Anecdotes des rues autour de la place des Victoires
Anecdotes des rues autour de la place des Victoires, renvoyant aux rapports face à la pauvreté au XIXe siècle
Pendant longtemps, le quartier autour de la place des Victoires s’appelait Montmartre. En effet, il était parcouru par la rue Montmartre qui conduisait à la célèbre butte, en passant par la porte Montmartre.
Pendant très longtemps enfermé par la muraille de Charles V qui arrivait de la porte de Saint Denis en suivant le tracé actuel de la rue d’Aboukir, ce quartier était « un véritable repaire de gueuserie » comme le rapporte Talleyrand dans ses historiettes. La pauvreté y était donc très présente.
Pour découvrir un peu plus cette histoire, découvrons avec Edouard Fournier les anecdotes autour des rues de ce quartier, comme il les expose dans ses Enigmes des rues de Paris.
La rue de la Jussienne et les Cours des miracles !
Cette rue portait le nom d’une église : la Jussienne ou Sainte Marie l’égyptienne. Ici était établi également un « repaire de gueux » : la Cour Jussienne. La place était d’ailleurs proche de ce que certains appelèrent la grande Cour des Miracles, située approximativement entre les rues Damiette et Thévenot.
D’autres racontèrent, comme Antoine Furetière dans son Roman Bourgeois que « quand il semblait utile d’écumer la ville un peu la ville, c’est de ce côté qu’on venait faire rafle de vauriennes et de vauriens », en reprenant l’expression de Fournier. D’après lui, on les envoyait à la Salpêtrière ou voire au Canada… Horrible histoire !
La rue Saint Joseph et son cimetière
Dépendant de l’église de Saint Eustache, les parisiens y avaient établis une église et un cimetière : Saint Joseph. C’était là qu’on avait enterré Molière.
Fournier raconte qu’un hiver, sa veuve y avait sur la dalle de la tombe une cinquantaine de fagot. Mais ce n’était pas véritablement pour fleurir la sépulture. En effet, le bois était destiné à être repris par les nombreux pauvres qui vivaient dans les rues aux alentours.
Avant d’être dédiée à Saint Joseph, la rue s’appelait auparavant celle du Temps perdu. Pour Fournier, cela renvoyait à l’ensemble du quartier : « habitudes de la population fainéante ».
Mais bon, ce n’était pas la seule rue à avoir un nom comme cela : on y trouvait aussi la rue du Bout du Monde, tout près de la muraille.
La rue Breneuse (devenue ensuite du petit reposoir) et celle Vide Gousset évoquaient les immondices…
La butte de Bonne Nouvelle sur un tas d’ordures
La partie du quartier allant au-delà de la rue de Cléry est davantage en pente. L’origine de cette butte était tout sauf naturelle. En effet, c’était ici à la fin du XVIe siècle un « énorme amas d’ordures de toutes sortes entassées là par vingt générations ».
En effet, non loin des portes de Paris, les parisiens avaient pendant laissés leurs détritus s’amassés : c’était le cas également de la butte Saint Roch, au-delà de la porte Saint Honoré, celle du Jardin des Plantes derrière la porte Saint Marcel. L’étymologie de la rue Mouffetard vient de ce fait. Il provenait des mauvaises odeurs, les mouffettes, qui se dégageaient de ces boues
De ce fait, la butte de Bonne Nouvelle s’appelait auparavant la butte Mouffetard.
Pas surprenant de trouver dans le quartier, une rue dédiée à Saint Fiacre, le « patron du fumier » et patron des jardiniers.
Aussi, il fut bien difficile de faire venir une population autre que très pauvre lorsqu’on construisit le quartier. Pour cela, Louis XIII attribua un privilège de travailler librement et publiquement. Cet avantage attira vite les ouvriers du meuble, qui étaient déjà très serrés dans le faubourg Saint Antoine.