L’ancien clos de vigne de Lamarck
L’ancien clos de vigne de Lamarck : dernier vestige de la viticulture Montmartroise, disparu autour de 1880 !
Montmartre et sa vigne !
Avec le Clos Montmartre et ses fêtes des vendanges, il est possible de revivre un peu du pittoresque de la butte. En effet, c’était une terre de vin, avant même les cabarets. La colline n’était pas du reste la seule dans ce cas. Dés que la pente se prononçait un peu autour de Paris, on y avait planté de la vigne, avec certaine renommée comme à la Goutte d’Or au Moyen Age et à Suresnes plus tardivement. Le Paris historique, même avait eu ses propres clos.
Cependant, avec la proximité d’une telle ville à proximité, le besoin d’espace pour construire se faisait toujours plus fort. Aussi, la vigne reculait… toujours plus fortement au cours du XIXe siècle, jusqu’à disparaître. Ainsi, la vigne existante aujourd’hui rue Saint Vincent n’est pas d’origine. Elle fut même le fruit d’un retour.
Toutefois, grâce à René Salomon, auteur d’un article dans la Revue de Viticulture de décembre 1933, nous allons pouvoir revenir sur le dernier clos sur les pentes de Montmartre.
Un clos sur les pentes Nord
Alors que la vigne avait principalement prospéré sur pentes Sud de la butte Montmartre, profitant, de ce fait, de davantage de chaleur, le côté Nord avait représenté, pour elle, une protection face à l’avancée de la ville. Le terrain n’était pourtant pas facile. Le gel si désastreux pour les récoltes menaçait.
Notre clos se situait dans un espace compris entre les rues Lamarck et des Grandes Carrière dans une forme faisant penser à un trapèze.
« Son contour se retrouve aujourd’hui sur le plan entre les rues Damrémont, Lamarck, Eugène Carrière et Felix Ziem. »
En tout état de cause, le clos fut arraché dans les années 1880, laissant lui aussi la place à des immeubles.
Un vin réputé ?
Dans son article, René Salomon rapporte une étonnante anecdote concernant l’écrivain Philibert Audebrand. En effet, un jour, un de ses amis, originaire du Sud-Ouest et donc amateur de vin, lui rendait visite. Il profita de l’occasion pour lui servir un verre.
« Comment trouvez-vous celui-là ? dit-il.
Excellent ! D’où vient-il donc ?
Mais d’en face, répondit Audebert, en montrant le clos voisin ; vous voyez bien, cher ami, que l’on peut faire du bon vin partout. »
Certes, le parisien est chauvin !
L’organisation d’un clos montmartrois
L’histoire de ce dernier clos nous donne l’occasion de revenir davantage sur les caractéristiques de ces clos.
En effet, les viticulteurs du cru préféraient le recours au Morillon. Ce cépage de type Pinot noir, était plutôt hâtif, permettant de réaliser des vendanges pas trop tardives. Dans une région où la belle saison n’était pas toujours régulière, cela apportait la garantie de pouvoir du raisin mûr.
Ensuite, on plantait les vignes en foule, avec des échelas… à la champenoise en quelque sorte. Il fallait se protéger des maladies et éviter que le vent ne porte trop comme s’il y avait des rangs.
A noter enfin que le sous-sol était calcaire (avec de nombreux gisements de gypse), facilitant les infiltrations d’eau.