Anecdote du financement des travaux du Louvre par Louis XIV
Anecdote du financement des travaux du Louvre par Louis XIV : quand on paya les maçons sur le dos des poètes.
En 1855, Edouard Fournier décrit l’ancien Paris, qu’on démoli alors pour réaliser les grands travaux d’Haussmann. Il revient sur une histoire anecdotique, contée notamment Laplace dans le Recueil des pièces intéressantes.
Un paiement semblant anecdotique
Un jour, dans cette deuxième partie du XVIIe siècle, Boileau se rendit au trésor royal, afin de toucher sa pension. Le document qu’il présenta au commis indiquait : « La pension que nous avons accordée à Boileau, à cause de la satisfaction que ses ouvrages nous ont donnée… ». Répondant au commis, Boileau indiqua qu’il s’agissait d’ouvrages de maçonnerie. Aussitôt, le commis rajouta dans son registre : « Payé à Boileau, pour ouvrages de maçonnerie… »
Toutefois, Boileau était davantage poète que maçon. Pour quelles raisons ce grand auteur du XVIIe siècle s’était présenté pour être payé comme tel ?
Lancement des travaux du Louvre par Louis XIV
En 1661, Louis XIV venait de signer le traité des Pyrénées. La paix entre la France et l’Espagne est véritablement formalisée. Aussi, pour le monarque français, le temps est venu d’installer l’avènement de la paix. Il peut ainsi, lancer un grand projet : l’achèvement du Louvre.
C’est alors, qu’on proposa au roi les plans de la grande colonnade du Louvre, en face de Saint Germain l’Auxerrois.
Le roi ambitionnait alors de faire rejoindre totalement le Louvre aux Tuileries des deux côtés. De cette manière, on pourrait ériger au centre une grande place, appelée la place Bourbon. Cependant, Louis XIV se détourna de cette ambition pour se concentrer sur l’achèvement du Louvre.
Détournement des fonds des poètes
Après la présentation de ces travaux, Fournier revient sur le caractère malicieux de Colbert. Il indiqua que pour limiter les dépenses, le ministre eut l’idée de payer les maçons avec le budget dédié aux poètes.
Le roi, tout pris par ses ambitions de palais, accepta la proposition de son ministre. Aussi, les poètes reçurent un édit stipulant que dorénavant les maçons auraient aussi le droit à une partie de leurs privilèges.
De ce fait, rapidement, circula dans tous Paris des poèmes évoquant ces plaintes de baisses de pension. On peut citer notamment la plume de M. de Cailly :
Tant pour vous que pour ses maçons,
Le Louvre n’a qu’un même fonds ;
Mais ils ont le pas aux recettes,
Ne soyez pas tant effrayés,
On satisfera les poètes,
Quand les maçons seront payés.
L’édit indiquait que dorénavant les hypothèques littéraires seraient ajournées sur une plus longue échéance : 15 mois au lieu d’un an. Cette modification fit écrire à Corneille les lignes suivantes, dans le recueil du Portefeuille de J B Rousseau :
Grand roi, dont nous voyons la libéralité
Montrer pour le Parnasse un excès de bonté
Que n’ont jamais eu tous les autres,
Puissiez-vous, dans cent ans, donner encore des lois,
Et puissent tous vos ans être de quinze mois,
Comme vos commis font des nôtres.
Sources bibliographiques
- Fournier, Édouard. Paris démoli (Nouvelle édition revue et augmentée. 1883.
- Laplace. Recueil des pièces intéressantes. Tome VIII