Les archiers et les artilliers
Les archiers et les artilliers, une profession qui sut s’adapter à nombre d’avancées technologiques des temps mais qui fut stoppée par le Colbertisme
Comme on peut s’en douter, pour une ville, d’autant plus capitale, la production d’armes est une activité stratégique. Aussi, pas étonnant de la trouver au fil des âges.
Les archiers au Moyen Age, installés près de la porte Saint Lazare
Cité dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau, les archiers vivaient dans la Ville, sur la rive droite, à proximité de la porte Saint Lazare. Ils fabriquaient leurs arcs à partir de bois et de cornes et leurs flèches avec des plumes d’oiseau. Faisaient partie des grands métiers privilégiés, ils étaient exemptés du guet et des impôts.
Selon la Taille de Paris de 1292, Paris disposait alors de 3 arbalétriers et de 8 archiers.
Les artilliers, une nouvelle corporation du début du XVe siècle, en pleine guerre civile
Un nouveau métier, les artilliers alors ? Pas si sûr ! En effet, ces marchands d’armes voient au XVe siècle arriver une grande quantité d’armes fabriquée en dehors de la ville. Nous sommes alors en pleine guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons, période pendant laquelle Paris est au coeur des rivalités au plus près du roi. Aussi, en 1411, Charles VI publie un lettre patente organisant la corporation avec ses statuts.
Activité très sensible, les artilliers se voient également exemptés d’impôt et de guet en 1441.
Les statuts du milieu du XVe siècle
En 1443, les statuts sont renouvelés, concernant les artilliers mais également les archiers, arbalétriers :
- le maître artillier est un fabricant d’arc, de flèches et d’arbalètes,
- Le métier s’achetait à 4 livres, 40 sols au roi, 20 sols à la confrérie, 20 sols aux jurés.
- La confrérie était basée à Saint Jacques de l’Hôpital, sous le patronage de Saint Denis,
- Deux jurés étaient élus.
- Confirmation du privilège d’exemption d’impôts.
L’élargissement aux nouvelles armes du XVIe siècle
Ces statuts furent renouvelés sous Henri III en 1575, dans lesquels on y rajoute les nouvelles armes du temps : piques, lances, bâtons à deux bouts, hallebardes. Les bois à utiliser sont alors précisés : noyer, cormier, frêne, sapin, poirier.
Toutefois, dés la publication de ces textes, les artilliers tentèrent d’en obtenir de nouveaux pour réglementer la fabrication des arquebuses, armes à feu. Aussi, de nouveaux statuts sont publiés en 1576 précisant les modalités de production de la poudre : les artilliers se rajoutent alors un nom, les arquebusiers.
La profession rentre alors dans la famille des ouvriers de métal et les maîtres doivent alors leur marque déposée au Châtelet. Il est à noter qu’à l’époque, il fut autorisé aux futurs acheteurs de fusils de tester leur trouvaille dans le magasin de l’artillier arquebusier.
Au XVIIe siècle, les arquebusiers sont autorisés à organiser chaque dimanche des concours de tirs, dans les fossés de la porte Saint Antoine.
Le déclin d’une profession à partir du milieu du XVIIe siècle
Les artilliers étaient donc une profession qui évolua avec son temps, et il n’est pas surprenant que les meilleurs canons étaient fondus à Paris. Toutefois, les manufactures royales établies en province, voulues par Colbert, leur retirèrent leur suprématie, si bien que leur activité se réduisit vite dans la seconde moitié du XVIIIe siècle à la production de la poudre à feu.
Aussi, la profession ne fut pas concernée par les taxes exceptionnelles du début et de la moitié du XVIIIe siècle.