient jusqu’alors selliers et fripiers.