Le bandagiste Charbonnier
Le bandagiste Charbonnier : expert réputé pour ses ceintures contre le mal et ses bas de contention du XIXe siècle.
Bien que nous intéressant aux magasins de nouveautés de la rue Saint Honoré, notre regard s’est arrêté sur les publicités d’un commerçant bien particulier : Charbonnier. Installé au 233 rue Saint Honoré, tout près de la place Vendôme, Charbonnier était un bandagiste herniaire. Aussi, ce vendeur de produit médical, destiné à soigner et soulager les hernies recourait à certains codes de nos magasins de nouveautés.
La seringue de Charbonnier
En 1837, il s’installe au 347 de la rue Saint Honoré, « pour cause d’agrandissement » comme publié par le Constitutionnel du 22 mai 1837. Là, il pose les valises pour la confection de sa « seringue plongeante », détenteur du brevet correspondant.
Cette seringue était un bon argument de vente pour Charbonnier en cette fin des années 1830. Aussi, on trouve la poursuite de cette communication, en annonçant en 1838 la sortie d’un nouveau modèle, muni d’un jet continu. Elle était même mise en avant comme « supérieure en son genre ».
La distribution d’autres innovations médicales
Outre les seringues qu’elle produit, la maison Charbonnier profitait aussi de son lieu de vente pour distribuer d’autres innovations médicales. Ainsi, nous découvrons dans la Presse du 4 mars 1843, également la commercialisation d’un autre produit : « l’irrigateur, du docteur Eguisier pour les maladies de femmes ». « Cet appareil fonctionne seul : il n’y a qu’à le placer sur la table de nuit et à ouvrir un robinet. On peut prendre des injections, lavements, irrigation, seul dans son lit, sans se mouiller et sans se déplacer ». Cette étonnante machine était proposée à 22 francs garanti.
Profitant de sa bonne localisation et de sa renommée, Charbonnier devint avec le temps, « le principal dépositaire des irrigateurs », ainsi que le proclame le Tintamarre du 17 août 1856.
En 1847, Charbonnier distribuait également une clysette, un instrument utilisant une poire à injection pour réaliser des petites injections. On pouvait aussi trouver d’autres pompes avec des prix allant de 5 à 20 francs.
Les ceintures de Charbonnier
En 1852, Charbonnier proposait un autre instrument : la ceinture hypogastrique, « à l’usage des femmes, destinée à soutenir dans les cas de relâchement des ligaments abdominaux. » « Préventive et curative, elle remplit le but désiré par le médecin, sans être comme celles connues jusqu’à ce jour, gênante pour la malade ». Elle était aussi « d’une pression douce sur les parois abdominaux, recommandée par les médecins ».
L’année suivante, Charbonnier continua d’améliorer son produit, tout en proposant à ses clients de réparer les ceintures usées.
En 1863, notre bandagiste poursuit l’élargissement de sa gamme. Il s’agit, comme le signale une réclame publiée dans le Moniteur universel du 5 juin 1863, de « ceintures pour monter à cheval ». On pouvait trouver aussi dans le magasin des « bas et genouillères, syphons et appareils, cornets acoutisques… »
Il propose ensuite également des ceintures « contre le mal de mer », réputée pour reprendre le « système Jobard », en n’hésitant pas à distribuer un manuel décrivant ce terrible mal et l’usage des ceintures comme « moyen préventif ».
Des axes de communication : de la publicité à la présence aux expositions universelles
Pour assoir sa renommée, Charbonnier recourait largement à la publicité dans les journaux de son temps. Sur ce point, il prenait certains codes des magasins de nouveautés. Ainsi, par exemple, on pouvait lire dans la Gazette du 18 novembre 1861, qu’il vendait le « meilleur et le meilleur marché » des bandages.
En outre, il se mettait en avant comme un expert et inventeur… approche professionnelle alors à la mode, en ce milieu du XIXe siècle. Cela lui permettait de renforcer la qualité de ses produits, dont il était pour certain le créateur.
Enfin, Charbonnier participait activement aux différentes expositions organisées à Paris à cette époque. On le retrouve par exemple dans le catalogue de l’Exposition universelle de 1867. Voici quelques extraits : « Charbonnier, bandagiste à Paris, fabrique de bandages herniaires imperceptibles, bas, genouillères élastiques, expert pour les appareils compressifs comme moyen de contention et parfois de guérison pour les hernies inguinales et ombilicales ; il les approprie heureusement à tous les besoins, en les rendant commode à porter sans que jamais ils puissent exercer une compression fatiguante. Il a fait de leur confection une spécialité importante, et les soins qu’il apporte à son art lui ont valu une réputation bien méritée. M. H. Expositions 1839 – 44 – 49 – 51 – 55 – 1867, groupe II, classe II. »
Sources bibliographiques :
- Le Constitutionnel du 22 mai 1837
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 24 décembre 1837
- Le Constitutionnel du 8 mai 1838
- La Presse du 4 mars 1843
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 9 avril 1847
- Le Constitutionnel du 15 mai 1852
- L’Assemblée nationale du 18 novembre 1853
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 20 novembre 1853
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 14 janvier 1854
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 20 juin 1854
- Le Constitutionnel du 26 avril 1856
- Le Tintamarre du 17 août 1856
- La Gazette de France du 18 novembre 1861
- Le Moniteur universel du 5 juin 1863
- Le Moniteur universel du 7 juin 1863
- Le Moniteur universel du 14 août 1864
- Le Temps du 7 novembre 1866
- Le Journal des débats politiques et littéraires du 26 juillet 1867
- Le Figaro du 1er novembre 1867