L’approvisionnement avant le siège de 1870
L’approvisionnement avant le siège de 1870 : contrôle de la viande et récupération des récoltes extérieures !
Comment se préparer face à l’arrivée d’une troupe ennemie décidée à installer un siège ? Quelles décisions furent prises en urgence par les autorités en 1870 ?
Voici quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre à la lumière des communications officielles relayés par le Petit Journal.
Tout d’abord, rappelons que le temps de préparation de ce siège fut particulièrement court. En effet, entre le 4 septembre 1870, date de la proclamation de la République et l’installation du gouvernement de défense nationale continuant le combat et l’encerclement de la ville le 18 septembre suivant, c’était particulièrement court.
Bien sûr, tant que les réseaux de communication que ce soient les bateaux et le train pouvait fonctionner, Paris accumula dans ses ports et ses entrepôts les provisions qui arrivaient de l’extérieur.
Mais comme nous allons le voir, la pression concerna principalement la viande, mais aussi la récupération de récoltes encore à l’extérieur de la protection des murailles.
Le retour de la taxation de la viande
Les régimes précédents à la IIIe République avait retiré la taxe de la viande, pourtant élément clef de l’octroi aux barrières de Paris.
Cette décision fut mise en application dès le 12 septembre. Elle visait à bien repositionner les lieux de vente de la viande, tant en amont pour l’approvisionnement des bouchers qu’au détail auprès de la population parisienne.
L’enjeu était de contrôler cette production, afin de limiter la spéculation sur les prix, la qualité des produits vendus (en séparant bien par exemple les os de la chair) et dans un contexte de maîtrise de l’hygiène.
Pour s’assurer de la bonne application de ces mesures, les ventes des bestiaux devaient être réglées devant un représentant de l’administration. En outre, les produits vendus devaient être affichés, à côté du décret dans le local du boucher.
Dans les jours qui suivirent, les prix pratiqués furent annoncés. Impossible de spéculer sur la viande… enfin tant qu’il y en avait !
La récupération du gibier dans les forêts autours de Paris
Afin de concentrer les forces et les armes pour le conflit, le gouvernement de défense nationale rendit interdit la chasse à compter de mi-septembre.
Cependant, rapidement, des bruits évoquèrent la présence nombreuse du gibier dans les forêts aux alentours. Certains parisiens se désolaient que les Prussiens puissent profiter de cette profusion, ce d’autant qu’il était aussi prévu d’incendier les forêts. Aussi, des chasseurs furent envoyés pour prélever le plus possible de gibier et le rapatrier en ville.
« M. le ministre des finances a autorisé M. Révoil, fondateur du Journal la Chasse illustrée, à recueillir, morts ou vivants, les gibiers à poil ou à plume des forêts de Rambouillet, Compiègne, Saint-Cloud, Versailles, etc.
Les chasses ont été aussitôt organisées, et bientôt, avec l’aide des gardes forestiers, cailles, perdrix, faisans, lièvres, chevreuils, etc. sont arrivés et emmagasinés dans les caves de l’Elysée.
Les faisans vivants sont placés dans une des cours du Palais.
Les daims et les chevreuils parqués dans la vaste pelouse du jardin, non loin des vaches laitières arrivant de Villeneuve – l’Etang.
Avant-hier encore, on a abattu 600 pièces dans les bois et le, parc de Trianon. Elles sont transportées Halles centrales et vendues comme le reste, au profit de la nation. »
Récupération des récoltes encore sur pied
En cette fin d’été, il restait dans certains champs des pommes de terre, dans les alentours. On envoya des gardes et des hommes pour les récupérer, avant l’arrivée des Prussiens.
« Les opérations du titrage et de la révision, qui devaient avoir lieu à l’hôtel de ville (salle Saint-Jean) pour les jeunes gens inscrits dans la mairie du 19° arrondissement de Paris et dans les cantons de Courbevoie, Neuilly, Pantin et Saint-Denis, auront lieu à partir du mercredi 14 courant, à la mairie du quatrième arrondissement, dans la salle du deuxième étage (entrée par la place, porte à droite). Dans plusieurs communes des environs de Paris, les récoltes de pommes de terre n’ont pas été faites, et il importe de les soustraire à l’ennemi.
Toute personne, hommes ou femmes, actuellement sans ouvrage, peut en conséquence se présenter aux mairies de la banlieue de Paris, notamment à Asnières, à Gennevilliers, à Saint-Denis, et offrir ses services soit à titre gratuit, soit moyennant rétribution. On demande aussi des voitures pour enlever les récoltes ou meules. »
Sources bibliographiques :
- Le Petit Journal du 14 septembre 1870
- Le Petit Journal du 15 septembre 1870
- Le Petit Journal du 16 septembre 1870
- Illustration : emmaganisage des farines aux Halles extrait du Monde illustré du 10 septembre 1870 – Crédit BNF Retronews