Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le bal des ardents

Le bal des ardents, lorsque le roi Charles VI déguisé manqua de périr brûlé à Saint Paul avant de devenir fou

 

Nous sommes en 1393. L’hiver est installé depuis longtemps sur les rives de la Seine en ce 29 janvier.

 

Festivités pour le mariage d’une dame de la reine

Toutefois, la foule n’hésite pas à sortir pour se masser devant l’hôtel de la Reine Blanche, à côté de l’Hôtel Saint Pol.

En effet, les grands seigneurs du royaume présents à Paris s’y étaient donné rendez-vous pour une grande fête. Chacun arrivait sur son destrier, portant ses armoiries. En croupe, leurs épouses en tenue de gala les accompagnaient.

Ce jour de la Saint Marcel, la reine, Isabeau fêtait le mariage d’une de ses dames. On avait pour l’occasion retenu la grande salle de l’Hôtel de la Reine Blanche, que Saint Louis avait fait construire. Huit colonnes soutenaient la voûte de ce grand espace de réception. Pour souligner l’éclat de la fête, chacun des seigneurs avait envoyé ses écussons, pour qu’ils soient suspendus sur le mur.

La journée fut marquée par une messe mais aussi des tournois. Une fois tous ces moments festifs passés, le souper fut servi, précédent le bal.

 

Un bal interrompu par 6 satyres

Les musiciens prirent place à un bout de la salle, sur une tribune. Le trône était décoré d’or et de satin bleu fleurdelisé. « Montjoie Saint Denis », le devise du roi était affiché au milieu de la Seine.

Vers minuit, lorsque les cloches de l’église Saint Médard, la reine fit son entrée. Cependant, le roi se faisait attendre. A lui revenait l’honneur d’ouvrir le bal.

Tout d’un coup, six personnages apparurent : Déguisés en satyre, ils portaient des torches.

C’était en effet une idée d’un écuyer de la reine, Huguet de Guisay. Proche du roi, il était coutumier de nombreuses distractions, plus ou moins scandaleuses. Ainsi, le roi, le comte de Joigny, le bâtard de Foix, Aimery de Poitiers, Nanthouillet et Huget de Guisay s’étaient déguisés et masqués. Pour ce faire, ils avaient revêtu une toile couverte de résine sur laquelle de la laine, du crin et de l’étoupe avaient été dispersés.

L’assemblée fut aussitôt amusée par l’apparition. Le roi se rapprocha de la reine, seule dans la confidence. Toutefois, par précaution, on avait interdit dans la salle toute torche.

 

L’accident et le bal des ardents

Le frère du roi, Louis d’Orléans entra à son tour dans la salle. Toutefois, prenant une torche d’un de ses valets, il se rapprocha des hommes costumés. Le feu prit aussitôt, embrasant cinq des six. En effet, le roi s’était séparé avant. Il fallut toutefois que la duchesse de Berry le protégea de sa robe pour qu’il ne s’embrase pas à son tour. Il parvint à se défaire de son costume. 

Parmi ses autres compagnons d’infortune, seul Nanthouillet survécut, après s’être plongé dans une cuve d’eau dans les cuisines. Joigny mourut aussitôt, le batard de Foix et Aimery de Poitiers deux jours plus tard, et Guisay le troisième jour.

 

La nouvelle se répandit dans la ville. Aussi, les oncles du roi, les ducs de Bourgogne et de Berry se précipitèrent à l’Hôtel de la Reine Blanche. Plus de cinq cents parisiennes arrivèrent devant le palais. Il fallut que le roi se présente au balcon, sous le dais royal, pour calmer les craintes.

 

Sources bibliographiques :