Le bal du moulin de la Galette
Le bal du moulin de la Galette : quand les parisiens dansaient tous les dimanches tout en haut de Montmartre.
Quelle histoire que celle du Moulin de la Galette ! Cette institution de Montmartre s’était développée au pied de deux moulins. Leurs propriétaires au XIXe siècle, les Debray comprirent qu’il était plus intéressant de les utiliser en guinguette que pour moudre du grain.
Un moulin devenu guinguette
Ces paysans profitèrent des nombreux promeneurs venus profiter des hauteurs de Montmartre pour leur vendre des rafraichissements. Avec le temps, le pain de seigle se transforma en galette et le verre de lait en vin blanc.
Mais le grand coup de génie des Debray fut le bal. Il faut dire qu’un de leurs étaient un grand amateur de danse. Aussi, il se décida dans les années 1830 de donner des cours de danse dans sa guinguette.
Progressivement, de plus en plus de monde vint profiter des joies des galops et autres danses que les parisiens du XIXe siècle adoraient.
Ambiance au bal du Moulin de la Galette.
Quoi de mieux pour percevoir l’ambiance dans ce bal que des témoignages ! Bien sûr, les danseurs du XIXe siècle ne sont plus la depuis longtemps. Mais grâce à la presse, il est encore possible de les relire. Extrait de l’Intransigeant du 28 mai 1882 :
« Dimanche dernier, je fus au bal. Au bal du Moulin de la Galette.
J’y suis allé – avec deux copains, le grand gros X… tavernier du diable, et le gros petit B… librettiste et dominotier, l’un barbu, enluminé, ventru comme un moine de Rabelais ; l’autre chauve comme un œuf et jauni, comme un vieil ivoire.
Je l’adore moi ce bastringue, avec sa grande salle rectangulaire, au plancher ciré, tout luisant – son orchestre aux trombones beuglants, aux glapissantes flûtes – ses couples juvéniles tournoyant dans la valse, sautillant dans la polka, se déhanchant dans le quadrille ; – ses tables ou d’autres amoureux consomment la main pressant la main avec tendresse, le classique saladier de vin sucré ou des absinthes auxquelles la fadasse addition de l’orgeat donne une teinte maladive, chlorotique, une verdeur blafarde ou une blancheur verdâtre – la couleur des faces de noyés…
J’aime ce moulin – « fondé (sic) en 1295 » – et son jardin montueux, et son vertigineux « point de vue » d’où tout le vaste tas de pierre Paris se découvre ; sa reproduction enfantine de la prise des Buttes par les alliés, et se chevaux de bois, qui « sans espoir de foin » accomplissent « leurs galops ronds » et son Tir historique, et sa galette enfin, exquise, bien faite avec « du beurre dedans » – car le Moulin de la Galette n’est pas de ces établissements à la menteuse enseigne, qui induisent en erreur les naïfs. Non, au Moulin de la Galette – il y a de la galette. C’est pour cela même que les patrons en gagnent. La probité dans le commerce. Tout est là »