L’arène du Combat
Le Combat, arène édifiée vers la Révolution pour des spectacles d’animaux tour à tour autorisés et interdits.
La place du Colonel Fabien (19e arrondissement) a une forme bien particulière ovale qui rappelle celle des arênes pour les courses landaises et camarguaises de taureaux tels qu’on les trouve dans le Sud de la France, et pour cause !
Une place dont l’origine vient d’une arène
Depuis la construction du mur des Fermiers-Généraux de 1789, la place est située jusqu’en 1904 sur le boulevard de la Villette, elle porte alors le nom de Place du Combat, avant de prendre en 1945 le nom du Colonel Fabien (Pierre George °1919) colonel grand résistant et FFI mort au combat en 1944.
Le nom ancien lui vient du “Combat de Taureau”. Ce terrain vague était délimité par les rues de Meaux, de Chaufourniers et de l’avenue Mathurin-Moreau. Il s’y élevait une arène populaire et mobile.
A cet endroit à partir de 1778, on donne des combats d’animaux, deux fois par semaine quand ceux-ci cessent d’avoir lieu en bordure de la rue de Sèvres. Interdites sous l’Ancien Régime mais pratiquées dans les Landes et en Camargue, les courses de taureaux se développent à Paris peu avant la Révolution Française qui, elle, va les légaliser en France.
A proximité de cette arène, fut installée une barrière du mur des Fermiers généraux : la barrière du combat
Des courses de taureaux aux portes de Paris
Le 14 avril 1781, le Journal de Paris annonce : “Grands combat d’animaux féroces et courses de taureaux à l’espagnol suivi d’un taureau mis à mort par les toréadors tel que se spectacle se fait en Espagne,(…) On commencera à cinq heures.”
Le lundi 16 avril, on annonce un taureau de “fuego” :” le taureau sera carapaçonné d’artifices” (comprendre de feu d’artifices, ndlr). Spectacle apprécié et populaire alors, régulièrement interdit (sous l’Empire et en 1833 par exemple) et régulièrement autorisé.
En 1840, la commune de Belleville prenait un pourcentage sur les spectacles pour ses pauvres. La barrière était percée de deux portes au Nord par la Barrière de la Boyauderie, au sud par la Barrière du Combat de Taureau, avec une guérite et un bâtiment surmonté d’un dôme. Les deux furent détruites lors des combats de 1870-71.
Fin d’une arène
A partir de 1850, la place du Combat est délaissée et de nouvelles arènes “rondes” sont construites dans Paris, selon la mode espagnole qui plaît à l’Impératrice Eugénie de Montijo.
D’après Delvau, ces combats auraient interdit à Paris à partir de 1883.
On y trouve aujourd’hui le bâtiment remarquable, siège du Parti communiste, dessiné par l’architecte de Brazilia et du Volcan au Havre, Oskar Niemeyer (1907-2012) et le designer français Jean Prouvé (1901-1984).
Sources bibliographiques :
- Hillairet, Jacques. Dictionnaire historique des rues de Paris, article “Place du Colonel Fabien”, Editions de Minuit, Paris.
- Bénezit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 6, Paris, éditions Gründ, janvier 1999,p. 339-344.
- Delvau, Alfred. Histoire anecdotique des barrières de Paris